Nous vous invitons à vous arrêter quelques minutes sur le sens de Noël, en suivant le cheminement spirituel de nos amis, qui ont médité pour vous ce verset de l’Evangile de Jean : « Et le Verbe s’est fait chair » (Jn 1.14). L’un pense à la conjugaison du verbe, une autre nous interpelle sur l’image de Dieu, un autre s’interroge sur le choix de cette proposition : dogmatique ou choix de vie ? Une autre nous fait toucher du doigt cette réalité : « en chair et en os », une autre nous parle des 7 milliards d’êtres humains… et vous , qu’en diriez-vous ?
…Le verbe s’est conjugué

 

Le verbe, au début de l’humanité, s’est promené parmi les hommes. Adam et Eve pouvaient le toucher, lui parler. Vous connaissez l’histoire, ils durent quitter le jardin d’Eden, le jardin du Verbe. Celui qui parlait. Depuis, il est resté invisible pour les hommes. Pourtant, il continuait à parler et se promenait incognito sur terre. Ne parlant qu’à de rares personnes qui voulaient bien l’écouter, sans le voir. Certains rendirent compte de ces rencontres exceptionnelles. On traita leur compte-rendu de verbiage. Certains théologiens conjuguèrent même le Verbe au passé. Il était une fois un Verbe. Maintenant le Verbe est mort. D’autres le conjuguèrent au futur. Un jour le Verbe reviendra, mais entre deux, le Verbe ne se conjuguait plus au présent.
Un jour Dieu décida de remédier à ce problème fondamental. Il se dit qu’en envoyant son Fils se montrer sur terre et devenir chair, d’habiller le Verbe en somme, il serait mieux entendu. Il voulait que le Verbe soit de nouveau conjugué au présent. Excellente initiative!
Effectivement le Verbe vint sur terre. Un soir de Noël. En chair et en os, mais pardonnez-moi, pourquoi s’est-il rendu si petit? Un Verbe ça trône au milieu de la phrase. Il est essentiel. Il faut qu’il soit mis en évidence. Pourquoi, s’est-il couché dans une crèche, au milieu du bétail? Il s’est montré en fanfare à des illettrés comme les bergers, soit! Il aurait dû utiliser un stabilo spirituel pour souligner sa présence aux lettrés, aux intellectuels, aux politiques de son temps pour annoncer en grande pompe son retour sur terre. Pire encore, il mit trente ans pour réécrire la phrase de ce monde. Ce monde qui ne se conjuguait presqu’exclusivement qu’avec le verbe avoir.
Hélas, le Verbe échoua lamentablement sur des morceaux de bois. Il avait déjà commencé sa carrière entre quelques planches qui firent office de crèche.
Un échec sur toute la ligne? Détrompez-vous! Il eut des disciples qui entendirent à nouveau le Verbe parler. Il retournait vers son Père, mais laissait une panoplie de verbes inconnus sur terre, comme servir, donner, aimer, protéger, encourager…
Reste toujours la question, mais pourquoi ne se montre-t-il pas sous son vrai visage?
Henri
Quelle image de Dieu ?

