Ce dont je voudrais témoigner a eu lieu durant « les murs de mon cœur » un séminaire organisé pour les membres de l’association Chrétiens Témoins dans le Monde dans les différentes régions françaises, dans le but de les fortifier spirituellement et de leur apporter si besoin les guérisons nécessaires.

En ce qui me concerne, j’attendais beaucoup de ce séminaire, étant bien conscient des fragilités que j’avais encore, et désireux de pouvoir servir le Seigneur, en particulier dans le témoignage, dans une plus grande liberté et une plus grande assurance.

Celui auquel j’ai assisté a eu lieu au mois de mars durant quatre jours, du jeudi au dimanche. Le samedi soir, nous étions tous assis en prière dans le recueillement depuis un certain temps ; et je sentais, peut-être sous l’effet de la fatigue, que j’avais quelque difficulté à y entrer réellement, lorsque je ressentis derrière mon épaule droite une poussée très ferme, comme si quelqu’un m’avait administré une bonne tape dans le dos ! étonné, je regardai autour de moi, je vis à ma droite ma femme, et derrière un autre participant à une certaine distance ; il me parut évident qu’aucun des deux ne pouvait être à l’origine de ce qui m’était arrivé, mais je leur fis confirmer tout de même par la suite, tant cela me semblait curieux ! Et leur réponse fut évidemment négative : alors ? Etais-je victime d’une sorte « d’ hallucination tactile » ? J’allais me coucher avec cette question non résolue, sans que cela me trouble néanmoins outre mesure, mais en me demandant toujours ce qui avait bien pu m’arriver…
Le lendemain commence la dernière partie du séminaire, qui dure encore toute la matinée ; au cours de cette réunion, l’animateur du stage se dirige vers l’un des participants, qui avait fait part de certaines difficultés personnelles et lui frappe sur l’épaule en lui disant : « tu vois, le Seigneur pourrait t’envoyer un ange qui te dise : « lève toi ! » ». Sur le moment, je ne réagis pas, et c’est ma femme qui me dit alors tout à coup : « mais ce geste me fait penser à celui dont tu m’as parlé hier ! » Et je réalise alors soudain qu’hier le Seigneur m’a « dit » en fait : « lève toi ! », dans un mélange d’émerveillement et de lutte contre le doute face à une manifestation aussi directe, mais en même temps aussi étonnante…
Mais j’ai à cœur de ne pas en rester à cette simple relation des faits, même s’ils peuvent sembler frappants, et à témoigner maintenant de ce qui est finalement le plus important, des changements qui se sont produits dans ma vie par la suite.

Et tout d’abord du désir très rapide de témoigner, le doute ayant vite fait place à une conviction, qui m’amène à partager, avec une liberté et une assurance nouvelle et dans un grand enthousiasme, ce qui m’est arrivé à l’ensemble des participants, au cours du repas qui termine le stage ; à ce moment j’ai le sentiment que ma foi a soudainement été très renforcée, que je vais pouvoir maintenant soulever des montagnes, moi qui, dans mes fragilités héritées du passé, gardait encore une tendance au doute, à la raison raisonnante…(j’avais l’impression, alors, que l’essentiel du « cadeau », c’était la construction d’une foi réellement solide par le moyen d’un événement que je ressentais personnellement comme miraculeux)

Une deuxième occasion de témoigner s’offre à moi dans le cadre des repas organisés par mon groupe local de Chrétiens Témoins dans le Monde ; et là une peur surgit tout à coup : est-ce que je vais oser parler de quelque chose d’aussi inhabituel devant un public qui peut réagir de façon négative ? Mais, toujours porté par ce que le Père m’a manifesté, je peux finalement parler dans la simplicité et la conviction ; et les réactions de certains assistants, et de plusieurs membres de mon groupe, me montrent que mon témoignage a été bien reçu.
Ce désir fort de témoigner, qui m’amène aujourd’hui à rédiger ce témoignage écrit, s’accompagne, dès l’après-midi qui suivit la fin du stage, quand je suis rentré chez moi avec ma femme, d’autres « fruits» :

D’abord une volonté nouvelle d’avancer spirituellement, un recul plus grand par rapport à certaines contraintes que je m’imposais jusque là ; et le lendemain matin, au cours d’un long échange avec ma femme, une meilleure « réception » du « miracle » du Seigneur, dont le but principal m’apparaît alors plus clairement : m’envoyer un message surtout, par le moyen d’un signe fort, c’est vrai ; mais je comprends qu’il est plus important de concentrer mon attention sur le message que sur le moyen, même si ce moyen fortifie bien sûr ma foi par ailleurs (mais aurais-je reçu ce signe si le Seigneur n’avait pas implanté en moi la foi d’abord ?).

