Emilie et Gabriel MONET lancent cet été un nouveau lieu d’accueil pour des retraites spirituelles, un projet qui désire être en phase avec les besoins spirituels de notre époque. Ils partagent avec Témoins, dont ils sont proches, leur vision… Tous deux professeurs de théologie (Emilie en Nouveau Testament et spiritualité, Gabriel en théologie pratique et missiologie), ils initient donc un pas de côté dans leur ministère.
Il y a des projets qui émergent au carrefour de l’audace et de l’évidence. Un jour, on s’aperçoit que ce qu’on portait en soi depuis longtemps et qui s’est développé au travers d’un parcours de vie en appelle à un jaillissement. À devenir lieu. C’est dans cet élan que l’Esperluette est en train de naître. Une esperluette, c’est ce petit signe « & » qui relie les choses entre elles : les mots, les idées, les personnes. C’est un lien.
Depuis plusieurs mois, nous cheminons avec cette conviction, celle de créer un espace, un lieu qui fasse lien, simple et habité, où la vie spirituelle puisse s’enraciner, se nourrir, s’épanouir. Un lieu de prière, de silence, de parole. Un lieu de halte et de traversée.
L’Esperluette, c’est donc une vision. Une vision de la vie spirituelle comme un chemin de lenteur et de profondeur. Une vision de l’accueil comme une manière de vivre l’Évangile. Une vision de l’Église comme un corps ouvert, respirant, traversé de prière et de service.
Nous y vivrons des offices quotidiens, des retraites silencieuses ou guidées, des temps de fraternité et de prière partagée, des formations… Nous y proposerons une écoute sans condition, un accompagnement bienveillant dans les étapes de la vie, un soutien pour les chercheurs de sens, les jeunes ou moins jeunes, les couples, les pasteurs… Nous y publierons et cultiverons — la parole, la terre, la beauté.
Ce lieu, nous le concevons enraciné dans une tradition protestante hospitalière, ouverte aux autres traditions chrétiennes, comme à toutes les personnes en quête d’un Dieu qui se dit dans le silence, dans la simplicité, dans l’amour. Nous croyons que de tels lieux sont importants aujourd’hui. Parce que nos vies sont souvent fragmentées, pressées, tiraillées. Et qu’il est bon de revenir à l’essentiel. De s’arrêter. De respirer. De se laisser rejoindre.
Le hameau de Callon
Situé sur la commune de Mars (en Ardèche), en bord de rivière (le Lignon du Velay), limitrophe du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), et entouré de six hectares de prairies et de bois, le hameau de Callon (son nom géographique et historique) est composé d’une maison d’habitation, d’un gîte, d’un mazet, d’un moulin, de deux granges (à rénover) et d’un fournil.
Isolé en pleine nature, le hameau est propice à la tranquillité, à la méditation, au silence, à une vie simple, en communion avec la nature. La petite route qui y mène s’y arrête et se transforme en sentiers de randonnée… comme une invitation à se (re)poser, ralentir et s’ouvrir à des chemins intérieurs. Située à quelque 1000 mètres d’altitude, la propriété offre une diversité d’environnements : des sapins majestueux sont les remparts du hameau ; le Callon (le ruisseau qui a donné son nom au hameau) dévale sa pente ; genêts, fougères et myrtilles tapissent la forêt ; une petite plage borde le Lignon ; les animaux de la forêt se laissent furtivement croiser… bref, tout invite à la contemplation. On y vit les quatre saisons, avec le calme et la blancheur de la neige en hiver, le renouveau du printemps, de belles journées estivales aux nuits toujours fraîches, et un automne que la variété des arbres rend multicolore.
Le « plateau du Lignon », sur lequel se situe Callon, est un lieu chargé d’histoire, notamment pour le protestantisme puisque de nombreuses églises et communautés s’y sont développées au cours du temps. L’histoire a pris une tournure particulière pendant la seconde guerre mondiale lorsqu’à l’initiative de deux pasteurs, un réseau de résistance y a vu le jour et a contribué à prendre soin et sauver de nombreux enfants juifs, ce qu’a raconté le film « La colline aux mille enfants ». Le hameau de Callon fut l’une de ces fermes refuges.
Un nom et un logo
L’Esperluette, c’est un projet, un lieu, mais avant tout un désir d’être en lien. En lien avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec soi. Son nom, inspiré du symbole &, reflète cette vocation de lien et d’union.
Le sigle &, connu sous le nom d’esperluette, est issu de la ligature latine des lettres e et t du mot « et » (& & &). Son usage remonte à l’Antiquité, où il servait à relier les idées et les mots. Au fil du temps, il a été adopté dans différentes langues et cultures comme un symbole de continuité et d’association. Son nom en français, « esperluette », vient d’une déformation de l’ancienne expression et per se et, qui signifiait « c’est pour le et ». Il était prononcé en fin d’alphabet par les écoliers. Ce symbole, chargé d’histoire, trouve une résonance particulière dans le projet de l’Esperluette, vecteur d’occasions de tisser des liens et de redonner du sens à l’ensemble de nos relations.
