Avec chacun de nous, le monde a de l’avenir.

Percevons-nous le monde comme un univers qui nous échappe et sur lequel nous n’avons aucune prise ? Ressentons-nous les transformations à cette échelle comme une menace qui suscite la peur et le repli ? Ou bien, estimons-nous que nous sommes dans une période de mutation qui ne comporte pas seulement des risques et des dangers, mais aussi un potentiel de progrès ? Et, plutôt que de nous considérer comme des spectateurs impuissants, nous sentons-nous capables d’influer sur l’évolution en cours ?
Comme chrétiens, nous croyons en un Dieu créateur et libérateur qui nous délivre de la fatalité et nous appelle à reconnaître et à manifester le dynamisme de son Esprit et sa présence bienfaisante. Nous voici alors engagés avec tous les homme de bonne volonté dans un mouvement qui peut s’affirmer dans les termes d’un manifeste : « Avec chacun de nous, le monde a de l’avenir ».
Cette déclaration figure en avant-titre du livre de Laurent de Cherisey : « Recherche volontaire pour changer le monde. Les clés du succès de ceux qui l’ont fait » (1). Cet ouvrage, paru en février 2008, s’inscrit dans une dynamique qu’il convient de rappeler. Co-responsable de l’association « Reporters d’espoir », Laurent de Cherisey est également l’auteur avec Marie-Hélène, son épouse, d’un grand reportage publié et diffusé sous le titre : « Passeurs d’espoir » (2).

Passeurs d’espoir.

Sur ce site, nous avons déjà rendu compte de ce tour du monde à la rencontre d’innovateurs sociaux (3). Pendant quatorze mois, Marie-Hélène et Laurent de Cherisey sont partis, en famille, accompagnés de leurs cinq enfants, rencontrer, sur tous les continents, des pionniers engagés dans des actions concrètes au service des gens qui les entourent, « des hommes et des femmes ordinaires, artisans de réalisations novatrices, duplicables et à fort potentiel en réponse aux enjeux du XXIè siècle ».
Les titres donnés à quelques séquences de ce voyage sont évocateurs : « Suzanna repeuple la forêt brésilienne ; Rodriguo, un médecin pour guérir la fracture numérique ; Fabio trouve l’énergie pour stopper l’exode rural ; Dick fait naître l’espoir dans les villes américaines (marquées par la mémoire de l’esclavage) ; Jeff, alchimiste de la santé pour tous ; Martin et Olivier ouvrent les portes d’une école… ».

Recherche volontaire pour changer le monde.