– Parole de Dieu  faite chair, Dieu mis au monde. Dieu qui vient à naître, Dieu qui vient au monde.  Cela bouleverse nos images de Dieu. Cela dit du neuf en Dieu, du jaillissement, de la nouveauté, du mouvement. Alors que nous voyons souvent Dieu du côté de l’immobilité.
– Parole de Dieu dans la fragilité d’un enfant. Dieu du côté de la fragilité, de la petitesse alors que nous le voyons du côté de la puissance et de la grandeur. Dieu, un enfant qui peut pleurer, qui a faim, qui boit le lait du sein de sa mère.
– Marie prend soin de lui : cela veut dire que Dieu a besoin de nous, de nos soins, de notre attention. Cela aussi peut bousculer nos images. Habitué-e à vouloir que Dieu prenne soin de nous, ici on nous le montre comme ayant besoin de nous, dépendant de nous.
Il s’agit là d’entrer dans une vie spirituelle adulte qui donne et se donne après avoir beaucoup reçu.
Michèle
Choix dogmatique ou choix de vie ?
Un sujet de méditation bien difficile ! Qui ne concerne rien moins que le mystère de l’incarnation, au cœur de la foi chrétienne. Celle-ci proclame que Jésus est l’expression humaine et parfaite du Dieu invisible.
Cette affirmation a fait couler beaucoup d’encre (et malheureusement de sang) dans les siècles passés ; y compris entre des sensibilités chrétiennes différentes au début de l’Histoire de l’Eglise ; certaines accentuant le caractère humain, d’autres le caractère divin de Jésus : quel équilibre trouver ? Epineuse question pour les premiers conciles ! Avant d’en arriver finalement au credo resté en vigueur aujourd’hui.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Pour les incroyants, c’est incompréhensible, et donc rejeté au nom de la raison moderne ; et pour les chrétiens ? Beaucoup d’entre eux semblent ne pas se poser trop la question ; les discussions théologiques ne provoquent plus autant de passions, c’est peut-être un bien ! N’est-il pas préférable de vivre sa foi, plutôt que de se perdre dans des considérations intellectuelles qui ne concernent que les spécialistes ?
Mais s’il y avait un rapport plus important que l’on ne croit communément entre ce choix dogmatique et notre vie de foi ?
Si Jésus est venu « habiter parmi nous » (Jean 1, 14 toujours), c’est pour que nous recevions « de sa plénitude » (Jean 1, 16) ; c’est pour que notre relation avec lui soit à l’image de celle qu’il a avec son Père, une relation d’intimité et d’amour profonde, dont le lien organique entre un sarment et un cep de vigne peut donner une image (Jean 15, 2ss) ; seule cette relation peut nous mettre en relation avec le Père, le vigneron (« Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler » – Matthieu 11, 27b).

L’existence (ou l’absence) de cette relation a des conséquences très concrètes dans notre vie de chrétien ; elle permet, ou non, au Verbe divin de produire les fruits attendus par le vigneron (« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire » –  Jean 15, 5b) ; des fruits qui montrent alors que le Verbe s’est fait chair en nous.
Alain

… en chair et en os

…Viande, sang, luxure, péché, douleur, souffrance sont des mots que l’on peut relier au vocable « la chair » ; mais également tendresse, malléabilité, douceur, danse…
On pourrait presque dire « et le Verbe s’est fait humilité », ou bien « et le Verbe s’est rendu accessible ».
Paul, dans sa lettre aux Philippiens, disait déjà que Jésus existant en forme de Dieu s’est dépouillé lui-même. Il s’est dévêtu de son habit royal pour prendre une forme de serviteur. Le Verbe créateur a endossé une forme d’homme !
On parle parfois d’une personne publiquement connue en disant d’elle, je l’ai vue « en chair et en os ». Comme si cela attestait de nos dires pour nous-mêmes ou nos auditeurs.
Dieu est venu « en chair et en os » en tant que Jésus-Christ nous attester qu’Il s’intéresse bien aux humains que nous sommes.
Il est devenu l’un des nôtres avec un corps et une âme mortels, des mains qui ont dues travailler mais qui ont béni – une âme qui a ressenti des émotions comme la tristesse ou la colère mais qui a transmis la joie, la force, l’amour –  un esprit immortel rempli du St Esprit. En l’écoutant ce verbe, nous pouvons comprendre ce qu’est la Vie et que nous pouvons aussi la transmettre dans notre état d’être humain. Etant dans la chair, nous pouvons être parole de Vie, le Verbe de Dieu pour nos familles, amis, contemporains.
Colette
… pour 7 milliards

Ce Verbe, c’est celui par lequel le monde fut créé ; « Dieu dit : « que la lumière soit », et la lumière fut » (Gen 1.3). « Car lorsqu’il a parlé, cela s’est fait, lorsqu’il a commandé, cela est apparu » (Ps 33.9).
Ce Verbe a accepté, a risqué de prendre les limites d’un corps de chair fragile, pour redonner Vie à l’humanité, pour la sauver, pour la conduire dans la lumière, vers un univers nouveau (Ap.21.4-5). Quelle puissance !
Nous sommes 7 milliards d’habitants sur Terre, 7 milliards d’êtres humains qui peuvent crier vers Toi, Ô Eternel, de leurs profondeurs (Ps 130.1), car Tu envoyas Ta Parole, Tu les guéris, à la fosse Tu arrachas leur vie (Ps 107.20).
Nous sommes 7 milliards d’êtres de chair, aujourd’hui, qui pouvons nous tourner vers Jésus, nous laisser vivifier et transformer par le Verbe, car Il s’est fait chair.
Marie-Thérèse

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