L’inculturation comme trajectoire kénotique des églises émergentes à Montréal, par Pierre Lebel

Introduction

Le contexte de mon mémoire est la postchrétienté, « la défunte chrétienté », selon Jacques Grand’Maison, dont il s’« inquiète des modes religieuses ou pastorales anti-intellectuelles, et tout autant du retrait et de l’enfermement dans des bulles religieuses hors du pays réel.[1] » En ce qui concerne le mouvement évangélique, c’est celui-ci qui a fait revivre le protestantisme au Québec francophone au cours des cinquante dernières années pour en devenir la figure principale. Le Québec de mon enfance était hermétiquement catholique. Tout a basculé lors de la « Révolution tranquille et de l’ouverture québécoise à un monde international autre que celui du catholicisme romain[2] », au courant des années 1960. Presque du jour au lendemain, le Québec s’est modernisé par la volonté d’un état qui a repris de l’Église les domaines de l’éducation, de la santé et des services sociaux qui, jusqu’ici, lui appartenaient selon une tradition multi-centenaire. L’ouverture au monde propulsée par EXPO 67 a laissé, au Québec, la porte grande ouverte aux nouvelles idées — philosophiques, politiques, spirituelles et religieuses. Les missionnaires évangéliques en ont aussi profité, tout comme l’ont fait les adeptes des spiritualités orientales et du Nouvel Âge sans parler des nombreuses autres voix et mouvements d’ordre social et politique. Le Québec est devenu dès lors une société pluraliste.

On pourrait comprendre l’évangélicalisme comme l’expression (l’Américanisation ?)
contemporaine de la chrétienté du fait qu’il poursuit une ecclésiologie de la sortie du monde fondée sur le

salut personnel et la multiplication d’une culture religieuse mise en place par l’implantation d’églises locales à la mesure de la province comme fin en soi, et sur la création d’une société alternative, parallèle et en marge du monde. Pourtant, cet empressement n’a pu retarder la venue de la postchrétienté au Québec. Sans éclairer davantage ma pensée, je comprends la postchrétienté comme étant l’amalgame de « quatre phénomènes historiques que sont la sécularisation, la laïcité, le postmodernisme et la postsécularité qui sont devenus, à bien des égards, le terroir culturel, social et politique actuel dans le contexte particulier du Québec tout comme c’est le cas ailleurs et différemment dans les autres pays de l’Occident.[3]» C’est en prenant conscience de l’écart entre leurs églises et la société que des chrétiens se sont inspirés du mouvement des églises émergentes dans les pays anglophones[4] et ont créé de nouvelles communautés afin de vivre, interpréter et exprimer

leur foi en réponse aux questions existentielles du temps présent. Comme l’écrit Grand’Maison :
Rien ne sert de céder à la nostalgie des triomphes de la chrétienté d’hier. Il n’est pas nécessaire d’être un grand nombre comme dans la grosse Église de la défunte chrétienté. La modeste semence évangélique d’une bonne nouvelle pour notre temps peut se transmettre par un petit nombre de chrétiens convaincus et engagés qui s’investissent dans l’exploration et l’expérimentation d’une pensée et d’une pratique chrétienne crédibles et pertinentes aux yeux de leurs contemporains. Il peut en sortir une Église autre, qui, d’ailleurs, est déjà à l’œuvre aujourd’hui.[5]

J’ai documenté l’historique des églises émergentes à Montréal dans le deuxième chapitre de mon mémoire[6]. Presque aucune des églises mentionnées n’existe aujourd’hui, bien que l’amitié demeure entre plusieurs de leurs membres et que la foi est toujours présente, même
si elle se fait parfois discrète. Il ne faut pas oublier que l’expression la plus simple de l’Église est quand deux ou trois se réunissent « en son nom ». Toutefois, ces chrétiens ont ouvert une réflexion renouvelée avec de nouvelles références[7] sur la foi, l’Église et leur relation avec la culture et la société. Depuis, de nouvelles expressions de l’émergence de l’Église — celle-ci étant plus large que le mouvement qui porte ce nom et qui a légitimé leur quête — poursuivent aujourd’hui ce courant de questionnement et d’exploration théologique et de pratiques spirituelles au Québec.