Aujourd’hui, dans son nouveau livre : « Recherche volontaire pour changer le monde », Laurent de Cherisey nous rapporte les résultats d’une enquête auprès des entrepreneurs sociaux.
° Et d’abord, comment leur motivation apparaît-elle ? Comment aide-t-elle à dépasser les difficultés et les doutes ? Qu’est-ce qui déclanche l’envie d’agir ? Ce peut être un rêve, un désir, mais c’est aussi bien souvent une situation douloureuse qui entraîne un mouvement de dépassement.
° Ensuite, quels sont les modes d’emploi du succès ? A partir de cette envie d’agir, comment éviter de dérailler ? Ici, Laurent de Cherisey met en avant un état d’esprit. Ainsi, l’expérience montre combien on peut redouter les dégâts provoqués par un esprit de supériorité. De fait, la réussite dépend d’une relation d’égalité, d’amitié, de vérité, d’une empathie avec les autres, des conditions propres au développement d’une intelligence collective. Dans ce registre, « l’association Initiatives et Changement est citée car, selon Laurent de Cherisey, le principe de base : « Changer soi-même pour que le monde change » est une clé de réussite qu’on pourrait appliquer dans tous les domaines » (4).
° Dans quel contexte ces initiatives se développent-elles ? Elles ne descendent pas d’en haut. Elles partent de la confrontation avec les besoins, de la réalité locale avec lesquelles les innovateurs sociaux sont familiers. Ils sont les premiers experts de cette réalité . Et, ils ont des talents, des compétences. A partir de là, « il est indispensable que ces pousses vertes puissent prendre toute leur ampleur ».
On ira entendre Laurent de Cherisey nous parler de ce dynamisme dans les vidéos de son site (5) :
www.recherchevolontaire.com
Son langage est concret. Ainsi nous donne-t-il un exemple très significatif, celui d’un amateur de musique qui va s’engager pour partager sa passion auprès des jeunes. Jean-Claude de Calonne tient un magasin de musique à Paris. En visitant le Japon, il constate combien beaucoup de jeunes y aiment la musique et jouent d’un instrument. En France, aujourd’hui, cet apprentissage décroît. Jean-Claude de Calonne se rend dans un collège d’une zone d’éducation prioritaire et propose de s’engager auprès des jeunes. On le met en contact avec une classe de troisième très turbulente : 28 élèves issues de 16 nationalités. « Je ne suis ni votre prof, ni votre père », leur dit-il . « Je veux simplement partager avec vous ce qui me passionne ». Avec l’accord des jeunes, il revient, la semaine suivante, avec des copains et des instruments qu’on choisit et qu’on se répartit. Les jeunes acceptent de s’engager dans un processus d’apprentissage avec cette équipe. Pendant deux ans, ils vont travailler ensemble, trois heures par semaine. Il va en sortir une première classe orchestre. Aujourd’hui, il y en a 300 . A travers la musique, ces jeunes retrouvent un chemin de confiance. Leur vie change. Ce changement d’attitude se répercute sur la vie scolaire. 20% de ces jeunes obtenaient le brevet de collège. Ils sont aujourd’hui 80%.
Avec un enthousiasme communicatif, Laurent de Cherisey nous fait entrer dans la dynamique des entrepreneurs sociaux. Le monde est anxiogène. Nous paraissons isolés. Mais si une dimension communautaire apparaît, nous gagnons en force. Et les initiatives se développent en tache d’huile. Ainsi un jeune d’une province désertique de l’Inde a permis à 700 000 personnes d’accéder à l’eau. Laurent de Cherisey exprime bien l’esprit qui anime ces innovateurs à propos desquels il évoque la boutade de Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible. Alors ils l’ont fait ! ». « Ces hommes et ces femmes ont l’audace de changer le monde », nous dit Laurent de Cherisey. « Alors leur vie prend du sens ». Il évoque des personnalités phare comme Martin Luther King, Gandhi, Robert Schuman qui, à travers leurs engagements, ont ouvert des horizons. Ce sont des modèles pour les entrepreneurs sociaux. Mais ceux-ci ne sont généralement pas appelés à accomplir de telles traversées. Par contre, l’image du « premier de cordée » est évocatrice. On a besoin de « premiers de cordée », mais en même temps, ceux-ci ne pourraient aller jusqu’au sommet s’ils n’y avaient pas derrière eux des personnes déterminées et persévérantes. Ainsi les entrepreneurs sociaux ont besoin de solidarité et ils en créent.

Comment chacun de nous peut changer le monde.

Sachons reconnaître ce qui bouge en positif dans le monde ! Dans le même esprit, l’ancien président des Etats-Unis, Bill Clinton a publié, en 2007, un livre : « Giving », qui a été immédiatement traduit et est paru, la même année aux Editions Odile Jacob sous le titre : « Donner. Comment chacun de nous peut changer le monde » (6). On notera la convergence des intentions exprimées par Laurent de Cherisey et Bill Clinton : « Avec chacun de nous, le monde a de l’avenir » ; « Comment chacun de nous peut changer le monde ». Les deux hommes travaillent dans la même direction : faire connaître et encourager les entrepreneurs sociaux. Ainsi Bill Clinton a créé une fondation qui œuvre en ce sens, et, dans le cadre d’une « initiative globale » annuelle, il collecte des fonds pour de grandes causes à l’échelle de la planète . L’ouvrage de Bill Clinton décline les différentes manières de donner : on peut donner de l’argent, un objet, mais aussi donner du temps, offrir des compétences.Bill Clinton décrit l’explosion actuelle du bénévolat. « Trois tendances lourdes sont à l’œuvre : importance accrue de la société civile dans les pays en voie de développement, multiplication des grosses fortunes et des philanthropes, impact croissant des petits donateurs qui se manifestent notamment grâce à internet ». Et il cite quelques personnalités emblématiques qui participent à ce grand mouvement : Bill et Melinda Gates qui dirigent une fondation internationale extrêmement active ; le chanteur Bono qui a dirigé plusieurs campagnes en vue de lutter contre la pauvreté dans le monde ; aussi plusieurs personnalités qui ont reçu un prix Nobel de la paix : En 2002, l’ancien président Jimmy Carter pour son action humanitaire ; en 2004, la kenyane Wangari Moathai qui a lancé, il y a trente ans, un projet qui a été à l’origine de la ceinture verte, ce mouvement qui a aidé les femmes du Kenya à planter plus de 30 millions d’arbres avant d’inspirer le réseau vert panafricain qui a reproduit son modèle de conservation à l’échelle du continent ; en 2006, le bangladais, Mohammed Yunus pour son œuvre novatrice au sein de la Grameen Bank qui accorde des microcrédits aux pauvres, dont 97% de femmes. Comme les livres de Laurent et Marie-Hélène de Cherisey, cet ouvrage nous montre l’imagination créatrice déployée dans une multitude de projets innovants. La générosité se conjugue avec un esprit inventif . Ces récits nous interpellent.
Bill Clinton nous dit comment son engagement s’inscrit dans un contexte chrétien : « Comme la plupart des américains de ma génération, c’est à l’église que j’ai appris ce que donner veut dire ». Et il montre comment différentes religions mettent l’accent sur l’obligation que nous avons de nous aider les uns les autres.

