Il y a cinq cents ans, dans le mouvement de la Réforme protestante, apparaissait, en Europe centrale, un courant original qui met l’accent sur l’engagement personnel du croyant manifesté dans un baptême adulte et le développement de communautés chrétiennes refusant toute dépendance aux autorités politiques. Ce christianisme anabaptiste s’inscrit ainsi dans une Réforme radicale. Aujourd’hui, le cinq-centième anniversaire de l’anabaptisme est célébré par l’ensemble du protestantisme comme en a témoigné cette année, le 7 septembre 2025, l’Assemblée du désert. « Le thème choisi, ‘L’Esprit souffle où il veut’, mettait en lumière la diversité protestante à l’occasion des cinq cents ans du mouvement anabaptiste, né des premiers baptêmes d’adultes confessant à Zurich en 1525 ». Cet évènement a naturellement donné lieu à de nombreuses productions dans les médias et nous conseillons tout particulièrement une émission de Solaé, sur France culture, dans laquelle Jean-Luc Gadreau anime un dialogue entre Sébastien Fath, historien, membre du Groupe Sociologie religion laïcité au CNRS et Neal Blough, professeur émérite de théologie à la Faculté de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine et ancien directeur du Centre Mennonite de Paris.
On y apprend comment le modèle de ‘l’association de convertis’, initié par le mouvement anabaptiste, a, par la suite inspiré l’univers évangélique. Au départ, ce modèle s’est heurté aux ‘sociétés d’ordre’. Il a anticipé la promotion du choix personnel dans la société moderne.
Puisqu’à Témoins, nous cherchons à mettre en valeur tous les mouvements à travers lesquels le christianisme répond aux aspirations spirituelles des gens d‘aujourd’hui, il est naturel que nous prêtions attention à l’histoire de l’anabaptisme et de son influence. De plus dans le monde d’aujourd’hui, fidèle aux béatitudes, l’anabaptisme est une voie de paix. Il se trouve par ailleurs qu’il y eu des affinités entre le milieu mennonite en particulier le pasteur Robert Wittmer et un des groupes constitutifs de Témoins. C’est pourquoi, l’une d’entre nous, Catherine Jegu, familière du courant mennonite, la forme privilégiée de l’anabaptisme français, a eu l’idée de susciter, à l’occasion des cinq cents ans de l’anabaptisme, un dossier présentant l’évolution de ce grand mouvement et la manière dont il répond aux interpellations du monde d’aujourd’hui.
Une petite équipe a élaboré les questions ci-dessous :
- Comment peut-on apprécier originellement et historiquement actuellement l’originalité du courant anabaptiste ?
- Comment et en quoi le regard anabaptiste s’est-il ouvert à d’autres regards et en a-t-il été enrichi au cours de ces 500 dernières années ?
- En quoi l’anabaptisme apporte-t-il aujourd’hui une réponse pertinente aux attentes spirituelles actuelles et une inspiration prophétique pour le renouvellement de nos façons de « faire Église » ?
- En ce temps de tensions et de guerres, en quoi et comment la non- violence anabaptiste contribue au rétablissement et au maintien de la paix en ce monde ?
- En quoi et comment, le courant anabaptiste prend-il en compte la vision nouvelle de l’écologie ?
Ces questions ont été soumises à des personnalités au cœur de la vie mennonite et nous avons reçu une contribution de Alexandre Nussbaumer (Enseignant au Centre de formation du Bienenberg et ingénieur agronome) et de Neal Blough (présenté ci-avant) ; il s’y ajoute une séquence sur l’histoire de l’anabaptisme présentée par Daniel Muller (ancien Directeur des Editions Mennonites, prédicateur et enseignant à la retraite).