Le lieu de l’Église est le monde

 Ayant brièvement situé le contexte actuel de la société québécoise et des églises évangéliques et émergentes sur son territoire, je poursuis ma réflexion pour montrer comment ce mouvement de l’Église en émergence peut être considéré comme une initiative d’inculturation de la foi dont la kénose est l’élan. Elle aura comme effet de transformer la structure traditionnelle de l’Église rassemblée et, conséquemment, le ministère pastoral puisque l’Église devient, dans sa restructuration, l’Église envoyée et, par le fait même, dispersée.

Dans un premier temps, j’affirme que le lieu de l’Église est le monde, là où le Père a envoyé son Fils et, celui-ci, ses disciples.

L’Église encourage l’avancée vers l’inculturation par la présence engagée de ses membres dans les sphères culturelles et sociales du monde postchrétien. Le monde est le lieu où le Père a envoyé Jésus et où Jésus a, à son tour, envoie ses disciples (Jn 17,18 ; 20,21). À l’instar de Jésus, le lieu de l’Église est le « vrai monde » (Marti et Ganiel[8]), car c’est notre monde à tous. L’appartenance première des chrétiens se trouve dans leur humanité commune avec tous les êtres humains et elle se vit dans le cadre de la Création à l’intérieur duquel ils partagent ensemble la responsabilité de la gouvernance du monde (Gn 1,28). C’est cela
l’appartenance de l’Église au monde. C’est l’une des raisons pour laquelle les Églises émergentes encouragent leurs membres à participer, selon leurs dons, aux côtés d’autres citoyens aux sphères culturelles et sociales où s’exerce la gouvernance en vue du bien commun.[9]

J’écris ailleurs que « l’histoire de l’Église est ancrée dans l’histoire du monde et ne peut alors s’en dissocier.[10]» Quel est donc le monde dans lequel le Père a envoyé Jésus ? Il s’agit premièrement d’un monde politique. Jésus est né à Bethléem du fait que « César Auguste ordonna un recensement de toute la terre ». Puis il est devenu, avec sa famille, un réfugié en Égypte « car Hérode chercha à le faire périr. » Deuxièmement, ce monde se souciait lui aussi de l’économie. Jésus a contribué aux besoins de sa famille en étant que charpentier aux côtés de son père et a vraisemblablement repris la direction de l’entreprise familiale après son décès. Il a fréquemment enseigné à propos de l’économie. Il a notamment exhorté ses disciples à prêter sans intérêts et à ne pas amasser des trésors sur la terre. Jésus s’est aussi inscrit dans le monde des arts en contant des histoires — ses fameuses paraboles — dont un grand nombre a été conservé dans les Évangiles. Les arts populaires se limitaient à l’époque à raconter des histoires et à chanter le soir autour du feu. Mais Jésus, brillant conteur, attirait des foules venues de Jérusalem et de la Judée pour l’entendre dans un amphithéâtre au flanc d’une montagne en Galilée. Enfin, Jésus était un homme enraciné dans la culture traditionnelle. Il participait aux évènements qui marquaient la vie sociale dans son village et ses environs. Un jour, invité à un mariage, il a généreusement contribué à la célébration en offrant un vin de qualité en abondance.

La nécessité de l’inculturation

La mission de l’Église ne peut se limiter qu’au monde géographique d’un territoire, « à Jérusalem, en Judée et jusqu’aux extrémités de la terre », comme le font les empereurs conquérants, tel César Auguste, pour qui l’esprit et le but sont la domination et la possession de celui-ci sans égard pour les particularités du monde culturel de ses habitants. Selon la perspective de l’inculturation énoncée par Achiel Peelman, « le lieu de la proclamation, de la réception et de la transmission de la Bonne Nouvelle est la culture du monde spécifique au temps et au contexte particulier[11]  de celle-ci.» Qu’est-ce donc que l’inculturation ?

