Dans ce monde en plein bouleversement, nous sommes saisis par les cris des victimes d’une fureur guerrière, inquiets face à l’ampleur des dégâts que l’humanité a provoqués dans les équilibres naturels, déconcertés par un manque croissant de repères. En d’autres temps, bien d’autre maux ont affligé l’humanité. Et c‘est pourquoi les visions d’espérance qui sont apparues alors, continuent à nous éclairer aujourd’hui.

Ainsi le message biblique s’adresse à nous aujourd’hui avec une particulière pertinence. Nous sommes appelés à prendre conscience du rapport entre nos actes et leurs effets et à écouter l’inspiration divine pour changer nos comportements et entrer dans une dynamique d’espérance. Appelés à regarder autrement, à regarder en avant.

Regarder autrement, c’est aussi ne pas être fascinés par le mal, mais reconnaitre l’œuvre incessante de création et de libération de notre Dieu, communion d’amour et puissance de vie. L’humanité est appelée à participer à cette œuvre. Cet appel s’adresse tout particulièrement aux chrétiens dans la foi en Christ mort et ressuscité, en Christ libérateur et en l’inspiration de l’Esprit.

Aujourd’hui, dans la prise de conscience écologique comme dans la globalisation du monde, notre horizon s’élargit. Nous ne sommes pas seulement citoyens des cieux, nous sommes aussi citoyens de la terre. Dans une récente rencontre de Témoins, nous avons évoqué une nouvelle devise : « Pour une expression citoyenne de la foi. ».

La vie de Pascal Colin, fondateur de Témoins, mais aussi acteur social et élu local, est marquée, entre autres, par un engagement citoyen. Rédacteur de « l’édito » de Témoins pendant des années, il reprend aujourd’hui une participation que nous accueillons avec reconnaissance. Et il nous fait part d’évènements citoyens dans le regard d’« un ailleurs qui nous dépasse ».

De même, dans un monde où nous sommes de plus en plus reliés et ou l’ancien vocable militant « citoyen du monde » peut à nouveau être entendu, on mesure les désastres engendrés par la peur de l’autre, l’égoïsme des privilégiés et la volonté de puissance de pouvoirs guerriers. Il est important que Guy Aurenche, bien au fait des ces réalités à travers les responsabilités associatives qu’il a exercées, vienne nous rappeler l’importance du respect et de l’accueil de l’étranger. C’est un thème éminemment biblique. A l’heure où des populations souffrent de la violence des armes, à l’instar d’une militance pour la paix, l’accueil de l’étranger est une exigence pour les hommes de bonne volonté.

Dans un monde en mutation, et disent certains, en métamorphose, on ne peut demeurer immobile. Or, en regard, on constate l’intensité des replis identitaires ou la puissance des immobilismes. Dans ce contexte, nous sommes appelés plus que jamais à l’innovation. Cette innovation est nécessaire dans tous les domaines. Elle est indispensable dans des Églises souvent engoncées dans leurs traditions et en complet déphasage par rapport à la société et à la culture ambiante. C’est pourquoi, dès sa création, Témoins s’est engagée dans une recherche sur l’évolution culturelle et une promotion de l’innovation par la recherche et par la diffusion de l’information. Nous avons fait connaitre les avancées de l’Église émergente.

Aujourd’hui, un article de Richard Rohr nous apporte un éclairage particulièrement pertinent. Car il nous montre combien l’innovation a eu un rôle majeur dans l’histoire biblique ainsi que les violentes oppositions qu’elle a rencontrées. A partir de l’histoire biblique, Richard Rohr nous montre combien la veine prophétique s’est manifestée en marge du système religieux et politique, « au bord de l’intérieur ». La recherche sociologique confirme qu’aujourd’hui l’innovation sociale se développe le plus souvent aux marges grâce à une plus grande liberté vis-à-vis de l’influence du centre et de la norme. Ce regard nous instruit également sur le rôle innovant joué par Témoins, dans sa position « au bord de l’intérieur », notamment par sa dimension interconfessionnelle, transconfessionnelle, qui lui a assuré et lui assure une complète indépendance d’esprit par rapport aux appareils.

Cette position a été accompagnée par une ouverture internationale qui l’a également fortifiée. Aujourd’hui, les contributions de Pierre LeBel et de Rodolphe Gozegba témoignent d’une recherche qui s’étend à l’Amérique du Nord et à l’Afrique.

Nous continuons donc à faire appel à participation de tous puisque l’Esprit est à l‘œuvre en chacun. Ensemble appelés à voir en avant et à aller de l’avant.

La rédaction

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