Matthieu 6. 30

«Si Dieu habille avec élégance
La petite fleur des champs
Qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu,
A plus forte raison
Ne vous vêtira-t-il pas vous-même ?
Ah, votre foi est encore bien petite… »

 Comme pour la fleur des champs, Dieu nous donne sa vie gratuitement.

Quand tout va bien, il est facile de remercier Dieu pour tous ses bienfaits, de réaliser que le Créateur anime toute sa création, qu’Il la renouvelle constamment, Lui qui nous donne vie, mouvement et être (Actes 17.25).
Quand arrive la tempête, nous voilà ébranlés.

C’est difficile de croire, d’être sûr que Dieu pourvoit si nous ne sommes pas enracinés dans cette confiance qu’Il n’a pas changé et s’occupe de nous dans cette nouvelle situation. Notre panique, notre angoisse nous rendent bien souvent aveugles. Préoccupés, obsédés même parfois par l’événement, envahis par nos sentiments, nous appelons au secours sans nous rendre compte que celui-ci arrive par une autre voie que celle attendue par notre regard à courte vue.
Assez curieusement, ma foi en notre Dieu qui est puissance de vie s’est développée à travers la découverte des nouvelles approches scientifiques qui transforment notre représentation du monde. Dans cette nouvelle perspective, j’ai compris que tout se relie à tout et que chaque chose influence l’ensemble. Tout se tient, tout se relie. Pour moi, l’action de Dieu s’exerce dans ces interrelations. Dans cette représentation, Dieu reste le même, toujours présent et agissant à travers le temps.

Je fais partie de l’univers. Je me sens reliée à toute la création. Mon attitude, mon action ont une influence, très souvent sans qu’on en ait conscience du reste. Et, à l’inverse, à moi de réagir aux influences que je reçois. Le rationnel rejoint en moi le domaine émotionnel : cette cohérence situe mieux ma foi qui entre dans ce mouvement.
Alors, dans un tel contexte, je conçois sans difficulté que Jésus-Christ ressuscité relie l’humanité comme l’univers au Dieu Trinitaire. Dans cette vision, tout naturellement, enracinée en Christ, je crains de moins en moins la tempête malgré les sensations, les sentiments qu’elle peut susciter. Je sais que le Père, dans sa bonté infinie, veut et manifeste le meilleur pour moi (Deut . 30.9) puisqu’il veut notre bonheur à tous. Sachant que l’Esprit m’éclaire, m’aide et me conduit dans la vérité, ce qui est juste pour moi, je m’attends à Lui, attentive aux évènements, intuitions…dans la reconnaissance et la louange. Comme pour la fleur des champs, Dieu pourvoit « avec élégance ».

Notre foi est encore bien petite ? Elle peut grandir, mais…il faut le vouloir ! Dieu est grand, beau et bon. Quelle merveille !

Odile

Les fleurs témoignent de l’abondance du ciel

Je suis toujours étonné par la prodigalité divine. Combien de fleurs souvent minuscules sont habillées somptueusement même lorsqu’elles poussent à l’abri des regards. Beautés fragiles, éphémères comme le rappelle Jésus, les fleurs témoignent de l’abondance du ciel et nous pointent du doigt, ou plutôt du pétale : « cherche d’abord le Royaume de Dieu et le vêtement te sera donné en plus ». Déjà les Hébreux en marche dans le désert avaient éprouvé cette réalité, leurs vêtements ne se sont jamais usés, c’est plutôt leur foi qui s’est déchirée et qui est tombée en morceaux. Dans ce cas chercher le Royaume ne serait-ce pas chercher le vêtement caché, celui de l’être intérieur, celui qui doit nous vêtir pour l’éternité ? Les lis des champs nous poussent à placer notre foi au bon endroit en nous souciant d’abord de la parure intérieure (1Pi 3:3), celle qui échappe au piège de l’orgueil car c’est le Seigneur qui l’apprécie et la juge. Chercher le vêtement intérieur c’est montrer pour qui nous vivons, sous quel regard nous nous plaçons en priorité. Notre enveloppe extérieure et ses habillages disparaîtront et seuls nos vêtements de salut et de louange (Es 61:3,10) nous vêtiront au Jour du Seigneur.

Les fleurs dans leur éclat passager nous poussent à chercher le vêtement blanc (Ap 3:18), l’habit de fin lin (Ap 19:8) très à la mode dans le ciel.

