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Une nouvelle présidence en gestation

Étudier les changements de la société dans laquelle nous vivons est l’ADN de Témoins. Jean Hassenforder nous le rappelle avec une étude (Une nouvelle société en gestation) de l’œuvre de Jean Viard dans la livraison d’articles que nous vous proposons pour octobre 2021 à travers la notion de “Réenchantement des territoires” (numériques, écologiques).

Une notion mise en pratique par notre ami Rodolphe G. dans les collines de sa Centre Afrique natale. Il propose en effet l’opération « Nourris ta Ville en 90 jours » afin de permettre aux habitants de Bangui de se réapproprier leurs terres cultivables. Jean Hassenforder vous propose une interview du pasteur Rodolphe qui nous fait voyager et espérer. Car le Christianisme se vit partout dans le monde! c’est ce que nous rappelle J. H. en étudiant les grandes tendances du christianisme à l’échelle mondiale (Polycentrique) dans une approche encyclopédique.

Cela nous donne une perspective, une vision que Jean H. nous invite à prolonger à travers son article sur l‘avenir pour le christianisme selon Hans Joas en réfutant le concept de sécularisation de la société dans un 1er temps. Puis en s’interrogeant sur les défis du christianisme (l’amour, l’éthique, le local…).

D’amour il en est également question dans l’article de Diane DS Tout est grâce, tout est gain, d’après un ouvrage d’Henrid Boulad. Nous y voyons comment la Bible nous invite à une résilience motivée par la foi.

Nous terminons notre voyage d’automne par deux articles proposés par notre ami outre atlantique Pierre Lebel.
D’abord en s’attardant sur le concept de Postchrétienté au Québec : une opportunité pour la mission de Dieu ! à travers un colloque organisé par L’École de théologie évangélique du Québec en septembre dernier. En six thèmes (missiologie, impact sur la société, développement de la foi, théologie et implantation d’églises) le colloque évoque une approche holistique et relationnelle. Les questions que soulève Pierre dans son article nous invitent à prendre la mesure du sujet, elles nous guident pour une réflexion globale.
Le second article proposé fait référence à Thomas Merton : Je suis habité de Dieu et propose une introspection personnelle de notre relation à Dieu.

Mais au sein de Témoins les changements nous ne faisons pas que les étudier… nous les mettons également en pratique! Ainsi après 8 ans de présidence de l’association j’ai pris la décision de passer le relais. J’ai pris beaucoup de plaisir à accompagner une équipe formidable et dévouée. La nouvelle présidence reste à être confirmée prochainement par les instances administratives, mais je n’ai aucun doute sur sa capacité à proposer une dynamique nouvelle tout en respectant l’ADN de Témoins. Je m’en réjouis d’avance et lui souhaite le meilleur. J’ose espérer que les lecteurs que vous êtes lui réserverons un accueil chaleureux et convivial, merci pour votre fidélité.

Fred Menigoz
Articles Culture et Société

Une nouvelle société en gestation

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Selon Jean Viard

Pendant des mois, la France a vécu sous le choc. Elle a amorti une vague de peur. Elle s’est recroquevillée pour faire face à la pandémie. Aujourd’hui, la crise sanitaire est toujours là. Mais l’emprise paraît se relâcher. Du moins peut-on l’envisager. Dans l’impact des confinements successifs et des restrictions imposées, on peut se demander si toute évolution sociale a été suspendue, si la société s’est gelée en même temps que de nombreuses activités. Et si, malgré tout, ce grand choc avait été le moteur d’un changement de mentalité, et même un accélérateur de transformations profondes ?

Cette question peut paraître prématurée, mais elle est essentielle. Si on se remet en mouvement, il faut bien envisager et même imaginer un horizon.

Nul ne peut mieux nous aider dans cette recherche que Jean Viard. Car, depuis des années, à l’écoute des changements qui se manifestent dans nos genres de vie, à travers mille signes, il est à même d’observer les évolutions en cours, même si celles-ci nous paraissent peu visibles. Jean Viard a suivi cette crise majeure depuis le début, et, à la fin du printemps 2021, il a publié un livre : « La révolution que l’on attendait et arrivé. Le réenchantement du territoire » (1). Effectivement, Jean Viard nous présente une société en pleine transformation, par delà les apparences, une « révolution ». Nous avons déjà analysé son ouvrage et nous y renvoyons (2). Nous allons simplement présenter ici quelques lignes de force que Jean Viard perçoit dans notre société.

