Face au scandale de l’extrême pauvreté qui sévit dans tant de pays, de nombreuses associations d’inspiration chrétienne sont à l’œuvre : on peut citer le SEL dont le directeur nous expliquait, dans notre numéro 134, l’action pour l’annulation de la dette des pays les plus pauvres, la CIMADE à la découverte de qui nous irons dans un prochain numéro et le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD), acteur de solidarité internationale depuis 1961.

Quelques mots sur l’histoire et l’organisation du CCFD:
1960 : La FAO, organisation des Nations-Unies lance un appel à lutter contre la faim dans le monde ; c’est un électrochoc dans une société française en expansion.
1961 : La prise de conscience du scandale d’êtres humains mourant de faim est forte. Relayant l’appel de la FAO, sous l’impulsion du Pape JEAN XXIII et à l’initiative des évêques de France, 15 mouvements et services d’Église s’organisent pour fonder le Comité Catholique contre la Faim (CCF). Pour faire face à des enjeux si vastes, s’unir était indispensable.
Par la suite apparaîtra la nécessité absolue d’aider ceux qui souffrent et luttent pour s’en sortir à parvenir à l’autosuffisance alimentaire : pour soutenir le développement des régions du monde en souffrance le CCF devient le CCFD.
Aujourd’hui le CCFD regroupe une collégialité d’une trentaine de mouvements et services d’Église où sont engagés des chrétiens de tous âges, d’horizons sociaux , de sensibilités et d’engagements très variés. Les représentants de ces associations se réunissent régulièrement, en particulier pour choisir ensemble les projets qui seront soutenus par le CCFD.
Le réseau de 15000 bénévoles est organisé en 99 comités locaux et 1500 équipes locales. Le CCFD reçoit le soutien d’environ 320 000 donateurs.

Participer au développement aux quatre coins du monde :
Ceci est réalisé par le partenariat avec des associations locales qui assument des projets dans les domaines de la production agricole, de la santé, de l’éducation, de la promotion des droits humains…,et cela sans distinction de régime politique ou de religion. Ce partenariat s’appuie sur la volonté d’accompagner les populations afin qu’elles puissent définir elles-mêmes leurs besoins et les concepts de développement appropriés à leur contexte. Le CCFD est ainsi partenaire, chaque année, dans plus de 500 projets.

Parmi la dizaine d’associations soutenus par le CCFD à Madagascar, le CDA se préoccupe des enfants des rues. Dans les villes et les bidonvilles beaucoup d’enfants, de jeunes qui ont dû quitter l’école vers 9-10 ans font des petits boulots ou traînent dans les rues sans but, sans avenir. Le CDA, dans son centre d’apprentissage, accueille chaque année 300 de ces jeunes de 9 à 14 ans ; en fin de formation ils ont aussi la possibilité de démarrer une petite entreprise, un commerce par l’obtention d’un petit crédit. En dix ans plusieurs centaines de jeunes ont pu ainsi acquérir leur autonomie.

De par le monde le CCFD épaule, par exemple, au Brésil, le Mln qui agit pour l’amélioration de l’habitat dans les bidonvilles de Joa Pessoa, ou encore, au Laos, une association de paysans qui met en œuvre le développement agricole d’une région auparavant isolée.

En Indonésie, le CCFD soutient l’Institut Cindélaras dont le directeur explique que, pour les orientaux, le développement est un effort pour parvenir à un état dans lequel une personne est en mesure de subvenir à ses besoins fondamentaux par son travail ; c’était déjà le message de Gandhi. Un deuxième principe de base est d’orienter la croissance vers la répartition. Investir dans une entreprise à forte densité d’emplois, payer des salaires justes, fournir des conditions de travail humaines et préserver l’environnement, c’est mettre en œuvre une autre conception du développement.
Le travail avec les villageois de Praon a débuté en 1987, avec un programme d’urgence pendant une année de sécheresse. A cette occasion les paysans ont choisi d’utiliser l’aide reçue comme base pour entreprendre la production et la commercialisation d’un porridge; des coopératives ont été constituées. La coopérative agricole a élargi sa vocation pour devenir un mouvement populaire destiné à appuyer les revendications foncières des paysans. Après trois ans de désobéissance civile, les villageois de Praon ont obtenu des terres pour le maraîchage.
Cet exemple est typique du souci du CCFD de dénoncer les vraies causes des conflits, l’exploitation des plus vulnérables et les injustices de l’organisation politique et économique mondiale.

