Les textes du Nouveau Testament nous parlent d’un apprentissage tout au long de la vie.  On ne peut concevoir la vie sans qu’il y ait de croissance. S’il n’y a pas de croissance, il n’y a pas de vie. Si la vie ne se développe pas, on en reste à un niveau rudimentaire. Il en est de même pour la vie spirituelle. Elle ne demeure pas immobile. Elle est appelée à se développer.
Lorsqu’un enfant grandit, il apprend. Avec l’expérience, il développe ses capacités dans tous les domaines de l’existence. De même, dans la vie spirituelle, nous sommes appelés à développer un ensemble de caractéristiques. Parler des fruits de l’Esprit, c’est évoquer le produit d’un processus de croissance .

La vie spirituelle. Une réalité spécifique.

Depuis les premiers apprentissages de l’enfant jusqu’aux découvertes de l’âge adulte, l’être humain est constamment appelé à apprendre. Mais l’existence terrestre est limitée. La croissance spirituelle, par contre, n’a pas de terme. « Cherchez les choses d’en haut » nous dit Paul. « Affectionnez-vous aux choses d’en haut et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts (au péché, à l’insignifiance) et notre vie est cachée avec Christ en Dieu » (1). Ainsi, il y a une vie qui est cachée en nous et qui est à développer. Un jour, nous avons accepté le message de Jésus, nous sommes entrés dans le royaume de Dieu. Notre être spirituel a commencé à se développer. A partir de là, tout au long de la vie, nous sommes appelés à apprendre et à grandir.

La croissance spirituelle.

« Nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a donné par sa grâce » (2). Ainsi Dieu nous introduit dans un univers nouveau et nous voici entrés dans toute une évolution. Cette évolution comporte naturellement des étapes. Ainsi l’apôtre Paul parlant à des frères de Corinthe, les appelle à grandir : « Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez le supporter ; et vous ne le pouvez pas même encore à présent parce que vous êtes encore charnels » (3). Et il poursuit à la fin de la même épître (4) : « Frères, ne soyez pas des enfants sous le rapport du jugement… A l’égard du jugement, soyez des hommes faits ». Il les invite ainsi à être capables de juger, de discerner. Ainsi, la croissance est tout à fait normale. Elle est même obligatoire.

L’exemple de Jésus.

Jésus, lui-même, dans sa vie terrestre, n’a pas brûlé les étapes. Si la Bible est sobre au sujet de ses trente premières années, c’est justement parce que la vie de Jésus a été celle d’un fils d’homme normal. Il a vécu l’expérience comme nous. Il a appris la vie, les choses. Après sa rencontre, à douze ans, avec les rabbins dans le temple, l’Evangile nous dit : « Il croissait en grâce et en sagesses devant Dieu et devant tous les hommes » (5). Ainsi, à trente ans, il était devenu un homme parfait à tous égards.

Apprendre tout au long de la vie.

En Jésus, nous avons un exemple.  Il nous faut user de cette expérience, du temps qui passe pour apprendre. Comme dans toute croissance, nous franchissons des paliers. Il y a des moments de stabilité, des moments où cela va tout seul. Mais il y a aussi des moments de turbulence. Là nous sommes mis à l’épreuve. Comment allons-nous nous y prendre ? Saurons-nous utiliser ce que nous avons appris, dans toutes ces difficultés ? L’Esprit de Dieu est avec nous pour nous permettre de tirer le meilleur de ce qui arrive. Une vie chrétienne n’est jamais une vie de tout repos. Il y a des combats. Il y a des luttes. Même dans les échecs, Dieu a quelque chose à nous apprendre. Mais cela implique que nous ayons assez d’humilité pour être en mesure de toujours recevoir, de toujours comprendre ce qu’on a à apprendre.

Le Changement intérieur.