L’inculturation est un concept au cœur de la missiologie catholique contemporaine et son programme de nouvelle évangélisation. Il se rapproche du concept protestant de contextualisation qui lui est complémentaire. Il est largement reconnu que c’est le Père général des Jésuites, Pedro Arrupe, qui, à l’époque, a donné son envol au concept d’inculturation dans une lettre de 1978. Selon lui, l’inculturation est l’incarnation de la vie et du message chrétiens dans une aire culturelle concrète, en sorte que non seulement l’expérience chrétienne s’exprime avec les éléments propres à la culture en question (ceci ne serait encore qu’une adaptation superficielle), mais aussi que cette même expérience devienne un principe d’inspiration, à la fois norme et force d’unification, qui transforme et recrée cette culture[12].

La particularité du mot « inculturation » est son association immédiate avec l’incarnation au cœur de la culture et la transformation de cette culture par le message chrétien. Pour Hervé Carrier, l’évangélisation est aussi celle des cultures et non seulement des personnes.

Par une sorte de maturation théologique et pastorale, les chrétiens sont désormais conscients que l’évangélisation des cultures est directement liée à l’avenir de l’Église dans le monde. En effet, si le message du Christ s’arrêtait à la périphérie des cultures et des mentalités actuelles, l’Église prêcherait dans le désert, l’évangélisation aurait épuisé sa capacité régénératrice dans la société moderne.[13]

Par l’évangélisation des cultures, Carrier entend des mentalités et des comportements collectifs qui contribuent à la création d’une nouvelle culture, car « la culture est la frontière
décisive de la pénétration évangélique.[14]» Il insiste sur le fait que l’homme est un être culturel[15]. Carrier fait aussi valoir que c’est au sein d’une culture particulière que s’est réalisée « l’Incarnation du Verbe divin »[16]. Dans mon mémoire, je propose que :

L’inculturation signifie la participation culturelle et citoyenne des membres d’une Église dans la vie, les projets et les débats de société à laquelle ils appartiennent, en cohérence avec leurs convictions religieuses. Pour vivre, interpréter et exprimer la foi et les valeurs chrétiennes au sein d’une société postchrétienne, croyants et communautés chrétiennes doivent s’inculturer. Ainsi, les Églises pourront être présentes dans le monde et pertinentes dans leurs propositions comme dans leurs actions. C’est alors que la foi chrétienne pourra éventuellement être partagée et reçue, permettant ainsi aux chrétiens de contribuer au développement de la société en vue du bien commun comme expression du règne de Dieu dans le monde, sans quoi l’inculturation demeure incomplète.[17]

Enfin, « l’inculturation représente l’acte décisif de la contextualisation, c’est-à-dire de faire sien l’environnement culturel particulier tout en conservant son identité, sa foi et ses valeurs propres[18] », et ainsi contribuer à sa transformation en vue du bien commun et de  l’épanouissement de ses citoyens (human flourishing[19]) tout en priant et en espérant que certains puissent aussi saisir le sens du message évangélique et de la réconciliation spirituelle qui en est la source. La transmission de la foi se réalise ainsi par le biais de la culture comme elle se fait auprès des particuliers.

 

La kénose comme élan d’amour de l’inculturation

Pour entrer dans le monde, nous dit Ph 2,6-8, le Christ s’est humilié, « s’est dépouillé » (du verbe grec kénoô, κενόω, kénose, employé à ce seul endroit du NT), de son plein gré de la gloire qui était sienne avant la fondation du monde (Jn 17,5) afin de « prendre une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme (…) se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix ». Imaginé, en cette période de pandémie, travailleur essentiel et indispensable à la santé de l’humanité, Jésus inverse la distanciation : il se « distancie » de son lieu principal et familier, la sainteté et la sécurité à l’écart du monde, pour se rapprocher de l’humanité malade, et ceci au risque de sa propre santé, et de son bien-être, sa sainteté étant dès lors compromise. La mission chrétienne a comme fondement la kénose, car, sans dépouillement, l’inculturation est hors d’atteinte. La kénose est le principe qui pousse l’Église à être au diapason de la culture afin de rendre la foi pertinente, car, sans inculturation, il ne peut y avoir de renouveau ni de réforme. Je pose donc la question qui suit :

