Entretien avec Rodolphe Gozegba, docteur en théologie et Président de l’association A9
- Depuis quelques mois, l’association A9, tout en poursuivant son action pour la création de jardins potagers et le développement de l’autonomie alimentaire à Bangui, s’est engagée dans la promotion du dialogue interreligieux et interculturel en Centre Afrique. Pourquoi cette nouvelle orientation ?
Cette action fait partie intégrante des neuf (09) actions prévues par A9 dès la création de l’association. Elles répondent toutes à des problématiques minant le pays; la première de ces neuf (09) actions a été la distribution de kits (Bêche, houe, arrosoir, semences) dans le cadre de l’opération « Nourris ta ville en 90 jours » pour participer à l’introduction de l’autonomie alimentaire à Bangui. La seconde visant au retour de la cohésion sociale en RCA a commencé par la création d’une formation interculturelle et interreligieuse.
- Une première formation pour le dialogue interreligieux et interculturel a été mise en place. Quels objectifs ? Quel public ? Quel fonctionnement ? Quels effets ?
La première session de la formation lancée en septembre 2022, a conduit, en partenariat avec l’Université de Bangui, à la délivrance en mars 2023 d’un diplôme MasterClass « certificat de compétence en dialogue interculturel et interreligieux ». L’objectif de la formation est de créer des « artisans de paix » qui par rayonnements successifs vont changer la « manière de voir » l’autre en Centrafrique et permettre le retour à la paix entre toutes les races, toutes les ethnies, toutes les religions. L’objectif étant la connaissance de l’autre pour un retour vers la paix, A9 a ouvert la formation à tous ceux qui se sentent concernés par ce sujet ou en souffrent.
Les effets sont encore difficilement mesurables car nous n’en sommes qu’à la deuxième promotion d’étudiants. Mais nous sommes tellement convaincus de ses futurs bienfaits que nous projetons d’ouvrir dès septembre 2023 un INSTITUT DES HAUTES ETUDES EN MEDIATION ET NEGOCIATION (IHEMN) à Bangui. Les formations seront dispensées à l’année et permettront la délivrance de diplômes en master jusqu’au doctorat.
Nous sommes d’ailleurs actuellement en recherche active de fonds qui nous permettront de lancer ce projet qui nous paraît essentiel pour notre pays. Je me permets également de tendre la main vers vous. Tout montant sera le bienvenu.
- Le 17 et 18 mars 2023, A9 en partenariat avec l’Université de Bangui, a organisé une conférence sur « Les voies de la paix face à la difficile construction de la cohésion sociale dans un contexte de tensions internationales »
Le colloque organisé sur deux journées à l’occasion de la remise des diplômes aux premiers étudiants a connu un succès encourageant qui laisse présager de l’avenir que pourra connaître l’IHEM. Des intervenants venus de toutes parts (RCA, autres pays africains, Europe) ont pu parler et débattre librement des problèmes affectant la RCA. Chacun par ses compétences a pu apporter ses expertises dans le domaine de la paix et tous ensemble ont pu échanger sur les solutions possibles.
- A partir de ces formations et de ces réflexions, comment les participants vont-ils pouvoir exercer une influence positive ?
Comme évoqué précédemment, la formation n’en étant qu’à sa deuxième session, il nous paraît normal de ne pas encore remarquer d’impacts conséquents dans tout le pays, mais devant le succès des deux journées de colloque qui a réuni plus de 200 personnes, nous sommes convaincus que la poursuite de ces formations et même leur accélération par la création de l’IHEMN saura jouer un rôle essentiel dans l’approche de l’autre en le « vivre ensemble » en RCA.
- Comment te sens-tu toi-même engagé dans cette recherche de la paix ?
Je me sens bien…Pour moi, il s’agit là d’un choix que j’ai fait. Je peux aussi parler de vocation. Je peux encore parler de responsabilité. En tant que citoyen centrafricain, il m’appartient d’œuvrer pour mon pays, d’aider mes concitoyens et concitoyennes autant que je le peux. Il en va de ma responsabilité ! C’est pourquoi, j’ose me tourner vers les autres pour me demander de m’aider notamment financièrement car je sais que seul je n’y arriverai pas. Nous avons tous besoin les uns les autres ! J’ai besoin de vous !