Automne 2007, c’est la 4éme édition du parcours alpha à l’église baptiste de Massy. Cette année, ce sont 7 membres de l’église qui sont mobilisés pour les enseignements et une quinzaine d’autres pour préparer les repas , mettre la table et faire la vaisselle.
Les participants sont de 2 ordres : 4 personnes qui fréquentent l’église baptiste de Massy et 5 personnes dont un catholique et un iranien.
Cette année l’organisme central alpha France a mis le paquet sur la publicité : il a contacté des médias comme le journal « le monde », ou « le parisien », des chaînes de télévision et de radio. Les médias chrétiennes bien sur ont été mise à contribution :comme « la croix » et les radios chrétiennes comme « radio Notre Dame ». Un site internet très complet permet de donner pour toute la France les adresses de ville où avait lieu « alpha » région par région avec les noms des responsables à contacter.

Mon point de vue

J’ai beaucoup de joie à pouvoir participer cette année au parcours alpha. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, je ressens le besoin de partager ma foi en Christ avec des personnes qui ne le connaissent pas ou qui le connaissent mal. Je dois dire que j’ai des difficultés dans ce domaine. Le parcours alpha est une donc une réelle opportunité pour dépasser ces blocages et apprendre à dire avec des mots ordinaires dans le cadre d’une relation détendue voire amicale ce qui constitue pour moi le fondement de ma vie : non seulement ce que je sais sur Dieu et sur Jésus mais aussi et surtout comment je vis ma vie quotidienne avec Dieu. Le fait de devoir préparer les enseignements sur les bases de la foi m’oblige à revoir ces choses et parfois à les approfondir ou même à les redécouvrir sous un aspect nouveau. Nicky Gumbel a structuré chaque session du cours alpha et le canevas qu’il propose est une aide précieuse car il a travaillé avec méthode. Sa préparation est très pédagogique car elle est progressive, étayée par des anecdotes (qu’on trouve dans son livre) et surtout elle repose sur des appuis bibliques nombreux et pertinents.

Quelques points me paraissent pourtant critiquables. J’ai vraiment l’impression que ce parcours tel qu’il se présente a d’abord été pensé pour un public baignant déjà dans une culture chrétienne et avec le présupposé que ces personnes avaient déjà accepté la foi chrétienne auparavant. Je dis cela parce que dès la 2éme session, le cours présente le coeur de la foi chrétienne : la bonne nouvelle du salut en Christ, qui est constitué par le sacrifice de Jésus à la croix pour les péchés des humains. Cela me semble une très bonne chose mais à mon avis quelque chose manque. En effet, ce n’est pas suffisant de savoir que Jésus a donné sa vie pour que Dieu pardonne nos fautes encore faut il accepter cela et l’exprimer avec des paroles . Or la question de la réponse à donner à l’offre du salut en Jésus-Christ n’est pas abordée. Un autre point a attiré mon attention c’est celui de la session 3 dans lequel est abordé la question de la foi. Il s’intitule « comment savoir si j’ai la foi ? ». Nicky Gumbel développe assez rapidement les effets de la foi sur la vie du chrétien , mais il n’aborde pas la question de l’adhésion personnelle et de la réception de la grâce. Tout un pan du cheminement vers la foi en Dieu est mis de côté : la conversion avec la prise de conscience d’être loin de Dieu , le besoin de repentance pour tout ce qui est mauvais dans ma vie, le besoin de recevoir personnellement ce pardon que Dieu offre dans la personne de son Fils.

Un des aspects intéressant d’alpha, c’est de pouvoir écouter les enseignements des autres orateurs, chacun a un style différent, une méthode (visuelle, auditive, intellectuelle ou chaleureuse) mais le message de l’évangile est le même et c’est beau de le voir ainsi conjuguer à tous les styles.

Ce qui me frappe aussi c’est la dynamique de groupe que ce cours produit : participer à alpha, c’est aussi unir ses forces dans un même but, c’est travailler, communiquer, prier ensemble avec dans le cœur, un même désir : annoncer l’évangile de Christ. Cette année, les volontaires qu’ils soient aux fourneaux ou derrière le micro ont manifestés la réalité visible d’une église joyeuse et unie. Je crois que c’est le point le plus positif du parcours à ce stade.

Et les participants ?

Je crois que le nombre en soi (9) est déjà une réussite (il n’y en a jamais eu autant). La participation d’un musulman est aussi un élément encourageant. Le fait que 3 personnes sur 7 sont venus à chaque cours.
Le point négatif, c’est la défaillance de 4 d’entre eux à mi parcours. La question est de savoir pourquoi ils ont lâché. Question difficile ! L’un d’eux, s’est plaint d’être le seul à poser des questions. Ce qui n’est pas exact ! Quant à l’une des participantes femmes, elle dit qu’elle est venue pour faire plaisir à son amie mais que alpha ne l’intéresse pas vraiment.

Les 2 jeunes filles membres de notre église sont restées au départ très discrètes. En les interrogeant, je me suis aperçue qu’en réalité, elles appréciaient beaucoup ces moments. D’ailleurs, l’une d’elles s’est mise petit à petit à poser davantage de questions . Elle a même témoigné de sa propre « conversion » alors qu’elle n’avait que 5 ans. C’était très touchant de voir combien le Seigneur se révélait même à un petit enfant en bas âge. Je lui ai aussi demandé si le fait que les participants soient en majorité des personnes de la quarantaine lui posait problème. Elle m’a dit que non. Je crois que le témoignage de cette jeune fille a été un point fort des rencontres.

La présence d’un catholique convaincu a apporté un côté oecuménique à nos rencontres. Et c’est autour du repas que nous avons le plus échangé avec lui et appris à le connaître. Bien sûr les points de désaccords doctrinaux n’ont pas été évoqués . Les relations sont restées amicales et respectueuses des différences (catholique et protestant).

Les grandes interrogations des participants ?

Les participants extérieurs ont posé beaucoup de questions. En particulier sur l’origine du monde et sur la création. Comment s’est elle produite ? En combien de temps ? Comment comprendre sur ce sujet les textes de la Genèse ? Il y a eu aussi la question de l’origine du mal. Pourquoi un Dieu bon permet- il au mal d’exister sur la terre? Des questions aussi sur la constitution des Ecritures. Qui a décidé du canon des Ecritures ? A quelle époque était il clos ? les documents que nous possédons qui ne sont que des copies sont-ils fiables ? D’autres questions ont été posées sur les guérisons opérées par Dieu : quelles sont les différences avec les guérisons que l’on rencontre dans d’autre religions ? Enfin des questions sur la personne de Jésus : était-il un simple homme ou Dieu ? qu’est-ce qui le prouve ?

Conclusion

C’est vraiment passionnant de faire une plongée dans la vie d’un parcours alpha. Je crois qu’on en ressort transformé et avec l’envie de recommencer pour faire mieux. Je crois que chaque église devrait se lancer au moins une fois dans cette aventure. Bien sûr cela demande beaucoup de temps et d’investissement au niveau personnel et collectif. Mais que de joie de pouvoir exprimer et partager ainsi sa foi en un Dieu si grand si bon !

Dans notre société individualiste où tant de gens souffrent de la solitude, alpha est certainement un bon moyen de tendre la main vers les incroyants ou les déçus des églises qui fonctionnent trop souvent en club fermé au monde extérieur. Le repas est aussi très bien adapté pour des échanges simples mais chaleureux.

Thérèse POKORSKI.
Décembre 2007.

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