C’est le titre d’un dossier paru dans « Sciences Humaines » (juin 2017) (1).

En regard d’un individualisme égocentré, l’empathie fonde une relation attentionnée à autrui. « Se mettre à la place de l’autre ». Elle débouche sur la sollicitude, sur la bienveillance, sur la sympathie. C’est une capacité qui nourrit les relations humaines.

Or, il apparaît que le terme : « empathie » est de plus en plus employé. Dans les livres de langue française, l’usage du mot : « empathie », grimpe en flèche dans les décennies 1990 et 2000. Cette progression est d’autant plus puissante que la recherche sur ce thème et l’intérêt qu’il éveille, s’exercent dans des champs de plus en plus nombreux. « Au travail, en famille, à l’école, à l’hôpital et même en politique tout récemment, l’empathie et son corollaire : la bienveillance, sont sollicitées pour rendre les collectifs humains plus viables ». Et comme notre regard change, on découvre de l’empathie jusque dans l’éthologie animale avec les livres de Franz de Waal sur les primates. Cette progression de l’empathie se réalise à l’échelle internationale comme le montre Jérémie Rifkin dans son livre : « Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie » présenté sur ce site (2)

Ainsi une transformation profonde de notre manière de penser et de sentir est en cours. Elle s’inscrit dans un contexte d’universalisation où différentes traditions viennent apporter leur contribution. Pour notre part, nous nous référons à la parabole du bon samaritain  (Luc 10.29-37) . L’empathie y retentit. «  Un samaritain qui voyageait étant venu là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit… il prit soin de lui ». Dans son livre : « Darwin, bonaparte et le samaritain », Michel Serres voit dans le samaritain une figure emblématique de l’engagement humanitaire de tant de gens à notre époque, une époque qui, globalement, rompt avec des millénaires de guerres et de massacres (3). La progression actuelle de l’empathie et de la bienveillance va dans le même sens. Une nouvelle vision du monde est en train d’émerger.

Jean Hassenforder

(1) Dossier : les pouvoirs de l’empathie. Sciences Humaines, juin 2017, p 26-45. Article introductif : Jean-François Dortier. Empathie et bienveillance. Révolution ou effet de mode ? (p 26-31). Dans : Sciences Humaines, un autre dossier paru en février 2011 : « Retour de la solidarité : empathie, altruisme, entraide » : https://www.temoins.com/quel-regard-sur-la-societe-et-sur-le-monde-prendre-conscience-dun-changement-de-perspective-encourageant-retour-solidarite-scienceshumaines/

(2)« Vers une civilisation de l’empathie. A propos du livre de Jérémie Rifkin » : https://www.temoins.com/vers-une-civilisation-de-lempathie-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkinapports-questionnements-et-enjeux/

(3) Michel Serres. Darwin, bonaparte et le samaritain. Une philosophie de l’histoire. Le pommier, 2016 « Au sortir de massacres séculaires, vers un âge doux portant la vie contre la mort » : http://www.vivreetesperer.com/?p=2479

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