« Avec chacun de nous, le monde a de l’avenir ». « Chacun de nous peut changer le monde ». Le croyons-nous ?
Coresponsable de reporters d’avenir, Laurent de Cherisey travaille à mettre en valeur les actions positives, car, bien conscient des malheurs et des dérives qui affectent l’humanité, se concentrer et faire du bruit sur tout ce qui va mal suscite la démobilisation. Il invoque à cet égard une belle parole de Gandhi : « Un arbre qui tombe fait beaucoup de bruit, mais une forêt en germination est toujours silencieuse » .
Dans le même sens, la confiance engendre des effets positifs autant sur le plan individuel que sur le plan collectif. Là aussi, il faut s’interroger. « Défiance ou confiance, Quel style de relation ? Quelle société ? » (7). Action politique et innovation sociale sont toutes deux nécessaires et jouent un rôle complémentaire. Une personnalité comme Bill Clinton est bien placée pour en témoigner. Dans les deux cas, notre engagement dépend de notre conception de l’avenir.
A nos yeux, parce qu’ils se savent délivrés de la fatalité et de l’absurde, les chrétiens sont appelés à aller de l’avant. Et, selon l’inspiration divine, ils sont appelés aussi à être des témoins de la fraternité et de la bénédiction. A l’écoute de ce grand mouvement de générosité et de créativité qui se développe dans tous les continents, sachons reconnaître un aspect de l’œuvre de Dieu, un effet de cet « Esprit sans limites » (8) qui traverse les frontières et bouleverse les idées reçues.

(1) Cherisey (Laurent de). Recherche volontaire pour changer le monde. Les clés du succès de ceux qui l’ont fait. Presses de la renaissance, 2008.
(2) Deux livres et un ensemble de supports. Cherisey ( Marie-Hélène et Laurent de). Passeurs d’espoir. 1 Une famille à la rencontre des batisseurs du XXIè siècle. 2 Quel monde pour nos enfants ? Quel avenir pour le monde ? Presses de la Renaissance, 2005 et 2006. Un site internet :
www.passeursdespoir.org
(3) « Un tour du monde à la rencontre d’innovations sociales ». 12-12-2005. Site de Témoins, rubrique : actualités
(4) Compte-rendu de « Recherche volontaire pour changer le monde » par Maud Glorieux dans : Changer International, N° 330, mars-avril 2008. Changer International est le magazine d’Initiatives et Changement qui œuvre pour la paix et le développement dans le monde, organisant chaque été, des sessions en ce sens à Caux (Suisse). www.ic-fr.org
(5) Dans son site www.recherchevolontaire.com
Laurent de Cherisey nous communique sa vision et ses convictions sur plusieurs vidéos. En plus de celles qui traitent directement du livre, l’une d’entre elle relate deux expériences novatrices pour des handicapés à la suite d’un accident. Laurent de Cherisey a été sensibilisé à cette question par un accident grave survenu à sa sœur. Une association : Loisirs et progrès organise un lieu de vie et d’amitié. Une autre association, Simon de Cyréne, est en train de créer un lieu d’habitation caractérisé par l’ouverture et la participation. On retrouve dans ces deux initiatives la vision développée dans le livre.
(6) Clinton (Bill). Donner. Comment chacun de nous peut changer le monde. Odile Jacob, 2007. Outre une multitude d’exemples de bonnes idées mises en œuvre, ce livre apporte également, en annexe, les coordonnées d’un grand nombre de d’organismes et d’associations.
(7) « Défiance ou confiance ? Quel style de relation ? Quelle société ? » 31-05-2007. Site de Témoins, rubrique société, éthique.
(8) Présentation du livre d’un théologien britannique : William R. Davies. Spirit without measure. Charismatic faith and practice. Darton, Longman and Todd, 1996. Voir : « Esprit sans limites. Une ouverture théologique pour le courant charismatique » 03-12-2005 : site de Témoins, rubrique : groupe de recherche, regard.

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