Le jardin potager familial : Une solution

Rodolphe Gozegba est venu en France pour écrire et soutenir une thèse de doctorat en théologie sur : « L’Espérance et le Dieu crucifié : la réception de l’œuvre de Jürgen Moltmann dans la théologie francophone » (1). Cette recherche sur la pensée de Moltmann inspire une œuvre à long terme, une action sociale et écologique en Afrique !2). Ainsi, Rodolphe Gozegba est rentré dans son pays : la Centre Afrique, immédiatement après la soutenance de sa thèse le 10 décembre 2020 . Et, avec l’association A9, il s’est engagé dans une action pour l’autonomie alimentaire de Bangui. Il écrit :

Face à l’insécurité alimentaire, le jardin potager familial est une solution. Je souhaite que chaque famille puisse avoir son propre jardin qui lui permettrait de se nourrir mieux, de se créer éventuellement quelques revenus, tout en contribuant activement à l’acquisition de l’autonomie alimentaire du pays.

1) A ton retour de France en décembre 2020, tu t’es engagé avec A9 dans une action pour l’autonomie alimentaire de Bangui. Pourquoi ?

Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour l’opportunité que vous me laissez de parler de A9.
A9 est un projet qui me tient à cœur depuis longtemps : son but premier est d’améliorer au travers de 9 actions à développer à plus ou moins longue échéance, les conditions de vie du peuple centrafricain dont une grande partie vit dans des conditions très difficiles de grande pauvreté et même de misère.
Lorsque je suis rentré en Centrafrique au début de l’hiver 2020 en pleine période électorale, j’ai immédiatement été confronté à un grave problème : celui de la dépendance alimentaire de la Bangui vis à vis de l’extérieur.
Recherche et Innovation

Postchrétienté au Québec

Une opportunité pour la mission de Dieu !

L’École de théologie évangélique du Québec (ÉTEQ) a tenu, du 16 au 18 septembre, à Montréal, un important colloque sur la postchrétienté qui réunit des chercheur. e. s et professeur. e. s venant de quatre pays européens (France, Suisse, Pays-Bas, Royaume-Uni), des États-Unis et du Canada, dont la majorité du Québec. Ces derniers représentaient cinq facultés et institutions de théologie : l’ÉTEQ, la Faculté de théologie et sciences religieuses de l’Université Laval (FTSR), l’Institut de théologie pour la francophonie (ITF), l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal (IÉR) ainsi que l’Institut d’étude et de recherche théologique en interculturalité, migration et mission (IERTIIMM). Cette large représentation de théologiens et d’instituts signifie bien l’intérêt que portent les Églises de l’Occident à la question de la postchrétienté. Il faut admettre que cette dernière représente aujourd’hui le contexte socioculturel et politique de toutes les confessions chrétiennes et, de ce fait, ne peut plus être contournée. Comment pouvons-nous comprendre la mission chrétienne et la transmission de la foi au cœur d’une société qui lui a signalé clairement son désintérêt et, encore plus, sa désapprobation ?

Quel avenir pour le christianisme ?

La foi comme option

Selon Hans Joas

Quel est l’avenir du christianisme ? C’est une question qui peut germer dans une Europe sécularisée ? Le sociologue allemand Hans Joas est bien placé pour y répondre. Car, de longue date, il a étudié la thèse de la sécularisation. Et, dans un livre récent, traduit sous le titre : « La foi comme option. Possibilités d’avenir du christianisme » (1), il déploie une recherche internationale, en s’inspirant de deux grands chercheurs, Charles Taylor et Ernst Troeltsch. Hans Joas rejette la thèse de la sécularisation, mais il appelle la foi chrétienne à s’exprimer d’une manière moins impérieuse. Face à une « option séculière » qui est apparue au XVIIIè siècle, et s’est répandue depuis, « les croyants doivent justifier leur foi respective » (p 10). La foi chrétienne ne peut plus s’inscrire dans une religion dominante. Elle devient une « option ». Hans Joas décrit le paysage religieux qui prévaut dans le monde actuel. Dans ce contexte, le christianisme emprunte et explore de nouveaux chemins.

A la suite de Hans Joas, rappelons ici quelques approches de la sécularisation. Nous envisagerons ensuite comment l’auteur entrevoit l’évolution du christianisme dans le monde.

