Vues par un mennonite de base émerveillé de constater la persistance d’un mouvement radical qui a pu surmonter les dérives, les transformations auxquelles aucun mouvement n’échappe. Un mouvement radical qui a pris au sérieux l’entière Parole de Dieu telle qu’elle nous a été transmise dans la Bible.
Au départ, à l’époque des fondateurs au début du XVIème siècles, les gens n’avaient d’existence légale qu’à travers les rituels imposés par les instances religieuses qui prévalaient dans le pays. En Europe, l’acte officiel d’entrée dans la communauté religieuse et sociale, c’était le baptême des bébés qui faisait automatiquement des bébés des chrétiens et des sujets du Prince. Or, selon l’enseignement de Jésus, on ne peut devenir chrétien que par décision personnelle, consciente, et ensuite seulement a lieu le baptême. Donc, refuser le baptême des bébés équivalait à se mettre hors la loi, en marge de la société. C’est la décision qu’ont prise quelques personnes convaincues qu’on ne naît pas chrétien mais qu’on le devient par choix personnel. Il y a donc 500 ans, c’est la décision qu’ont prise les fondateurs du mouvement dans un contexte où le baptême des bébés était la règle chez les catholiques comme chez les réformateurs protestants. Les pères fondateurs, hors la loi, ont dû affronter instantanément la persécution, car on voulait les ramener dans ce qui était considéré comme le bon chemin et la légalité. L’anabaptisme était né, cela signifiait qu’on était baptisé une seconde fois lorsqu’on avait été baptisé bébé. Baptême dans l’eau et en conséquence dans la persécution, baptême de sang, disaient-ils
Comment ne pas faire le lien avec les chrétiens persécutés d’aujourd’hui qui, parfois au prix de leur vie, assument leur statut de chrétien fondé sur Jésus ?
500 ans qui n’ont pas été un long fleuve tranquille ! Ce mouvement radical a connu les dérives inhérentes à tout mouvement : des dérives ultra qui promouvaient des doctrines sectaires.
Ultra spiritualistes par exemple qui se donnaient des gourous prétendant par exemple instaurer le Royaume de Dieu sur la terre. Dérives toujours basées sur des révélations ou des visions séductrices de faux prophètes, qui débouchaient sur des comportements déviants condamnés par les catholiques et les protestants et à l’origine de guerres épouvantables. Mais il est toujours resté un noyau fidèle à la Bible et aux origines du mouvement. Des hommes sages et inspirés ont su recentrer le mouvement sur ses bases bibliques. En particulier Menno Simons, un personnage qui a été reconnu par certains princes de son époque qui désignaient les anabaptistes sous le nom de Mennonites.
Ultra conservateurs qui ont voulu cristalliser le mouvement dans un conservatisme exacerbé sous la direction, encore, d’une personne qui se disait inspirée. Cette mouvance s’est perpétuée dans le mouvement Amish bien connu en Amérique.
Les encyclopédies ou les dictionnaires ont souvent attribué, jusqu’à une époque très récente, le nom de secte à la référence ‘mennonite’ en raison de tous ces mouvements ultra qui ont défiguré l’image de l’anabaptiste d’il y a 500 ans.
Les choix politiques internationaux ont eu, eux aussi, des répercussions sur l’anabaptisme. Par exemple, en France, la question de la conscription obligatoire pour le service militaire, en contradiction avec la Confession de foi initiale mennonite concernant la non-violence, a provoqué un affaiblissement considérable des mennonites en raison des migrations vers l’Amérique. Un autre exemple, la révolution russe qui a provoqué l’exode de beaucoup de mennonites hors d’Europe. Le mouvement aurait pu disparaître, mais Dieu a permis des périodes de réveil, de retour aux bases d’il y a 500 ans !
Aujourd’hui, les mennonites ont retrouvé, ou essaient de retrouver, leur socle pluriséculaire toujours basé sur le baptême des adultes sur confession de leur foi. Aujourd’hui ce mouvement est présent sur les cinq continents dans le but d’évangéliser, mais aussi de venir en aide aux plus défavorisés de notre monde.
Que de reconnaissance de constater la fidélité de Dieu au long des siècles, fidélité manifestée en particulier lors des Conférences mennonites mondiales au quatre coins de la planète !
(Pour approfondir et connaître en profondeur cette épopée, s’adresser aux Editions Mennonites /Montbéliard)
Daniel MULLER
L’image est une gravure célèbre intitulée « Dirk Willems sauvant son poursuivant », datant du XVIIᵉ siècle. Elle illustre un épisode de la vie d’un mennonite néerlandais, Dirk Willems, arrêté pour sa foi anabaptiste. Selon le récit historique, alors qu’il s’échappait de prison en courant sur un étang gelé, son poursuivant tomba à travers la glace. Willems, malgré le danger et la possibilité de fuir, revint en arrière pour lui sauver la vie. Après cet acte de compassion, il fut repris et exécuté. cette image symbolise l’amour du prochain, la foi, et le pardon chrétien, même envers ses ennemis.