Si, de sa naissance à sa mort, l’Incarnation du Christ dans le monde a comme premier et dernier mouvement la kénose, et si Jésus envoie ses disciples dans le monde comme le Père l’a envoyé, faisant ainsi de la kénose le modèle du témoignage de ses disciples et de son Corps terrestre (Jn 17,18 ; 20,21), les Églises doivent se demander si elles ont suivi ou non cette même trajectoire, si elles lui ont emboité le pas en faisant du dépouillement continuel leur leitmotiv, leur principe fondamental en réponse au Christ.[20]

La postchrétienté, comme « kénose involontaire et humiliation traumatique[21] », le confirme en négatif : Cette kénose a rattrapé les Églises alors qu’elles auraient dû l’initier.

L’inculturation kénotique insiste sur le fait que la spiritualité la plus profonde et authentique doit être celle qui nous permet de vivre pleinement notre humanité à l’image du Christ aux côtés de nos contemporains, dans les sphères culturelles, sociales et politiques qui nous sont communes. Pour ce faire, les Églises n’ont pas d’autre choix que de se défaire de certaines traditions et structures associées à la chrétienté. Juan Carlos Scannone, formule cette pensée ainsi :

La réforme de l’Église selon l’Évangile […] vise à ce que l’Église renonce à son autoréférentialité et s’éloigne kénotiquement d’elle-même pour la mission que lui a confiée le Christ. Elle est le peuple de Dieu envoyé à tous les peuples de la terre et à chacune de leurs personnes, en dialogue avec eux […] Cet épanchement incarnationnel et kénotique de soi implique inculturation, pauvreté et service aux pauvres.[22]

Il faut à présent jouer le tout pour le tout. L’Église institutionnelle est devenue insignifiante à bien des égards aujourd’hui dans le monde. Elle semble être le plus souvent un sujet de honte[23]. Pourtant, nous qui aimons Dieu sommes toujours appelés à aimer notre prochain comme nous-mêmes.

De l’Église rassemblée-confinée à l’Église dispersée comme semence

L’Église ne peut apporter de renouveau au monde si elle n’est pas elle-même rénovée et restructurée. Gabriel Monet propose la nécessité d’une ecclésiologie de postchrétienté signalant que cette dernière « peut être vue positivement, comme ouvrant la porte pour l’Église à un dépassement de la chrétienté afin d’émerger, de ré-émerger ou de se recentrer en tant que communauté du Christ. Les implications de cette émergence sont au cœur de cette contribution à une ecclésiologie de postchrétienté.[24] » Comme suite à Monet, je propose que les églises aient à vivre chacune leur propre kénose, leur propre dépouillement et, pour ce faire, détournent leurs regards de la vie intérieure de leurs communautés et les fixent sur leurs membres afin de les soutenir dans leurs présences au monde à travers les sphères culturelles, sociales et politiques où ils se trouvent. En postchrétienté, la voix de l’Église institutionnelle ne porte plus et n’est plus écoutée. L’Église ne peut plus se considérer comme médiatrice du salut de ses membres. Elle ne peut, non plus, incarner la foi. En postchrétienté, ce sont ses membres qui, en tant que citoyens, participent aux côtés de leurs voisins aux projets et aux débats de société et qui ainsi participent à la gouvernance du monde en vue du bien commun comme expression de la présence inclusive du royaume. Ce sont alors les membres des églises qui deviennent les porte-paroles et les interprètes principaux de la foi et qui contribuent, chacun à sa manière, à l’inculturation de celle-ci en vue de sa transmission.

