Le colloque sur « les protestants en France » organisé à Paris du 18 au 20 novembre 2010, par les chercheurs, Jean –Paul Willaime et Sébastien Fath, du groupe « Sociétés, Religions, Laïcités », sous le patronage de la Fédération Protestante de France, a permis de dresser un « état des lieux et repères ».

En annonçant ce colloque, nous avons présenté sur ce site une mise en perspective des données déjà disponibles sur les transformations en cours du protestantisme en France ** Lire l’article d’annonce**. De fait, les enquêtes réalisées à l’intention de ce colloque, en lien avec les journaux Réforme et La Croix, tant sur les protestants en général que sur les pasteurs,  nous paraissent confirmer les changements profonds qui étaient déjà apparus dans la recherche correspondante réalisée en 2006 ** Lire l’article **

. Entre temps , le volet français de l’enquête sur les valeurs des européens ** Lire l’article ** avait mis en évidence l’inscription du protestantisme évangélique dans le paysage religieux de notre pays.

    Aujourd’hui, les protestants constituent 2,5 à 2,8% de la population de l’hexagone. Si on ajoute les « proches du protestantisme » qui avaient été pris en compte dans les précédentes enquêtes, la présence protestante est désormais une réalité sociale qui apparaît clairement. Cependant, la recherche met également en valeur deux milieux ayant chacun un visage spécifique : le pôle luthéro-réformé (56%) et la mouvance évangélique (le tiers). Les données confirment la vitalité de la mouvance évangélique (41% de moins de 35 ans, un courant plus populaire, très pratiquant). L’enquête permet de percevoir les différences, mais aussi les points communs entre ces deux milieux.
    Dans ce point rapide, nous ne commenterons pas davantage ces résultats puisque nous avons déjà mis en valeur les transformations en cours, et que, par ailleurs, ces données ont été l’objet d’une analyse par les chercheurs concernés et sont analysées par les commanditaires des enquêtes :

Réforme ** Voir le site **  et La Croix ** Voir le site **  et aussi par des observateurs indépendants comme Henrik Lindell, responsable  du site : « Dieu et moi » ** Voir le site ** qui se distingue, entre autres, par un suivi compétent des faits marquants de la vie protestante, notamment en milieu évangélique, analyses et interviews comme récemment des entretiens avec le président de l’Eglise Réformée de France ** Voir sur le site ** ou un théologien évangélique, Alain Nisus sur la grande conférence internationale de la mouvance évangélique au Cap ** Voir sur le site “Dieu et Moi” **.

Naturellement, le site de la Fédération Protestante de France ** Voir le site ** est une source majeure d’information sur ce colloque. Il présente notamment deux vidéos relatant des moments importants de cette rencontre ** Voir les deux vidéos **.

La première retransmet un débat entre des responsables d’église à propos  des résultats de ce colloque. C’est dire qu’ici la recherche a réussi à susciter l’intérêt des acteurs au plus haut niveau. C’est une grande réussite qui témoigne de l’ouverture des dirigeants de la Fédération Protestante. Puisque, à Témoins, depuis des années, nous militons pour un dialogue entre chercheurs et praticiens, nous saluons ce événement. Cependant, le débat a principalement porté sur une question interne au protestantisme et à son organisation : le rapport entre « le pôle luthéro-réformé » et le courant évangélique au moment où vient de se créer un Conseil National des Evangéliques de France en parallèle avec la Fédération Protestante de France. L’état des lieux réalisé par la recherche révélait à la fois un commun dénominateur important et des différences sensibles sur certains points. Le débat a manifesté la recherche d’un consensus. Sur le plan des informations nouvelles qui y sont apparues, on notera l’apport de Laurent Schlumberger, président de l’Eglise Réformée de France, qui a mis en lumière le renouvellement important en cours dans cette église, tant au niveau de ses membres que de son corps pastoral, un élargissement qui va bien au delà de sa base traditionnelle. Si on considère la mutation actuelle de notre société et de notre culture, cet élargissement peut être salué comme un atout majeur.
La seconde vidéo présente les conclusions du colloque apportées par Jean-Paul Willaime, une des figures majeures de la sociologie des religions en France et un expert dans la connaissance du protestantisme. L’intervention de Jean-Paul Willaime a mis l’accent sur la mutation du paysage religieux français, notamment à partir de l’enquête sur les valeurs des européens. Ainsi, les mouvements qui animent et traversent la mouvance protestante doivent être envisagés dans une perspective plus large. Le statut du protestantisme dans notre société, se trouve aujourd’hui valorisé, non seulement par le dynamisme qui s’y manifeste, mais également par sa condition de minorité dans un climat où s’exerce une méfiance vis à vis des effets de domination. Il y a bien d’autres points à noter dans cette intervention qui nous incite à attendre avec impatience les actes de ce colloque.

Aujourd’hui, le protestantisme se trouve en phase avec la culture de « l’autonomie croyante »** Lire l’article **. Il y a bien une dynamique protestante.
Jean Hassenforder

Share This