Comment envisager la sécularisation ?
Tout d’abord, on doit s’interroger sur le concept même de sécularisation. Qu’entendons-nous par : sécularisation ? En fait, c’est un « concept polysémique ». Trois sens différents peuvent être engagés : «Une perte de signification générale de la religion ; un retrait de la religion hors de l’espace public.

Le christianisme : une religion à l’échelle mondiale


Comment les chrétiens dans leur diversité vivent-ils leur foi à l’échelle du monde ? Nous avons besoin de connaître les dynamiques du christianisme aujourd’hui, la manière dont il assure une vie pleine et répond aux aspirations et aux questionnements des gens dans les contextes les plus variés. Notre participation à la communion chrétienne sera d’autant plus entière que nous pourrons situer les différentes formes de pratique et dépasser des représentations du christianisme aujourd’hui dépourvues de pertinence.

Au cours de ces derniers siècles, de ces dernières décennies, le monde est entré dans une grande mutation. Le christianisme est en pleine transformation. Il n’est pas « la » religion mondiale, mais il est l’une des grandes religions qui se déploient dans le monde. Et son dynamisme se manifeste dans la diversité. Un livre vient nous éclairer à ce sujet : « Christianity as a world religion » (1) de Sebastian Kim et Kirsteen Kim. Les deux auteurs ont eux-mêmes une grande expérience internationale avec une expérience coréenne et un parcours d’enseignement théologique en Angleterre, et aujourd’hui à la faculté Fuller aux Etats-Unis. Paru en 2016, ce livre est une réédition augmentée d’un premier ouvrage publié en 2008. Il a été bien accueilli par les sociologues britanniques et en particulier par Grace Davie (2). « J’avais chaleureusement recommandé la première édition de ce livre. Je suis également enthousiaste à propos de son successeur ».

Articles Vie et Spîritualité

Christ est au fond de moi plus profond que moi

Christ est au fond de moi plus profond que moi

Je suis habité de Dieu. Il n’est pas qu’une présence extérieure à moi en laquelle je crois. Il est la Vie créatrice qui précède toutes vies et qui vit en moi. Je le crois, je le conçois, je le perçois. Il est l’Être dont l’être est partagé et répandu par l’Esprit sur toute chair et tout œuvre de la Création terrestre et cosmique.

Ma foi est-elle mystique ? Oui, en ce sens que je crois au mystère du Christ dont la vie m’émerveille et me porte. Mais ma foi/ma vie est aussi d’ordre moral et engagé dans ce monde.

L’incarnation est le lien entre la spiritualité transcendante du Christ par laquelle je suis en communion — parfois en union — avec le Dieu vivant et vibrant en moi, et mon engagement d’homme impliqué à ma manière et dans mon contexte — donc à l’intérieur des limites qui s’imposent à moi — à la gouvernance culturelle, sociale et politique du monde. Par gouvernance, j’entends que chaque parole et geste de chaque être humain contribue à et influence d’une façon ou d’une autre notre existence commune dans ce monde.

Tout est grâce, tout est gain

Selon Henrid Boulad

Aujourd'hui, je voudrais partager avec vous un texte qui m'a beaucoup parlé.
Il est de Henri Boulad, un prêtre melkite égyptien, et théologien. Je cite un extrait de son livre "La foi et le sens", publié en 2014.
Il s'agit d'un passage intitulé «tout est grâce, tout est gain, il n'y a rien à regretter », qui fait écho pour moi, à un autre écrit d'un pasteur américain Merlin Carothers, sur la Louange, louange en toutes occasions et pour tout, y compris pour l'échec et l'épreuve. De la prison à la louange, de Merlin Carothers. L'échec, source de progrès.

« Tout est grâce, tout est gain. Nous devrions graver ces mots dans notre cœur, et sur les murs de notre chambre. Ils expriment le fond et l'axe de toute vie spirituelle.

1. Il n’y a rien à regretter, rien à déplorer de ce qui nous arrive… Rien.
Dans une telle perspective, les malheurs ne sont plus des malheurs, ni les catastrophes des catastrophes. [Dans la mesure où nous croyons que tout est grâce, que tout est gain, il en sera ainsi]. Le mal et l’épreuve sont des réalités incontournables : faute, péché, échec, trahison, maladie, accident, erreur… tout cela fait partie de notre existence.

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Témoins est une organisation modeste quant à ses ressources et ses effectifs immédiats ; mais, par son positionnement, sa culture et ses réseaux, il joue un rôle substantiel d’incitation et de stimulation pour un témoignage chrétien à la mesure de la mutation culturelle d’aujourd’hui.

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