Finance et solidarité, voilà deux mots qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer
Mais comment faire pour que la finance contribue à construire une société de solidarité et un développement durable ? Comment faire pour que la finance soit solidaire ?
C’est à ces questions que le collectif Finansol tente de répondre.
Aux yeux de Finansol, l’un des chantiers majeurs des temps qui viennent est de réconcilier l’économie et l’intérêt général pour construire une société de solidarité et un développement durable.
Henri Rouillé d’Orfeuil
Ancien président de Finansol

Pour illustrer cette action, nous aimerions vous faire lire une histoire qui montrera la validité d’un type d’épargne qui a vu le jour dans les années 80 : l’épargne « solidaire » ; il est possible désormais de concilier le désir de faire fructifier son épargne et la volonté de soutenir des projets économiques porteurs dans les pays en développement. Parmi les opérateurs de ce type de produits financiers, la COFIDES (COopérative FInancière pour le Développement de l’Economie Solidaire Nord-Sud) a obtenu en juillet 2001 le label Finansol ; sa spécialité est d’apporter sa caution aux micro-entreprises des pays pauvres qui empruntent auprès de leurs banques locales. Outre la caution qu’elle fournit, elle relie à la fois un entrepreneur, un établissement financier local, un organisme local d’appui et enfin un parrain français, sociétaire de la Cofides Nord Sud qui soutient l’entrepreneur. Depuis 1995, plus d’un millier de porteurs de projets ont été cautionnés par la Cofides Nord Sud. La COFIDES mobilise l’épargne solidaire au Nord de particuliers, de comités d’entreprise ou d’associations sensibles aux problèmes du Tiers-Monde mais pas disposés à faire des dons.

Des femmes d’exception
Nous sommes, à la fin des années 90, à Bobo Dioulasso, au Sud-Est du Burkina Faso. Les 250 membres de l’Association des Femmes Actives pour le Développement (AFAD) vont fêter les dix années d’existence de l’association devant leur nouvelle unité de production, qui abrite trois séchoirs à mangues flambant neufs : tout est fin prêt pour commencer à sécher, emballer et expédier les mangues séchées vers la Suisse, où le distributeur attend impatiemment de pouvoir répondre en Europe à une demande croissante. Dans la région aussi, on attend de pouvoir se procurer et déguster les mangues, puis les tomates et les oignons séchés qui suivront.
Pour l’AFAD, c’est un succès : depuis dix ans, ces femmes confrontées aux effets de l’abandon des politiques sociales et éducatives par un Etat affaibli ont imaginé et mis en pratique, pour lutter contre l’analphabétisme et l’exclusion socio-économique des femmes, un ingénieux système de redistribution solidaire.
Elles ont d’abord monté de petites activités économiques à l’échelle des communes ou des départements : centres d’appels téléphoniques, jardins maraîchers, etc… qui se sont révélées économiquement rentables. Les bénéfices dégagés ont ensuite servi à financer la solidarité locale par la mise en place de cours d’alphabétisation, de centres de soins et de planning familial, de formations pratiques à l’usage des femmes exclues.

De la difficulté d’entreprendre.….
Pourtant, ce projet de séchoirs à mangues a failli ne pas voir le jour : pour acheter le terrain, le matériel et pour construire les locaux, les femmes n’avaient pas suffisamment d’argent en caisse.
Elles ont fait appel à leur partenaire français, l’association GESTM (Groupe Etival Solidarité Tiers Monde), qui avait mené les études de faisabilité pour ce projet et l’appui technique à la mise en place de la production : GESTM a alors apporté à l’association une importante subvention, sans arriver cependant à boucler le budget de ce projet.
Sollicitée à son tour, la banque de Bobo, le Crédit Agricole du Burkina Faso, a accepté de compléter le tour de table par un petit crédit complémentaire, en posant néanmoins comme condition à son déblocage, outre des taux d’intérêts exorbitants, une hypothèque sur le terrain.
L’accord n’a donc pu être conclu, et les femmes de Bobo ont failli abandonner leur idée.

….à la solidarité Nord Sud
GESTM a alors fait appel à la COFIDES Nord Sud, la COopérative FInancière pour le Développement de l’Economie Solidaire Nord Sud, dont il est sociétaire.
Fondée voici neuf ans par Terre des Hommes et Peuples Solidaires, la Cofides utilise l’épargne de ses membres (des particuliers, des associations, des mutuelles, des comités d’entreprises, etc.), déposée dans ses comptes en France, pour constituer son fonds de garantie.
Ce fonds sert de caution auprès des banques africaines afin qu’elles octroient les crédits nécessaires au financement de micro-projets locaux de groupements villageois, d’artisans ou de femmes.
Elle est donc alors entrée dans le jeu, en apportant à la banque sa caution, afin que le crédit soit débloqué sans qu’aucune hypothèque ne soit prise et en négociant un taux d’intérêt bien plus bas.
Les six femmes salariées de l’unité de production ont finalement trouvé leur emploi grâce à la mobilisation de l’épargne en France, une épargne qui est directement mise au service de l’investissement et du soutien aux activités productives…et qui mérite bien son appellation d’« épargne solidaire » !

Pour en savoir plus :
Cofides Nord Sud – 4 rue Franklin – 93 200 Saint Denis – Tél. : 01 49 33 00 51
E-mail: cofides.nordsud@freesbee.fr
Site web: cofides.terredeshommes.asso.fr/cofides/

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