Un enracinement chrétien

 La réalisation de cette synthèse culturelle s’est appuyée sur un enracinement progressif de la foi chrétienne. En effet, au départ, Obama est né d’une mère séculière, mais en recherche spirituelle et d’un père musulman devenu athée. Puis, dans son enfance, il a été en contact avec différentes religions : chrétienne, musulmane, bouddhiste. Comme l’écrivent deux journalistes de « Newsweek » (5), l’histoire du cheminement religieux d’Obama a été ensuite une histoire telle qu’on en trouve aux Etats-Unis : « C’est celle d’une personne en recherche (« seeker »), un jeune homme curieux essayant de « bricoler » une identité religieuse à partir d’une multitude d’influences. Obama s’est engagé dans une quête spirituelle dans laquelle il a cherché à allier son côté rationnel avec son désir de transcendance ». En fait, cette recherche a vraiment commencé lorsqu’à vingt ans en 1981, Obama est devenu étudiant à l’université de Columbia. Aux confins de la jeunesse et de la maturité, de deux couleurs de peau, des côtes et des continents, il s’est engagé pour faire le point à travers une vie quasiment ascétique. Il a beaucoup lu. Et quand il se sentait seul le dimanche matin, il allait dans une église afro américaine où il s’asseyait et écoutait les cantiques et la prédication. Il trouvait dans ces églises un climat chaleureux qui répondait aux besoins de son cœur. Et, en même temps, à travers ses lectures, il a pris conscience de la puissance transformatrice de l’action sociale, tout spécialement lorsqu’elle va de pair avec une inspiration religieuse.

 Ainsi Obama va participer, comme animateur, au développement communautaire mis en œuvre à Chicago. Il rencontre là une théologie socialement engagée qui incite à mettre la foi en action. Le mouvement pour les droits civiques hérité de Martin Luther King est très présent dans ce contexte. Il lit les écrits de Paul Tillich, de Reinhold Niebuhr, des théologiens catholiques de la libération. C’est la responsabilité des croyants de s’entraider, à travers des actes et de répondre à un appel à la perfection qui ne sera pleinement réalisé qu’à la fin des temps. Le texte phare est ici Matthieu 25 : « Ce que vous avez négligé de faire vis à vis du plus petit d’entre les miens, vous avez négligé de le faire envers moi ».
 Ainsi Obama s’est engagé dans la foi chrétienne à travers un processus. Dans ce contexte où il agissait pour le bien des gens et où il ressentait le besoin d’appartenir à une communauté de vie, « il a senti l’Esprit de Dieu lui faire signe d’entrer. Il s’est soumis à la volonté de Dieu et s’est engagé dans la découverte de sa vérité ». Pendant longtemps, Barack Obama a ensuite trouvé un port d’attache dans la « Trinity United Church of Christ » à Chicago dont il a apprécié l’engagement social et le climat familial. Il a du récemment rompre avec son pasteur en raison des propos politiques violemment radicaux tenus par celui-ci.
 Cette courte biographie nous permet de mieux situer Barack Obama dans le paysage chrétien. Il s’inscrit dans le courant du christianisme social et, on peut ajouter dans un « christianisme d’ouverture », là où prévaut un sens du dialogue. Désormais  à une place éminente, il pourra contribuer au développement d’un esprit  nouveau.

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