Dans un livre récent : « Le temps de l’Afrique », Jean Michel Severino et Olivier Ray changent notre regard sur l’Afrique subsaharienne. L’impression d’impasse se transforme en une représentation positive : apparition d’une croissance économique substantielle gagée sur un grand potentiel démographique et des ressources clé. Une profonde transformation socio culturelle est en cours, entre autres, un dynamisme renouvelé du christianisme et de l’islam. Voici une vision nouvelle pour l’Afrique.

 

 

                Le monde se transforme à vive allure. En une décennie, la mondialisation s’est imposée. Encore nous faut-il reconnaître cette dynamique de changement et la paysage qu’elle a engendré et qui ne cesse de changer (1).

                On a appris peu à peu à découvrir le rôle majeur de grands pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Brésil. L’Asie est désormais au centre du jeu. En regard, la situation de l’Afrique est effectivement difficile. Selon l’image que  nous en donne les médias, l’Afrique paraît condamnée à la pauvreté, voire menacée par la misère et le chaos. Elle suscite la commisération. Cette image s’est installée au cours des dernières décennies. Elle est entretenue par l’attention portée aux malheurs qui affectent certains pays africains. La crise africaine suscite de nombreuses actions humanitaires, mais elle engendre globalement le découragement. Or, la mobilisation des énergies requiert une perspective d’avenir.

                C’est cette perspective que nous apporte Jean-Michel Severino et Olivier Ray dans un livre récent : « Le temps de l’Afrique » (2). À partir d’une analyse historique, sociologique, économique, démographique, ils nous montrent qu’au  cours de la dernière décennie, la conjoncture de l’Afrique subsaharienne a changé et que le continent africain a de grands atouts en sa faveur. Au cours des prochaines décennies, il devrait devenir un des pôles du nouveau monde. À travers une analyse rigoureuse, un exposé accessible et bien conduit, chapitre après chapitre, ce livre démonte les préjugés et les stéréotypes, et, surtout, il ouvre sans cesse des horizons. Ainsi apparaît une vision nouvelle. Notre regard n’est plus le même avant et après  cette lecture. À chaque pas, on perçoit la pertinence de l’analyse et le changement qu’elle introduit dans notre perception de la réalité. Pour tous ceux qui aiment l’Afrique, cette lecture est un moment de bonheur, car elle montre les voies  à travers lesquelles les africains, après avoir subi, peuvent devenir acteurs et partenaires dans le nouveau monde en gestation.

                Rappelons au départ que cette analyse s’applique à l’Afrique subsaharienne, conçue comme « l’espace qui se situe au sud du Sahara : pays du Sahel, de la Corne de l’Afrique, d’Afrique de l’Ouest, centrale et australe, l’île de Madagascar, l’île Maurice et les Comores ». Face à une extrême diversité, le choix est conforté par « l’analyse des mutations convergentes qui affectent cette géographie improbable et qui caractérisent le moment qu’elle traverse. Leur socle commun est le séisme démographique qui secoue les sociétés africaines » (p. 15).

 

 

Share This