S’ engager pour la paix :
Par exemple : En Israël et en Palestine, le CCFD soutient le Centre d’Information Alternative qui est un espace de rencontres entre des intellectuels et des militants des droits de l’Homme israéliens et palestiniens .
En ex-Yougoslavie, l ‘appui à des actions économiques concrètes (élevage caprin par exemple) permet à des populations hier encore antagonistes de travailler à des projets communs.
En Colombie, le pays le plus violent du monde, le CCFD apporte son soutien aux Communautés de Paix qui participent au passage d’une culture de violence à une culture de paix, par le choix d’une non-violence active vis à vis des conflits et des belligérants ; c’est une option courageuse puisque deux responsables de ces communautés ont été assassinés à la fin de décembre 2001.

En complément au développement, le CCFD soutient ainsi l’action de partenaires locaux pour
– poursuivre l’aide aux actions de développement entreprises, même en cas de conflit ;
– permettre aux personnes spoliées lors d’un conflit de retrouver pleinement leurs droits ;
– de promouvoir la démarche de résolution non-violente des conflits ;
– de favoriser l’émergence de la démocratie et le respect des droits humains.

Sensibiliser et mobiliser l’opinion en France :
Faire connaître les problèmes du développement au cours de soirées, de débats et tout spécialement à l’école est une fonction importante des équipes locales du CCFD ; tout un matériel pédagogique est disponible..

Carême de partage : le temps du carême est, chaque année, un temps privilégié de réflexion sur la question du développement bénéficiant de la visite de nombreux responsables d’associations partenaires des pays de l’Est et du Sud ; ils viennent partager leurs expériences, leurs luttes, leurs espoirs avec le public français. Le cinquième dimanche du carême la collecte de partage dans les paroisses et communautés catholiques, est confiée au CCFD par l’Église de France. Ce temps se conclut par l’événement Terre d’Avenir ; un samedi, au travers de plusieurs centaines d’animation (une course ou un défi sportif, un grand jeu ou un rallye, une soirée, un spectacle…), dans les villes et les villages de France, les jeunes sont appeler à trouver des parrains et ainsi participer au financement de projets soutenus par le CCFD sur les cinq continents .

Campagnes d’opinion :
Par exemple, pour le jubilé de l’an 2000, le CCFD a été coordinateur , en France, de la campagne menée avec de nombreuses autres associations, pour la remise de la dette des pays les plus pauvres qui a donné lieu entre autres à la signature d’une pétition Les résultats de cette démarche ont été partiels ; l’objectif reste à atteindre.
En 2002, le CCFD a été rejoint dans sa campagne pour accroître l’aide publique au développement par une quarantaine d’associations. Cette campagne commune s’est appelée Votons pour un monde plus juste (voir le détail en fin de texte).

Un autre temps fort est la journée Terre Solidaire qui se déroule un samedi d’octobre, en lien avec la Journée Mondiale de l’Alimentation.

Des livres récents et très intéressants :
Le CCFD coédite avec les Éditions de l’Atelier deux ouvrages :
– Colombie : la paix à mains nues, de Philippe Revelli ;
– Israël-Palestine : les inventeurs de paix, par Michel Warschawski ;
– Inde : L’école sous les arbres, de Noël d’Silva.

Votons pour un monde plus juste.
L’urgence d’une meilleure répartition des richesses dans le monde est évidente. La campagne s’appuie sur la conviction que l’aide publique au développement (APD) par les états les plus riches doit devenir un des instruments privilégiés pour la redistribution à l’échelle mondiale ; pour éviter certaines erreurs du passé, une bonne gestion de ces fonds doit bien sûr être recherchée, en assurant un contrôle de plus en plus démocratique par les populations locales.

La France est loin de l’objectif d’une contribution à hauteur de 0,7 % de son produit intérieur brut (PIB). La pétition proposée en 2002 à la signature de chaque française et français, demande à chacun des candidats à l’élection présidentielle de s’engager à promouvoir, s’il était élu, une aide accrue de la France pour réduire les inégalités entre le Nord et le Sud.

Il est possible d’avoir le suivi de cette campagne sur internet www.coordinationsud.org/apd
On y apprend qu’en France 251 448 signatures ont été recueillies en 2002.

Sur le site internet du CCFD ( www.ccfd.asso.fr) il est possible en 2003 de signer une pétition proposée par la Coordination française pour la paix en Colombie et intitulée “Non au mépris de la vie en Colombie”.

Informations recueillies auprès
de V. de la Martinière.

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