Selon leurs traditions, « les Églises rassemblent leurs membres en vue du culte et des divers programmes qu’elles organisent pour leur édification ou pour servir dans leurs actions missionnaires locales ou à l’étranger. Avec des structures en place — bâtiments, pasteurs, conseils d’Églises, programmes et ministères — il est compréhensible qu’elles exigent la participation de leurs membres. Sans s’en apercevoir, elles deviennent progressivement centrées sur le rassemblement de ses membres à l’intérieur des lieux et des activités de celles-ci. Le temps libre et les ressources financières et matérielles des membres sont consacrés principalement au profit de l’Église avec peu d’égard pour les lieux et les activités qui occupent la majeure partie de leurs semaines. Ainsi, tout ce qui provient de leurs activités dans ces sphères — salaires, ressources matérielles, concepts et idées, autres personnes — est tourné et centré sur l’Église rassemblée. (fig. 1).[25] »

Figure 1 : Les sphères au service de l’Église

Les Églises émergentes comprennent la mission qui leur a été confiée différemment. Elles sont devenues missionnelles afin de participer à la mission de Dieu (missio Dei). Elles prennent à cœur ce qu’écrit Laurent Schlumberger :

[…] la conviction théologique fondamentale, c’est que l’Église existe pour ce qu’elle n’est pas et pour ceux qui n’y sont pas. […] L’Église existe pour ce qu’elle n’est pas : elle n’existe pas en vue d’elle-même, mais pour annoncer et manifester déjà le règne de Dieu qui vient. Le règne de Dieu est la fin de l’Église, dans les deux sens du mot : sa finalité et son terminus. Devant le règne de Dieu, l’Église s’efface. Et l’Église existe pour celles et ceux qui n’y sont pas. Elle n’a pas pour but de rassembler et de mettre à part le peuple des élus. Elle est envoyée pour témoigner de l’Évangile auprès de tous.[26]

Pour les églises émergentes, « les membres sont tout autant l’Église pendant leurs heures de travail, d’études ou de loisir. L’accent est plus que jamais concentré sur l’Église dispersée qui, paradoxalement, est l’Église présente, non pas à elle-même, mais au monde. L’Église transformée et transformatrice (Patrick Oden[27]) est au service de son quartier, de sa ville et de son pays à travers l’engagement de ses membres dans les sphères qui la composent. Le rôle des Églises se résume alors au soutien de ses membres dans la prise en main de leur foi à l’intérieur de leurs vies culturelles, sociales et, plus discrètement, politiques » (fig. 2).

Figure 2 : L’Église au service de la société

L’émergence des églises, si elle doit avoir lieu, doit se réaliser en même temps et au sein même de l’émergence de la société civile, car c’est là qu’elles sont annonciatrices du royaume de Dieu au cœur même des projets de société. Dans ce deuxième dessin, j’ai changé le mot “Église” pour “chrétiens dans la ville” afin d’accentuer cette nouvelle présence de l’Église dans la société.

Conclusion

Nous habitons une culture réfractaire à l’Église et au christianisme dans leurs expressions formelles et institutionnelles. Mais l’est-elle quant au message humano-divin de l’Évangile ? Tout comme les premiers disciples qui réparaient leurs filets, les Églises d’aujourd’hui n’ont d’autre choix que de réparer les leurs. Il n’y a pas de raccourci dans le projet du royaume de Dieu. L’Église, afin d’émerger courageusement, n’a d’autre choix, en postchrétienté, que de repenser ce qu’est l’essentiel de la foi chrétienne tant dans ses croyances que dans ses expressions publiques : que doit-elle absolument conserver ? De quoi peut-elle se dépouiller afin d’épurer son discours  ? Quelle est la mission qui lui est confiée ? Que représente-t-elle dans la société actuelle ?
C’est dans cette perspective que j’ai écrit mon mémoire dans lequel j’ai exploré la naissance, l’actualité et la contribution de ce mouvement dans le contexte particulier de Montréal.

