« Accueillis et portés par l’Université catholique de Lille avec le soutien actif du diocèse, les Etats Généraux du Christianisme auront lieu les 23, 24 et 25 septembre à l’invitation du magazine « La Vie ». De grandes personnalités de toute église et de tout bord viendront à votre rencontre pour trois jours de débats publics ouverts à tous, mais aussi de fête et de célébration ».


Les intentions

Les organisateurs nous disent ainsi leurs intentions :


Traverser les frontières.

« Sans nier les clivages anciens ou nouveaux, nous voulons ouvrir un espace. Plus social ou collectif pour les uns, plus spirituel et personnel pour les autres, le dialogue doit être celui de toutes les générations. Les Etats Généraux du Christianisme seront donc ouverts à ceux qui veulent changer leur Eglise comme à ceux qui veulent la conserver face au monde qui change. Ceux qui sont catholiques, ceux qui sont protestants, ceux qui sont orthodoxes, mais aussi ceux qui doutent et veulent espérer, ceux qui se sentent touchés par l’Evangile, ceux qui pensent trouver dans le christianisme le sens de leur vie personnelle ».

Des renouvellements.
« Tout n’est pas déclin, dissolution, déprime. Les renouvellements existent. Des figures, des communautés, des Eglises rayonnent fortement. De nombreux jeunes expriment de vigoureuses attentes spirituelles. Les chrétiens demeurent en sentinelle sur les questions les plus brûlantes : la définition même de l’homme, la justice, l’écologie, la vie. Jamais on n’a autant lu la Bible. Des possibilités inattendues d’annoncer l’Evangile surviennent. On constate, plus vif que jamais, un évident désir de sens. Les attentes de la société se manifestent autour de grandes questions que sont la naissance, l’amour, la fragilité, la mort et autour de valeurs que n’offrent pas la société consumériste. De nombreux artistes et intellectuels s’en font l’écho. D’une certaine façon, c’est maintenant que tout commence. Ces premiers Etats Généraux du Christianisme veulent accueillir l’espérance pour une période charnière »
.
Un événement.
Les organisateurs font écho à la réussite de grands rassemblements outre Rhin et au succès de nombreuses rencontres en France. Mais, dans notre pays, « aucun forum ne permet à des chrétiens de toute sensibilité de se retrouver. Et partout l’expérience montre un grand désir de se retrouver… ».

Le projet.


Réunis à l’invitation de la Vie, les premiers Etats Généraux du Christianisme se tiendront les 23, 23 et 25 septembre 2010 pour répondre à une seule question : « Notre époque a-t-elle encore besoin de Dieu ? ». Des dizaines d’intervenants, parmi les plus grands théologiens, artistes, décideurs, intellectuels et personnalités de la société civile participeront à des débats pluralistes. Des milliers de participants sont attendus pour ce qui se veut d’abord un temps de rencontre,  de fête et de célébration autour du Christ qui réunit tous les hommes et toutes les femmes. Tous se demanderont quels sont la place et le rôle du christianisme dans la société contemporaine, comment transmettre la foi, comment annoncer l’Evangile ».   ** Voir le site **

L’organisation


Plus de trente débats thématiques.

Pendant 1h30, 2 interlocuteurs parmi les plus grands théologiens, artistes, intellectuels et personnalités de la vie civile dialogueront ensemble pour ouvrir ensuite un débat avec la salle. Les questions abordées sont extrêmement variées : Bien vieillir, une affaire spirituelle ? Faut-il un nouveau Concile ?  Peut-on encore faire confiance ? La science a-t-elle un  sens ? Refonder l’économie. Oui, mais comment ? …. Ces questions concernent aussi bien la vie personnelle, la société et la culture, la vie ecclésiale.

Trois séances plénières.

Quelle présence chrétienne dans le débat public ? Notre vie a-t-elle un sens ? Evangéliser, annoncer la foi, est ce provoquer ? Ce sont là des questions bien choisies, car tout à fait majeures dans leur diversité.

Douze ateliers : corps et prière.
Quelques thèmes : Se libérer corps et voix . S’asseoir et contempler. Souffle, voix et prière… Les organisateurs ont fait le choix de cette approche pour aborder l’expérience spirituelle. A en juger par les réservations, de nombreux participants apprécient.

Une nuit de prière.
Organisée, en l’église Saint Meurice, par la Fraternité  diocésaine des Parvis, une communauté ouverte aux aspirations des gens d’aujourd’hui, une « grande traversée de la prière chrétienne » est organisée de 22 heures à 7 heures du matin. Elle comprendra des séquences diverses : « gospel, office monastique, prière de Taizé, adoration, office orthodoxe.. ».
L’assemblée de prière charismatique est certainement une innovation majeure apparue au cours des dernières décennies. Elle accorde notamment une part importante à la louange qui  se manifeste aujourd’hui, à l’échelle internationale, à travers un nouveau genre musical. Quelle place lui sera accordée ? Autre question : le témoignage personnel est devenu aujourd’hui une expression chrétienne majeure. En effet, il permet de reconnaître l’œuvre de Dieu dans la vie de chacun et d’en partager les bienfaits. C’est une belle réponse à la question : « Notre époque a-t-elle encore besoin de Dieu ? » On aurait pu concevoir, en plus de la série actuelle consacrée à « corps et prière », un ensemble d’ateliers consacrés au partage du vécu chrétien. Quelle place va-t-elle être donné au témoignage dans le volet « spiritualité » de ces Etats Généraux ? Bref, il est important de prendre en compte les nouveaux modes d’expression.