C’est cet éclat intérieur, fruit de la justice de christ, qui nous fait briller dans ce monde comme les lis dans les champs. A l’heure de la protection de l’environnement tout azimut pour sauver les lis et autres espèces, saurons-nous cultiver notre tenue intérieure pour ne pas paraître nus quand Il reviendra nous chercher ? (Ap3:17)

C’est si bon de chercher premièrement le Royaume de Dieu.
Merci les fleurs.

Christian

Chez toi est la source de la vie.

Jésus s’adresse à nous en nous rappelant la puissance créatrice de Dieu. Dieu n’a pas seulement créé le monde. Il continue sa création. Il est à l’œuvre aujourd’hui. « Le Père céleste nourrit les oiseaux (Mat 6/26). « Il revêt les lis sauvages » (Mat 6/29).La parole de Jésus reprend ainsi l’enseignement des Psaumes : « Tu secours, ô Eternel, et les hommes et les bêtes . Que ton amour est précieux, ô Dieu ! Sous tes ailes, les humains se réfugient… Ils savourent les richesses des festins de ta maison. Au torrent de tes délices, tu leur donnes à boire. Car chez toi est la source de la vie » (Ps 36/8-10).
Oui, l’amour de Dieu est immense et généreux. « Il distribue son pain à toute créature. Oui, son amour dure à toujours » (PS 136/25). La puissance et la générosité de Dieu doivent nous inspirer au plus profond de notre comportement, nous dit Jésus : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Ainsi vous vous comporterez comme des enfants de votre Père céleste, car lui, il fait luire son soleil sur les méchants comme sur les bons et il accorde sa pluie à ceux qui sont justes comme aux injustes » (Mat 5/45). Participons à la circulation de sa grâce !

Jésus nous apprend que ce Dieu puissant et généreux veut se révéler à nous comme un bon Père Céleste à l’instar de la relation que Jésus entretient avec Lui. Si nous adhérons à cette vision, nous entrons naturellement dans une relation personnalisée qui appelle la confiance. Jésus nous dit : « Demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira » (Mat 7/7). Si Dieu communique, à tous les hommes, une énergie vitale : le soleil, la pluie, la nourriture, à combien plus forte raison, comblera-t-il ceux d’entre eux qui entrent dans une relation d’amour avec Lui, une relation personnalisée à travers laquelle les obstacles à la réception de ses bienfaits peuvent tomber.  Il prend soin de ceux, qui adhérant à ses lois de vie, participent à son œuvre, l’avancement du « Royaume de Dieu ». Dans cette position, il nous sera donné, et même recommandé de puiser, par la foi, dans le potentiel qui nous est accordé par la puissance de Dieu. «  Ah ! votre foi est bien petite ! » (Mat 6/30. Mat 8/26) : à plusieurs reprises, Jésus nous appelle à grandir dans cette vision. Les « païens » reçoivent beaucoup de bienfaits de Dieu, mais ils n’en ont pas conscience et ils s’inquiètent. « Si nous faisons du règne de Dieu et de ce qui est juste notre préoccupation première », Dieu répondra naturellement à nos besoins. (6/32-34).

Nous recevons la parole biblique dans notre contexte culturel. Je comprends mieux aujourd’hui cette vision exprimée par Jésus. Certes, ce texte, à travers l’évocation des oiseaux du ciel, avait une grande vertu poétique. Et la finale : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît » résonnait avec la force d’une évidence spirituelle. Mais la culture dominante, héritée du XIXè siècle faisait écran à la perception de l’œuvre créatrice de Dieu et à sa présence aujourd’hui dans la création. L’homme ayant découvert les lois intangibles gouvernant le monde, le « Dieu horloger » paraissait lointain. L’homme dominant la nature avait oublié qu’il en faisait sensiblement partie. Dans la logique cartésienne, l’intellect humain occupait la place centrale, jusque dans la méconnaissance du corps. On est bien loin ici de la vision « holistique » qui apparaît en Matthieu 6.
Cependant, au cours du XXè siècle, une nouvelle vision scientifique est apparue. Si les mentalités sont encore influencées par les apparentes évidences du passé, un nouveau paradigme est né, à travers notamment la mécanique quantique, la théorie de l’information, la théorie du chaos, la science des systèmes vivants …La réalité n’est plus séparable de son observation par l’esprit humain. La matière est inséparable d’une énergie en interaction. L’esprit humain lui-même est en interdépendance avec le corps et influence celui-ci (1).  Bref, dans cette nouvelle perspective, apparaissent constamment des interconnections, des interdépendances. Tout se tient. Et sur le plan de la connaissance, les scientifiques et les théologiens entrent à nouveau en dialogue (2).
Dans cette perspective holistique, systémique, globale,  la pensée de Paul, telle qu’il l’exprime auprès des athéniens, nous paraît particulièrement pertinente : « C’est Dieu qui donne à tous les hommes , la vie, le souffle et toutes choses » (Actes 17/25). « Dieu n’est pas loin de chacun de nous, car en Lui, nous avons la vie, nous pouvons nous mouvoir et nous sommes » (Actes 17/28).

