« Nous savons que Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment, appelés à se conformer au plan divin. » (Romains 8,28)

Jeudi 27 Novembre vers 18h00, en rentrant chez moi, je suis tombée dans la rue et me suis cassé le bras droit. Catastrophe ! Mais il y a des accidents plus terribles que cela. Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de réfléchir, en priant l’Esprit –Saint de m’éclairer, comment tout tourne au bien de ceux qui aiment Dieu.

Je ne veux pas m’appesantir sur le « pourquoi du mal » puisque Dieu ne m’a jamais donné de réponse à cette question(cf Jb 38), mais il me semble bon de chercher à comprendre en quoi je me suis mise dans cette situation malheureuse. Bien sûr, ça arrive à tout le monde de tomber ! Pourtant, j’aurais pu l’éviter si j’avais regardé où je mettais les pieds au lieu de me dépêcher inutilement. La maîtrise de soi est un fruit de l’Esprit à cultiver(Ga 5.22). Alors, une fois de plus, à moi d’en tirer la leçon, reconnaissant mon imperfection, pour recevoir la grâce de m’améliorer.

La Parole divine m’encourage à aller plus loin, car non seulement « quand survient l’épreuve, Dieu donne la force de la supporter et ainsi le moyen d’en sortir(1 Co 10.13), mais tout tourne au bien de ceux qui aiment Dieu. Alors j’ai profité de cet accident pour me mettre à l’écoute des événements, et avec Jean, mon mari, nous nous sommes dit que tout le bien que nous remarquions, ce qui nous amenait à une prière de reconnaissance.

D’abord nous avons reconnu la compétence du corps médical et soignant, mais aussi les valeurs humaines de chacun. J’ai eu une chance inouïe d’être tombée aux urgences sur un chirurgien de bonne réputation qui connaît notre médecin traitant ; de plus, le kinésithérapeute qui travaille avec lui à l’hôpital a pu continuer à me soigner à domicile. Nous avons eu tout de suite confiance en cette équipe compétente, dynamique et serviable. C’est beau et cela fait du bien. « Bénis chacun d’eux, Seigneur. Tu les connais et tu les aimes. Bénis aussi chaque personne soignante à laquelle je pense, si serviable et douce avec les malades .» Je remercie aussi le Seigneur de m’avoir donné de la bonté pour chacun, sachant combien il l’aime bien plus que moi. Du reste j’observe que lorsque je m’adresse à un tel en me souciant de lui au lieu de l’agresser (par exemple, « Vous avez beaucoup de travail », et non pas : « Il y a longtemps que je vous appelle ! », il me répondra avec douceur ne se sentant pas accusé par des reproches. Par ailleurs, en la personne désagréable ou agressive je vois une personne fatiguée, blessée et je demande à Dieu de venir à son secours.

Que c’est bon aussi d’avoir de bons amis, des frères et de sœurs en Christ, des voisines aussi serviables et attentionnées. J’ai même reçu des souhaits de bon rétablissement des personnes travaillant dans divers services administratifs. Des appels téléphoniques ont été de bonnes surprises, parvenant par exemple, de participantes au cours de gymnastique ou d’ailleurs. Tout cela m’a fait chaud au cœur. Je n’oublierai pas la valeur d’un mot, d’un coup de fil…c’est la vie qui circule dans le maintien de la relation.

La plus grosse difficulté pour moi, c’est de ne pouvoir conduire, donc de ne pouvoir me déplacer, faire mes courses. C’est là que je reconnais combien je suis privilégiée d’avoir habituellement une voiture. Les propositions de voiturage ont été nombreuses. Accepter sans abuser, proportionner la demande à ce que l’autre peut faire sans le surcharger, savoir exprimer sa reconnaissance avec délicatesse…c’est tout un art auquel je me suis appliquée en pensant saisir ainsi l’occasion de tisser des liens de solidarité et de réciprocité. Je ne suis pas d’accord avec les personnes qui veulent toujours se débrouiller toutes seules, au-delà de leurs forces ; je trouve qu’une telle attitude isole et coupe la relation. Bien sûr, il ne faut pas exagérer dans l’autre sens : accepter ou demander un service appelle la réciprocité, mais donne l’occasion aussi à celui ou celle qui propose ses services de faire une bonne action gratuite. C’est aussi avoir l’occasion de cultiver un peu d’humilité en reconnaissant ses limites et sa dépendance. L’amour du prochain ne passe-t-il pas dans la manière de s’intéresser à celui ou celle qui est à côté de soi ?

Je constate que, bien souvent, surmenage et préoccupation empêchent d’être disponible, et je me dis que je dois gérer ma vie dans le discernement de ce qui est le plus important aux yeux de Dieu. N’est-ce pas aimer son prochain comme Dieu nous aime dans la vie quotidienne ( Mt 25.35) ? Bien sûr, il y a d’autres façons d’aimer son prochain ; je le constate dans d’autres circonstances.

Aujourd’hui, c’est une prière de reconnaissance joyeuse qui jaillit en moi. Je remercie tous ceux et toutes celles qui ont prié pour moi, car je reconnais la grâce immense que je reçois en vivant de plus en plus de la bonté du Père céleste qui donne son soleil et sa pluie à tout être humain, l’injuste comme le juste (Luc 6.36). C’est une joie profonde qui guérit jusque dans le physique car mon rétablissement encore en cours est très rapide. Comme le dit le chant « Je t’aime de l’amour du Seigneur, je vois en toi la gloire de mon Dieu ». Ainsi, « Que toute ma vie glorifie le Seigneur ; « mais oui le Seigneur est bon : Alleluia ».

Odile Hassenforder

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