Une ouverture.

    Ancré dans le courant du christianisme social, le magazine « La Vie » s’appuie ainsi sur une culture bien  reconnue dans le catholicisme français et généralement perçue aux alentours comme une culture d’ouverture. Le choix de la ville de Lille est, à cet égard, significatif et proclamé comme tel. C’est un bon point de départ. Ce projet mobilise des forces vives sur des thèmes qui concernent l’ensemble des chrétiens et beaucoup de personnes en recherche. Les personnalités invitées sont effectivement compétentes et diverses. On entend l’inspiration d’ouverture fortement exprimée dans les intentions. La question choisie : « Notre époque a-t-elle encore besoin de Dieu ? » ouvre un champ très large pour le dialogue. Cependant, à ce propos, on peut se poser la question : de quel Dieu s’agit-il ? Il y a donc là un besoin d’élucidation et de discernement. Bien sûr, les sujets abordés sont déjà très nombreux. On peut se demander si ce thème majeur ne mérite pas une plus grande attention (1).

Ces intentions comportent une belle analyse des renouvellements en cours. Il y a  dans ce passage un souffle et une vision : « D’une certaine façon, c’est maintenant que tout commence. Ces Etats généraux veulent accueillir l’espérance pour une période charnière » Apprendre à observer ce qui bouge en positif, c’est aussi reconnaître l’œuvre de l’Esprit. On peut se demander si la conception du programme permet d’aller jusqu’au bout dans la mise en valeur des mouvements de fond qui apparaissent aujourd’hui à l’échelle mondiale : montée de cultures nouvelles, de nouvelles expressions chrétiennes, de nouveaux modes de faire Eglise, d’une conscience nouvelle de la réalité spirituelle, d’une théologie de l’espérance et de la vie. (1) Cependant la démarche se situe résolument dans une perspective dynamique. On y insiste sur l’importance de la rencontre et du dialogue. Le temps des débats est accompagné par une proposition d’ouverture à un vécu spirituel. Ces dispositions d’esprit, ces propositions porteront nécessairement des fruits.

On ne peut cependant passer ici sous silence le constat du déclin d’une institution en déphasage avec notre époque. Le problème est, semble-t-il contourné. Certes, il n’est pas ignoré. Il est abordé dans plusieurs débats.  De même, on n’y appelle pas ou peu à l’évocation d’une église émergente, de nouveaux modes de faire église, voire d’une expérience spirituelle qui s’exprimerait en dehors des cadres établis. On insiste plutôt sur la nécessité de développer un dialogue entre « ceux qui veulent changer leur église et ceux qui veulent la conserver face au monde qui change ». On comprend cette problématique, mais par rapport au problème de l’innovation, elle nous paraît limitative.  Cependant appeler à des « Etats Généraux du Christianisme », c’est aussi ouvrir une porte à des dynamiques nouvelles comme ce fut le cas dans le passé, particulièrement au Concile Vatican II. On notera pourtant le temps limité des débats thématiques et la grande diversité des sujets. Par ailleurs, le thème même de la pertinence des églises ne fait pas partie des questions abordées en séance plénière. L’équipe d’animation aura donc sur ce point un rôle important à jouer.   Quoiqu’il en soit, cette rencontre est donc une étape . Car tout dialogue porte du fruit au delà même de son objet.

L’approche choisie principalement par cette rencontre nous paraît donc autre. Elle appelle à une expression de la foi chrétienne, joyeuse parce que réfléchie dans son ouverture. En abordant un certain nombre de questions majeures, elle porte témoignage dans la société et la culture d’aujourd’hui. Et, par là, elle est source de confiance et donc d’ouverture accrue. Elle manifeste ainsi qu’au delà des mécomptes des institutions, le christianisme est bien vivant. C’est un fait remarquable dont on doit mesurer la portée. De nouveaux chemins vont s’ouvrir. Ces « Etats généraux du christianisme » ouvrent un horizon.

Jean Hassenforder

(1) Ces questions sont présentes dans la démarche du groupe de recherche de Témoins :

A travers une approche sociologique et historique, mieux  comprendre les interrogations actuelles.
** Lire sur ce site **  « L’émergence d’un nouveau paysage religieux en France. Croire sans appartenir ».
** Lire sur ce site **  « L’autonomie croyante. Questions pour les églises » .
** Lire sur ce site **  « La crise religieuse des années 60 ».
** Lire sur ce site **  « Comment pensent les agnostiques ? ».

Mettre en valeur les courants d’innovation dans la manière d’être et de faire Eglise, par exemple la montée d’une Eglise émergente ** voir, sur le moteur de recherche, la liste des articles **.

Reconnaître une perception nouvelle de la réalité spirituelle
** Lire sur ce site **  « La vie spirituelle comme une conscience relationnelle ».
** Lire sur ce site **  « Redécouvrir la spiritualité des enfants ; un signe des temps ? ».

Présenter de  nouvelles approches théologiques qui  allient  un fondement biblique assuré, la sortie des pesanteurs héritées du passé et la prise en compte des nouvelles représentations culturelles
** Lire sur ce site **  « La théologie catholique dans une Eglise en crise . La contribution de Bernard Sesbouë » .
** Lire sur ce site **  « Une théologie pour l’Eglise émergente. Qu’est ce qu’une orthodoxie généreuse ? » .
** Lire sur ce site **  « Une théologie pour notre temps. L’autobiographie de Jürgen Moltmann » .

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