Le & du logo incarne donc l’idée de lien et de connexion, mais il porte également un message spirituel profond. En effet, une croix se dessine avec évidence, faisant écho à la figure du Christ, qui, par sa vie, sa mort et sa résurrection, a rétabli le lien entre Dieu et l’humanité. Ce symbole central rappelle que toute connexion véritable prend sa source dans cette relation fondamentale avec Dieu. Les couleurs choisies pour cette croix sont un mélange de vert et de bleu, évoquant respectivement l’espérance et la nature d’une part, le ciel et l’infini d’autre part. Cette palette harmonieuse invite à un voyage intérieur, entre enracinement et élévation.
L’apostrophe, en reprenant la couleur bleu-vert, unit visuellement le logo au nom l’Esperluette et fait écho à sa vocation première, qui elle aussi est de relier. Elle devient un pont subtil entre le signe graphique et le message porté par le projet.
L’Esperluette se veut un refuge, un lieu et des rencontres où l’on prend le temps de prier, de respirer, de réfléchir et de se recentrer. Que ce soit pour une pause spirituelle, une retraite personnelle, un moment de partage en communauté, un temps de formation, l’Esperluette invite chacun à s’arrêter, à écouter et à se laisser renouveler dans la présence de Dieu. Dans cette démarche, la croix au cœur du symbole rappelle l’amour du Christ, qui relie le ciel et la terre, et ouvre un chemin de vie, d’espérance et de communion.
Une inspiration : Finkenwalde de Dietrich Bonhoeffer
Même si un projet naît souvent de plusieurs inspirations, certaines sont marquantes. Pour l’Esperluette, la maison fraternelle de Finkenwalde, initiée par Dietrich Bonhoeffer, est particulièrement signifiante.
Bonhoeffer connaissait bien la vie monastique, à travers ses lectures, ses études, mais aussi des séjours dans des monastères qui l’ont profondément marqué. Il était fasciné par la place centrale de la prière, le rythme qu’elle impulse, la vie communautaire, mais aussi le silence. Son projet de formation pour les futurs pasteurs repose sur une vision holistique, mêlant vie spirituelle, étude et travail manuel, dans un cadre de « vie commune, concrète et sobre ». Il voyait aussi le besoin d’un « refuge spirituel pour se fortifier », d’une discipline spirituelle et d’un accompagnement pour lutter contre l’isolement des jeunes pasteurs. Ce projet, mûrement réfléchi, a vu le jour officiellement le 1er janvier 1935, lorsque Bonhoeffer prend la tête du séminaire. Deux semaines plus tard, il écrit à son frère :
« Le renouveau de l’Église devra sans nul doute venir d’une sorte de nouveau monachisme qui n’aura avec l’ancien qu’un point commun : une vie menée sans compromission selon le Sermon sur la montagne, en tant que disciple du Christ. »
Bonhoeffer insiste sur le fait que cette maison fraternelle ne visait pas le retrait du monde, mais plutôt une « concentration intérieure pour le service extérieur ». Prendre soin de l’intériorité pour ensuite fructifier en extériorité. Il écrit :
« La vie chrétienne ne peut avoir aujourd’hui que deux aspects : la prière et l’action pour les hommes, selon la justice. »
Finkenwalde n’a maheureusement existé que deux ans, mais cette expérience fut l’occasion, pour lui comme pour les pasteurs en formation, de vivre un projet où l’on cherchait à « structurer le temps, l’espace, les rapports humains, les pensées et jusqu’aux sentiments selon l’Évangile ». C’est dans cette lignée que l’Esperluette souhaite s’inscrire
Une retraite à l’Esperluette, cela se passe comment ?
Dans l’avenir, certaines retraites spécifiques seront organisées (retraite de groupe, retraite thématique avec enseignements, retraite pour pasteurs…), mais dès à présent des retraites individuelles ou de couples sont ouvertes.
Voici quelques éléments clés d’une retraite spirituelle à l’Esperluette :
- Une alternance entre solitude et vie communautaire. Chaque journée de retraite est rythmée par des temps de silence et de solitude, mais aussi par des moments partagés : prières à la chapelle (trois offices par jour à 8h00, 12h30 et 18h30), repas pris ensemble et parfois un travail manuel en groupe. Un accompagnement personnel peut être demandé.
- Une alternance entre repos, prière et travail. Le temps de retraite est avant tout un moment pour se reposer… et aussi se re-poser. L’accueil est pensé pour favoriser ce recentrage. La participation aux activités manuelles n’est pas obligatoire, mais elle est toujours la bienvenue si vous en avez l’élan !
- Une alternance entre intériorité et ouverture à l’extérieur. La chambre devient, pour quelques jours, une petite « cellule monastique ». Des espaces communs chaleureux sont également à disposition. Et surtout, la nature environnante offre une véritable « chapelle à ciel ouvert » et de nombreuses balades sont possibles sur la propriété ou depuis le hameau.
L’Esperluette est dorénavant ouverte, et dans cette période de commencement, vous pouvez d’ores et déjà prendre contact pour aller y faire retraite (entre juillet et octobre).
Pour nous écrire, nous soutenir, envisager une retraite : contact@lesperluette.info
Adresse : 630 chemin de Callon 07320 Mars