C’est une page ouverte sur quatre courtes méditations autour d’œuvres qui nous disent : oui, Il s’est revêtu d’un visage d’homme et d’enfant que des peintres ont tenté de nous donner à voir ; et, oui, Il continue encore à se laisse toucher ajoute à sa façon le cinéaste…

 

« Et nous… » par Sieger Köder :

Dans tout l’ancien testament, les hommes n’ont connu Dieu que par sa parole, ou certains très privilégiés l’ont aperçu de dos comme Moïse. Mais la venue de Jésus-Christ a tout changé. Et c’est ce qu’illustre admirablement cette œuvre de Sieger Köder, peintre et prêtre allemand du XXème siècle.
Cette image nous montre une scène de la nativité, scène représentée par beaucoup de peintres, sauf que là, à la place de l’enfant, se trouve un livre ouvert avec écrit en langue allemande : « Et le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous ; et nous… ».
Ces pages éclairent toutes les personnes présentes. « et nous… » (deux mots cités en fin du texte) est-ce que nous nous laissons éclairer chaque jour par sa parole ?
Nous ne pouvons voir Jésus en chair et en os comme l’ont pu ses contemporains, mais nous avons sa parole. Nous laissons-nous nous en imprégner ? Lui laissons-nous de la place dans notre vie ? Laissons-nous la parole diriger notre vie de tous les jours pour qu’elle puisse nous transformer et nous éclairer ? Pourquoi ne pas profiter de ce temps particulier de l’avent pour prendre du temps de la relire, l’écouter, afin que nous puissions proclamer avec Jean : « et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père ».
Annie

Au commencement était le Verbe

Et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. Pour Jean, l’Invisible est incarné, il devient Lumière. Il écrit comme Rembrandt peint, en contraste, passant de l’ombre à la clarté. Les visages tournés vers lui sont éclairés, tout le reste est dans l’ombre. Liturgie céleste, mais incarnée,  langage à la fois symbolique et pourtant tellement présent. Car croire au Fils, c’est bien accepter la vie au-delà de la mort, c’est donc passer des ténèbres à la lumière. Il est devenu le pain qui nourrit, l’eau qui désaltère, le vin qui vivifie, il est la Pâque nouvelle par son corps donné pour le salut du monde. Pour  Jean, chaque miracle a valeur de signe, mais sommes-nous capables de comprendre ces signes. Jésus nous parle, mais seule la foi nous permet de comprendre le sens de ses paroles.
Flory

Le tableau de Rembrandt intitulé : le « Visage du Christ » incarne particulièrement pour moi « et le Verbe s’est fait chair » car ces mots m’évoquent moins le Dieu petit enfant né d’une femme, que l’homme profondément seul au milieu des foules qui, aimantées par sa présence, par ses paroles étranges, par son pouvoir de guérir, le suivaient sans pouvoir comprendre ni sa mission ni son désir de leur révéler le Père.
Le regard de Jésus semble ici comme absent de ce monde, ailleurs. Comme si, en cet instant, il se sentait profondément étranger à cette humanité qui le presse constamment, à cette humanité qu’Il aime, enseigne et sert chaque jour et qui lui ressemble … sans lui ressembler vraiment.
« Et le Verbe s’est fait chair » me dit, dans le regard de ce tableau, la tristesse et la douceur de Celui qui « est venu chez les siens » et que les siens ne pouvait reconnaitre.
Françoise


Quand la chair s’est faite verbe… »

Intouchables, ces deux hommes le semblent vraiment dès le départ, isolés comme ils le sont par un handicap qui les met en marge de la société, mais d’une façon différente : François, joué par François Cluzet, est un paraplégique, exclu par son extrême dépendance, qui le livre au toucher des autres ; Driss, lui, est  exclu du fait de son origine et de son parcours.
Tout contact réel semble à priori impossible entre François et Driss, séparés  l’un de l’autre par toute la largeur de l’éventail social, avec toutes les conséquences que cela entraîne sur le langage, la culture, les goûts artistiques !
Mais les affinités sont plus profondes qu’il n’y paraît : l’énergie pour s’en sortir, l’humour, vont permettre aux deux univers de se toucher ; le miracle d’une amitié « impossible » s’accomplit, la chair devient verbe…..
Alain

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