OMBRES ET LUMIÈRE

Si il y a bien aujourd’hui un drame humain qui nous confond, c’est celui du peuple ukrainien, victime de l’agression de l’état russe.

Or, comme en beaucoup d’autres situations, nous y sommes interpellés par le rôle des églises. Si l’église ukrainienne est solidaire de son peuple, le patriarcat de Moscou soutient une agression dévastatrice (interview de Jean-François Colosimo).

C’est là que nous entendons la voix du théologien Cyril Hovorum : « La guerre en cours montre que les idées, y compris théologiques, peuvent littéralement tuer. Nous devons réviser la nomenclature des idées théologiques qui, je crois, ont conduit à cette guerre ». Cette affirmation : « les idées théologiques peuvent littéralement tuer », nous paraît d’une grande portée, car elle est validée dans d’autres circonstances historiques. Jésus ne s’est-il pas élevé contre un système social et religieux marqué par le pouvoir des grands et l’exclusion des petits. Et les tenants de cette conception mortifère l’ont effectivement tué. Il est ressuscité et l’Évangile a porté ces idées neuves et révolutionnaires dans le monde. Cependant, au cours de l’histoire, des idées contraires ont souvent pris le pas dans la religion organisée. Dans cette revue de presse, entres autres, nous pouvons ressentir des raideurs et des enfermements, mais notre attention se tourne en premier lieu vers la dynamique de l’Esprit qui construit et reconstruit. Si, selon un proverbe africain, « l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse », regardons à tout ce qui pousse aujourd’hui.

Lorsque le constat des maux engendrés par de mauvaises représentations grandit, il engendre un mouvement en retour où nous percevons l’œuvre de l’Esprit. Ainsi, lorsque le déphasage des églises apparait au grand jour, des chrétiens en théologie émettent des propositions pour les guérir (Fritz Lienhard, Jérôme Perrin). Et nous voyons apparaître de nouvelles dynamiques relationnelles (Eric Zander). On peut également se réjouir des prises de conscience qui apparaissent aujourd’hui dans la reconnaissance de l’existence sociale des femmes et des enfants. C’est ainsi que la prise de conscience du potentiel spirituel de l’enfant débouche sur une nouvelle catéchèse (Godly Play). Et si des alarmes résonnent dans le constat du dérèglement climatique et la chute de la biodiversité, elles accompagnent une prise de conscience révolutionnaire de l’unité de la nature et de la dynamique du vivant dans une dimension cosmique. Ici, un film rassemble des expressions sur le changement des perspectives de vie à cet égard (Les arbres qui marchent).

On ne doit pas oublier la forêt qui pousse. Ce sont les chrétiens qui œuvrent constamment pour la paix (justice et paix), pour la justice sociale et pour l’entraide dans la compréhension de l’univers politique (Frédéric de Coninck) ou qui expriment le beau et le bon dans les arts (Pierre LeBel).

Jean Hassenforder

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