L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie
et l’homme devint un être vivant.
Genèse 2,7

Jésus leur dit de nouveau: La paix soit avec vous! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie.
Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit.
Jean 20,21-22

Pensez-y. Le premier souffle de l’homme, en fait, de toute l’humanité, fut celui de l’Esprit-Saint. L’initiative et la source de cette première respiration furent celles de Dieu qui souffla dans les narines de sa sculpture d’argile l’esprit de vie. Ainsi, l’homme de boue devint l’homme debout ! L’Adam[1], façonné de l’adama,[2] devint un être spirituel ![3] Dès sa naissance, sa conscience ouverte au monde et à l’éternité[4] lui permet, en communion avec le rouah[5] divin, de planer en esprit et de sonder l’œuvre accomplie de la création naturelle et, de là, veiller sur le bien-être de la terre qu’il habite[6].

Il s’agit de l’Esprit consolateur, l’Esprit de vérité dont Jésus a dit, selon Jean, qu’il nous conduira dans toute la vérité[7], et dont Paul nous dit qu’il témoigne à nos esprits que nous sommes enfants de Dieu[8]. Cette vocation fidèle de l’Esprit auprès de l’humanité était agissante dès la naissance de l’humanité et non seulement après la venue de Jésus. En fait, chaque souffle de l’Adam et de sa descendance était assuré de la présence et de la plénitude intérieure de l’Esprit qui les portait. Porteurs physiques de l’image de Dieu, ils se voient envoyés au sein du monde matériel du jardin de la terre dont ils avaient dorénavant la garde[9].

Quand chaque regard, porté vers le ciel étoilé ou sur quelconque panorama de la nature, était source d’émerveillement et de révélations spirituelles, pourquoi avoir réduit son champ de vision sans restriction qu’à un seul fruit[10], matériel, vers lequel il lui était possible d’étirer la main et le saisir comme possession tout en lui attribuant un pouvoir[11] — celui d’être la seule et unique clé au sens moral de la vie — que celui-ci ne pouvait ne jamais satisfaire ? En fait, en y croyant et en le mangeant, l’homme et la femme fermaient leurs esprits à leur source première : la connaissance et la communion avec celui qui est dès le commencement. Ils rendaient inaccessible, pour eux et pour leur descendance, l’au-delà invisible et spirituel du vrai, du beau et du bon. Malgré leurs désirs complices, l’homme et la femme, et l’humanité à leur suite n’ont jamais été en mesure de maîtriser seuls ni le sens ni le destin de leurs vies.

Jésus est venu nous révéler non seulement le Père, mais aussi notre véritable identité selon le projet initial de Dieu. C’est pourquoi il s’est identifié comme fils de l’homme – l’un de nous – plus de quatre-vingts fois dans les Évangiles afin de faire de nous des fils de Dieu.

Jésus, le ressuscité, lui dont la vie était animée de l’Esprit[12], dit à ses disciples qu’il était mieux pour lui de quitter ce monde afin que l’Esprit vienne à sa place les instruire directement[13]. Pour Jésus, son rôle de tuteur tirait à sa fin. Le temps était venu pour eux de recevoir l’Esprit[14] et apprendre, à l’instar du Christ, à se confier à lui et l’écouter. Il ne suffisait plus de simplement suivre Jésus et d’être à ses côtés. Il voulait à présent, par l’Esprit, les habiter au plus intime de leurs êtres afin qu’ils deviennent tout un chacun des êtres spirituels comme lui et ainsi devenir une nouvelle humanité envoyée par lui pour être présent au monde, des êtres de vérité et de lumière.

Jésus, le « je suis » de la résurrection et de la vie, demeure dès à présent dans le je suis que je suis.

[1] Dans les trois premiers chapitres de la Genèse, le nom Adam est générique et comprend l’humanité dans son ensemble.
[2] Mot hébreu, adama signifie la poussière, la glaise, la terre du sol.
[3] Genèse 2,7.
[4] Ecclésiaste 3,11.
[5] Genèse 1,2. Nom hébreu pour Esprit.
[6] Genèse 1,28.
[7] Jean 16,13.
[8] Romains 8,16.
[9] Gn 1,28, 2,8 et 15.
[10] Gn 3,1-7.
[11] L’illusion de l’idolâtrie et de la magie occulte dont Dieu et la Bible s’opposent.
[12] « Je suis la résurrection et la vie », a-t-il dit à ses disciples (Jean 11,25). Dans Mt 3,16, il est écrit que « Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau. Et voici, les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. »
[13] Jean 16,7.
[14] Jean 20,19-23.

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