Croire et donner, les protestants et la générosité.

Actes du colloque de la Fondation du protestantisme, 6 novembre 2023. Cahier n°1 de la Fondation du Protestantisme.

« Une générosité, libre, responsable et solidaire, pour le dire en un mot : un geste protestant », selon l’expression de François Claveroly le 26 novembre 2021 au Palais du Luxembourg – Sénat, cela existe-t-il ? Question posée lors du colloque intitulé « Croire et donner : les protestants et la générosité » : peut-on parler d’un « altruisme protestant » ? « (…) Après tout, s’interroger sur la générosité d’un groupe religieux comme le protestantisme est un objet de sciences sociales » (Claude Dargent, sociologue, chercheur au CEVIPOF, European Values Study, EVS, p. 35-39). L’apôtre Paul n’est-il pas un modèle de fundraiser ? (Marjorie Legendre, p. 53).

Pour Jean Durrleman, président de la Fondation du Protestantisme éditrice de cette boussole au service de la philanthropie protestante, il s’agit d’agir. « Agir toujours plus pour qu’une intuition devienne un projet. Pour qu’une utopie devienne réalité. Pour qu’une réalisation soit témoignage. Agir ensemble comme de tenaces réparateurs de brèches ».

Les mots en tête de ce premier Cahier, choisis au cœur de la tradition biblique en introduction, sont chers au cœur des donateurs protestants comme évangéliques :  « Toi aussi, tu es de ces gens-là. Ton accent te fait reconnaître. » (Matthieu 24,73). « On t’appellera réparateur de brèches. Celui qui rend le pays habitable » (Esaïe 58,12).

Ce colloque, auquel le président du Sénat, M. Gérard Larcher, a ouvert grand les portes du Palais du Luxembourg, est clairement un signe que la Fondation du Protestantisme, et à travers elle, les œuvres et les églises, sont bien au cœur de la République, au service des citoyens, et en particulier des plus faibles et des plus fragiles – «  […] la liste des 61 fondations abritées et de toutes les nombreuses associations et actions soutenues. C’est très clair, bien présenté et illustré » (Olivier Pigeaud, Libre Sens).

La lecture de ce premier recueil peut nous ouvrir à la possibilité d’un enrichissement, « qui nous nourrisse, nous questionne, peut-être nous déplace : chacun dans notre générosité personnelle ; et collectivement dans nos outils au service de la philanthropie protestante », dans les termes d’Anne Corvino, alors présidente de la Fondation pour le Protestantisme (de 2016 à 2021). Les approches bibliques proposées par Marjorie Legendre, pasteure et professeure à la Faculté Libre de Théologie de Vaux-sur-Seine (pp. 51-53), ainsi que le dialogue entre les intervenants, revisitent des lieux de générosité qui proposent comme un modèle, « une autre façon de vivre, qu’un système égoïste et compétitif fait de concurrence […] « Nous pouvons être généreux dans notre temps. On a tous du temps à donner. Je voudrais vous encourager à avoir un style de vie généreux », exhorte l’éthicienne. Pour Gérard Larcher, l’histoire du protestantisme a « apporté un regard nouveau sur le don » : « L’action de donner n’a plus été déterminée par la seule logique du salut et de la rédemption, mais par le fait de soulager la détresse de celles et de ceux qui ont besoin d’aide », a-t-il ajouté, soulignant que « l’œuvre charitable est une conséquence de la foi et non un mérite devant Dieu ». Il a également cité le pasteur Dietrich Bonhoeffer, rappelant que le don « doit être […] une grâce qui coûte ».

Un altruisme protestant ? « […] Au vue des données de l’enquête sur les valeurs [l’enquête https://europeanvaluesstudy.eu], pour le sociologue, la réponse, provisoire comme toute réponse, est très clairement positive ».

Extraits (p. 38-39) d’après la composition religieuse des Européens (réalisée en 2017-2015 dans 38 pays européens sur un échantillon de 55 188 personnes : 26,7% catholique, 9,0% protestant, 1,3% évangélique, 5,1% musulmane, 16,8% orthodoxe, 2,5% autre religion, 37,2% sans religion). La source : https://europeanvaluesstudy.eu/new-book-by-the-french-team-of-evs/

Les réponses mentionnent :

  • la générosité parmi les 5 qualités que les parents doivent encourager chez les enfants
  • à la question « d’une manière générale, diriez-vous qu’on peut faire confiance à la plupart des gens ou qu’on est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres ? » le taux de réponse confiante monte à 55% chez les protestants et 44% chez les évangéliques*.

Ce cahier est disponible à la Fondation : www.fondationduprotestantisme.org, 01 44 53 47 24.

David GONZALEZ

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