D’Homère à Harry Potter.

Dans un livre récemment paru : « From Homer to Harry Potter » (2), les auteurs, Matthew Dickerson et David O’Hara, traitent du mythe et du fantastique dans de grandes œuvres littéraires au long des siècles. Cette contribution s’inspire des questionnements qui lui sont suggérés par les deux plus importants auteurs de « fantasy » au XXè siècle que sont les écrivains chrétiens : C.S.Lewis et J.R.R.Tolkien. Et, comme le suggère le titre, ces experts en littérature portent assez de considération à l’œuvre de J.K.Rowling pour lui consacrer le dernier chapitre de cet ouvrage.
Pour éclairer le débat, ils explorent deux grandes questions. D’une part, quelle est l’origine du pouvoir magique ? D’ou vient-il ? Quelle est sa nature ? D’autre part, à quelle fin ce pouvoir est-il utilisé ? Quel est son objectif ?
En réponse à la première question, les auteurs distinguent plusieurs possibilités : « Le pouvoir « magique » provient finalement d’une source interne et il est inhérent à l’individu. Ou bien, le pouvoir provient d’une source externe. Et dans ce cas, il y a, à nouveau, une distinction à opérer. Cette source externe peut être une réalité inanimée comme la nature, ou une réalité personnelle comme un génie ou un puissant esprit. Cette dernière peut être appelée au service du magicien » (qui tombera lui-même en son pouvoir).

Dans le cas de la série d’Harry Potter, les auteurs formulent une première observation. « Les pouvoirs les plus importants exercés par les bons personnages de l’histoire, ceux qui se trouvent du côté de Dumbledore, sont des pouvoirs internes inhérents aux magiciens qui les détiennent ». Des dons naturels autant qu’extraordinaires en quelque sorte !
D’autres manifestations, comme beaucoup de potions magiques, sont fondées sur les propriétés « magiques » de la nature. Dans ce cas, l’auteur montre qu’à l’instar des produits chimiques et pharmaceutiques, elle peuvent être utilisées pour le bien ou pour le mal.
Qu’en est-il également du pouvoir et de l’usage des mots ? Dickerson et O’Hara analysent cet usage et mettent en évidence les limites qui sont dressées par rapport à l’agression.
Au total, les pouvoirs résident bien dans les magiciens eux-mêmes et un enseignement leur est prodigué pour qu’ils les exercent avec sagesse .
Quant à l’autre catégorie de magie, « celle qui invoque d’autres pouvoirs et les utilisent au gré de la volonté humaine, le type de magie de caractère maléfique associé à l’occulte », en ce qui concerne la série d’Harry Potter, la réponse est simple : une telle magie est utilisée, mais seulement par l’ennemi. Dans l’univers de Rowling, le pouvoir d’asservir, ou plus spécifiquement le pouvoir occulte qui se manifeste à travers la réduction en esclavage à une puissance extérieure, est clairement désigné comme un mal .

Rappelons la seconde question posé par les deux analystes : A quelle fin le magique est-il utilisé ? Est-il utilisé pour le bien ou pour le mal ? Et, à un niveau plus profond, est-ce que l’auteur fait une distinction entre le bien et le mal ? « Une œuvre littéraire qui suggère que le bien et le mal sont simplement des constructions humaines, qu’ils sont des catégories subjectives ou pas de catégories du tout, est en opposition radicale aux vérités fondamentales du christianisme ». Or, à cet égard encore, Rowling est parfaitement claire et elle évite toute confusion. « De livre en livre, la distinction entre le bien et le mal s’approfondit. Rowling met en évidence la bataille cosmique qui se déroule. Là aussi, elle s’inscrit dans une vision chrétienne ».

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