Les difficultés ne viennent pas seulement de nous. Elles viennent aussi des autres. A certaines périodes, si j’avais eu plus d’expérience, j’aurais maîtrisé davantage mes propres réactions et j’aurais mieux compris celles des autres. J’aurais moins compté sur mes propres forces et j’aurais été davantage patient. Lorsque je lis, dans l’Ecriture, les récits concernant Moïse ou Paul, je constate qu’au cours de leur vie, ils ont appris une grande leçon. C’est la patience.  D’ailleurs, Paul, dans l’épître aux Colossiens (6), nous invite «  à marcher d’une manière digne du Seigneur et Lui être entièrement agréable, portant des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres et croissant par la connaissance de Dieu, fortifiés à tous égards par sa puissance glorieuse, en sorte que nous soyons, toujours et avec joie, persévérants et patients ». Voici un texte qui met en valeur la croissance spirituelle. Les deux qualités évoquées à la fin montrent qu’il y a, dans la personne, un développement qui se produit et qui la rend capable de persister.

Un horizon illimité.

Aujourd’hui, maintenant que j’ai un certain nombre d’années derrière moi, j’ai conscience de ce que je n’ai pu réaliser sur le registre terrestre, mais je sais que mon esprit s’est ouvert.  Pour moi, cette vie a été une phase d’apprentissage qui me prépare à apprendre davantage. « Jésus est le premier né de toute la création. C’est Lui qui a autorité sur toutes les créatures car tout a été créé par Lui et pour Lui. Il a voulu par Lui réconcilier tout avec Lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux » (7). Ce texte suscite en moi une vision. Réconcilier, c’est réhabiliter, c’est rendre à sa vocation première une chose qui était devenu inutile et ainsi pourra-elle être utilisé et manifester la maîtrise divine en toute chose. Puisse le Seigneur trouver en nous des collaborateurs assez solides et assez fiables pour nous inscrire dans son œuvre. J’ai la conviction que Dieu ne nous demande pas de nous développer sur terre pour satisfaire uniquement à des nécessités immédiates mais aussi pour nous nous préparer à l’âge à venir. C’est pour moi une des significations qu’on peut retirer de la parabole des talents et de celle des mines (9). Si par sa grâce, nous sommes proches du Seigneur, nous pourrons agir avec Lui.

La vie intérieure.

Il est difficile d’exprimer ce que l’on ressent. D’ailleurs, nous sommes en présence de réalités qui nous dépassent infiniment. Cependant l’étude de la Parole biblique nous apporte une plus grande capacité d’énoncer ce que nous ressentons. La vie de l’Esprit nous donne une assurance intérieure.Cela me fait penser à la manière dont on accroche un bateau avec une ancre. Quand la mer est étale, on ne ressent rien de particulier. Mais quand il y a une tempête, on réalise combien le dispositif est solide. Lorsque l’épître aux Ephésiens mentionne « la paix qui surpasse toute intelligence » (10), cela évoque pour moi une expérience : la manière dont on ressent des forces en soi lorsque l’épreuve arrive. Ces forces sont bien là réelles.

Un appel sans limite.

Dans les épîtres de Paul, il y a de nombreux versets qui montrent que nous sommes en train d’apprendre. Voilà une réalité qui est ouverte aux possibilités de chacun. Les lettres de Paul étaient adressées aussi bien à des esclaves plus ou moins ignorants qu’à des personnes intellectuellement beaucoup plus évoluées. A ceux qui s’ouvrent à Lui, quelles que soient leurs aptitudes intellectuelles, Dieu donne la possibilité de pouvoir développer des capacités spirituelles.

Samuel Guilhot
Texte du pasteur Samuel Guilhot paru dans un numéro du  magazine Témoins sur le thème : Apprendre en tout temps :
Témoins, N° 122, septembre-novembre 1997, p.12-13.
Plusieurs autres articles de Samuel Guilhot sont parus dans le magazine

1) Ep. Colossiens, ch. 3, 23
2) 1ère ép. Corinthiens, ch. 2.12
3) 1ère ép. Corinthiens, ch. 3, 2
4) 1 ère ép. Corinthiens, ch. 14, 20
5) év. Luc, ch. 2.52
6) ép. Colossiens, ch. 1, 10-11
7) ép. Colossiens, ch. 1, 15-21
8) év. Matthieu, ch. 25, 14-30
9) év. Luc, ch.19, 11-28
10) ép. Philippiens, ch. 4, 7

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