 

[1] Jacques Grand’Maison, Société́ laïque et christianisme, Montréal, Les éditions Novalis, 2010, p. 19, 128 et 148.
[2] J. Grand’Maison, Société laïque…, p. 26.
[3] P. LeBel, Avancées vers l’inculturation…, p. 38-39.
[4] P. LeBel, Avancées vers l’inculturation…, p. 1.
[5] J. Grand’Maison, Société laïque…, p. 19.
[6] P. LeBel, Avancées vers l’inculturation…, p. 53-64.
[7] Ma bibliographie contient les livres de plusieurs auteurs qui ont marqué le mouvement des églises émergentes. Une liste plus exhaustive se trouve dans la bibliographie de
[8] Marti, Gerardo et Gladys Ganiel, The Deconstructed Church: Understanding Emergent Christianity, New York, Oxford University Press, 2014, p. 134.
[9] P. LeBel, Avancées vers linculturation…, p. 126. Ailleurs dans mon mémoire, j’ajoute aussi la politique.
[10] P. LeBel, Avancées vers l’inculturation…, p. 109.
[11] Achiel Peelman, Les nouveaux défis de l’inculturation, Ottawa, Novalis, Université St-Paul, 2007, p. 9.
[12] Arrupe, Pedro, « Lettre aux Jésuites » (14 mai 1978), dans Écrits pour évangéliser, prés. J.-Y. Calvez, Paris, DDB et Bellarmin, 1985, p. 169-170 (p. 169-177). Cité par Jean-Claude Guillebaud, La refondation du monde, Paris, Les Éditions du Seuil, 1999, p. 415.
[13] H. Carrier, Guide pour l’inculturation…, p. 15.
[14] H. Carrier, Guide pour l’inculturation…, p, 16.
[15] H. Carrier, Guide pour l’inculturation…, p. 51. Carrier poursuit sa réflexion ainsi : « La culture, réalité typiquement humaine, est donc objet d’amour, de miséricorde et de rédemption de la part de Jésus-Christ, mort et ressuscité pour tous ceux et celles qui construisent les civilisations de l’histoire. Les cultures, c’est-à-dire tous les milieux socio-culturels, sont dès lors en attente d’être interpellées par Jésus-Christ pour accueillir la grâce de la Résurrection, seule capable de purifier et de sanctifier la réalité́ éminemment humaine qu’est la culture, par laquelle nous devenons des êtres raisonnables et libres, appelés à un destin plus grand que nos horizons terrestres. »
[16] H. Carrier, Guide pour l’inculturation…, p. 20.
[17] P. LeBel, Avancées vers l’inculturation…, p. 45.
[18] P. LeBel, Avancées vers l’inculturation…, p. 41.
[19] L’expression ‘human flourishing’ est devenue populaire depuis l’an 2000 chez plusieurs auteurs chrétiens dont Os Guinness, Shane Claiborne, Jim Wallis et d’autres encore.
[20] P. LeBel, Avancées vers l’inculturation…, p. 48.
[21] John T. Skinner, « Introducing New Monasticism », le premier d’une série de 59 cours en ligne intitulé The European School of New Monasticism, qui s’est tenu du 13 octobre au 13 novembre 2015.
[22] Juan Carlos Scannone, SJ, « Incarnation, Kenosis, Inculturation, and Poverty», dans Antonio Spadaro et Carlos María Galli (dir.), For A Missionary Reform of the Church, The Civilta Cattolica Seminar, 28 septembre – 2 octobre 2015, à Rome, Mahwah, NJ, Paulist Press, Inc., 2017, chapitre 23. « The reform of the Church according to the gospel […] is aimed at having the Church renounce her self-referentiality and kenotically step outside of herself for the mission entrusted to her by Christ. She is the people of God sent to all the peoples of the earth, and to each single person within them, in dialogue with them […] This incarnational and kenotic pouring out of oneself implies inculturation, poverty, and service to the poor. » TDA.
[23] La pédophilie qui ravage l’Église catholique; le mouvement évangélique pro-Trump aux États-Unis, etc.
[24] Gabriel Monet, L’Église émergente, être et faire Église en postchrétienté, Berlin, Munster, Lit Verlag, 2014, p. 192.
[25] P. LeBel, Avancées vers l’inculturation…, p. 127.
[26] Laurent Schlumberger, À l’Église qui vient, Lyon, Éditions Olivétan, 2017, p. 129.
[27] Patrick Oden, The Transformative Church: New Ecclesial Models and the Theology of Jürgen Moltmann, Minneapolis, MN, USA, Fortress Press, 2015.

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