C’est le surlendemain matin qu’apparaît le fruit le plus important, peut-être : la révélation profonde de la nature paternelle d’un Dieu qui exprime son amour pour moi dans la fermeté, dans la volonté de me faire grandir, moi qui dans le cadre de ma fragilité (et aussi des problèmes que j’avais pu avoir avec mon père terrestre) avais eu jusque là tendance à privilégier sa tendresse et sa douceur « maternelles », tendresse et douceur qu’il ne m’avait d’ailleurs pas ménagées dans ma relation personnelle avec lui ; mais à partir de ce moment j’ai le sentiment qu’il veut maintenant me faire passer du lait à une nourriture plus solide ; et cette acceptation m’amène moi-même à accepter aussi profondément en moi cette fermeté, à accepter aussi de faire face à une certaine opposition si je la juge légitime, moi qui avais été jusque là un peu trop soucieux de ne pas déplaire.
Tout ce cheminement ne s’est pas fait néanmoins sans combats, et cela dès le dimanche après-midi suivant le stage ; Dieu m’avait fait ce cadeau si extraordinaire, ma capacité de « réponse » était-elle à la hauteur ? Des peurs, que je connaissais bien, me sont revenues à l’esprit : malgré ce que je venais de vivre, je n’arrivais pas encore à les apporter au Seigneur avec confiance, elles m’avaient accompagné si longtemps ! « Se lever » dans ma vie de prière avec lui, et ensuite, et de ce fait même, bien sûr, dans les autres domaines de ma vie : mon couple, ma famille, et enfin les œuvres faites pour lui, c’était un programme exaltant, mais si ambitieux ! Et une prédication entendue dans mon église le dimanche de Pâques suivant, qui portait sur la Résurrection, me fit mieux discerner la nature de ce combat : comme les femmes gagnées par la peur devant l’ouverture du tombeau, nous pouvions nous aussi éprouver la crainte de voir s’ouvrir les « tombeaux » de nos habitudes , de nos enfermements de nos peurs, tombeaux qui sont finalement des morts confortables, que nous avons à oser ouvrir…

Comme les femmes devant le tombeau ouvert, donc, ma joie était mêlée de crainte, j’avais l’impression que le Père avait mis d’un seul coup la barre très haut pour moi ; et je ne pouvais m’empêcher de repenser à cette poussée, qui me paraissait maintenant bien ferme, pour ne pas dire impérieuse…Et par rapport à cela, je dois témoigner de la sollicitude du Seigneur, attentif à nos faiblesses et à la lenteur de notre cheminement, qui nous parle dans notre vie quotidienne, dans sa Parole et dans ce que nous entendons au culte dimanche après dimanche, et qui m’a vraiment confirmé, par tout ce que j’y ai « entendu » récemment, que je pouvais « me lever » en toute confiance, même si cela m’amenait à aller plus loin que je ne serais allé naturellement, que sa demande était intimement liée à l’assurance de son soutien :

« Lève-toi, je serai toujours avec toi » (dans une prédication sur Martin Luther King, qui avait reçu cette voix intérieure quand il était en plein découragement, et qui a pu ensuite réaliser l’œuvre que l’on connaît), « j’entends une voix, une voix nouvelle, qui dit : lève-toi, redresse ton dos, j’ôte le fardeau, je brise ta chaîne ! » (dans un des chants entonnés pendant le même culte) ; et dans un autre culte : « lève-toi, tu seras un témoin », « tourne-toi vers le Seigneur avec confiance quand tes vieilles peurs reviennent ! », « n’hésite pas à aller au delà des tes « frontières », en acceptant de perdre tes point d’appui habituels, je suis avec toi ! »

Alain Bourgade
Mai 2008

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