 Oui,  dans une perspective où tout se tient, on comprend mieux la présence agissante de Dieu dans tous les registres de la vie. Et, dès lors, les expressions bibliques s’accordent à nos intelligences et elles résonnent dans nos ressentis. Dans cet éclairage, nous lisons les paroles de Jésus en Matthieu 6/25/34 avec un regard renouvelé.  J’admire les merveilles de la nature et l’œuvre des hommes à l’image de Dieu en exprimant ma reconnaissance au Créateur. Et ce ressenti peut se manifester dans des circonstances très concrètes.  Tout ce que nous recevons de Dieu : l’existence, les relations bienfaisantes, les énergies vitales qui nous sont données, sont des bénédictions qui nous portent à l’action de grâce.
Certes, nous pouvons être également confrontés à l’orage et à la tempête, à des moments où nous sommes pressés, oppressés, assiégés. Dieu nous dit alors qu’Il n’est pas seulement le Dieu de la Création, mais aussi le Dieu de la Libération. Il a autorité , Il est Seigneur par rapport à toutes les manifestations du mal.  Nous recherchons son abri et sa protection. « Que ton règne vienne… Garde nous et délivre nous du mal, car c’est à toi qu’ appartiennent le règne, la puissance et la gloire ». Là aussi, je puis regarder à la bonté de mon Père céleste. Que, par sa grâce, je reçoive de Lui, pleine assurance !
« L’Eternel est un grand Dieu…Il tient dans sa main les profondeurs de la terre. La mer est à lui… la terre aussi. Il est notre Dieu. Nous sommes le peuple de son pâturage… » (Ps 95).

Jean

 Notes

(1) Deux livres, présentés sur ce site, nous informent sur le mouvement actuel des idées en ce domaine et le renouvellement des horizons. ° Staune (Jean). Notre existence a-t-elle un sens ? Une enquête scientifique et philosophique. Préface de Trinh Xuan Thuan. Presses de la Renaissance, 2007. « En physique », nous dit l’astrophysicien, Trinh Xuan Thuanh, « après avoir dominé la pensée occidentale pendant trois cent ans, la vision newtonienne d’un monde fragmenté, mécaniste et déterministe a fait place à celle d’un monde holistique, indéterminé et débordant de créativité ». Aujourd’hui, la science et la spiritualité sont deux fenêtres complémentaires qui permettent à l’homme d’appréhender le réel ». Ce livre majeur est présenté par son auteur sur son site : **Voir le site lesensdelexistence.fr**  Une présentation sur ce site (culture) : Notre existence a-t-elle un sens ?   °Janssen (Thierry). La solution intérieure. Vers une nouvelle médecine du corps et de l’esprit. Fayard, 2006. Présentation sur ce site (développement personnel) : Vers une nouvelle médecine du corps et de l’esprit. Guérir autrement .

(2) Moltmann (Jürgen). Le rire de l’univers.Traité de christianisme écologique. Anthologie réalisée et présentée par Jean Bastaire. Cerf, 2004. «  Moltmann », écrit Jean Bastaire , « en revient à l’authentique foi juive et chrétienne, Ancien et Nouveau Testament réunis, pour qui la terre n’est pas une prison, mais un jardin dont il faut retrouver la splendeur et la fécondité initialement prévues et entravées par le péché, et dont le Verbe fait chair est venu promouvoir l’épanouissement ultime ».  Jürgen Moltmann  nous présente une théologie de la création considérant à la fois la transcendance et l’immanence de Dieu. « Dieu n’est pas seulement le créateur du monde, mais aussi l’Esprit de l’univers. Grâce aux forces et aux possibilités de l’Esprit, le Créateur demeure auprès de ses créatures, les vivifie, les maintient dans l’existence… » . Voir sur ce site : Au pays de la théologie (culture) ; Pâques manifeste la plénitude de Dieu (ressourcement).

Photo extraite de Flickr     **Voir le site**

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