J’ai le trac. Je suis oppressée, angoissée. Comment va se dérouler cette première chimio ? Je n’en mène pas large. Mais…
Une surprise m’attend : Lucie ! En entrant dans la salle, je vois Lucie et, à côté d’elle, un fauteuil libre. Je m’empresse de l’occuper. Quelle chance ! Quelle joie ! « Merci mon Dieu. Tu es bon ». Avec Lucie, nous avons eu l’occasion de nous côtoyer plusieurs fois. Elle m’avait bien dit qu’elle suivait une chimio. Je ne pensais pas la retrouver là, ce jour précis. Je me sens soulagée. Je me détends…un peu.

Les deux heures de traitement se sont passées dans le calme entre conversation et écoute de chants de louange. Ecouteurs aux oreilles, je visualise une douche intérieure balayant les cellules malignes. Ainsi m’avait conseillé ma psychologue. Dans mon angoisse, j’aurais plutôt eu tendance à penser qu’un poison se répandait dans mon corps. Il vaut mieux positiver. Alors j’essaie de positiver au mieux.

Mon traitement se termine avant la perfusion de Lucie. En partant, je lui dis ce banal « bon courage ». Alors, une voix tonitruante retentit sur un ton péremptoire : « On ne dit pas courage. On dit confiance ». C’est une dame d’un certain âge, allongée sur un lit un peu plus loin, qui a si vigoureusement réagi. Je l’avais remarquée à son arrivée : une forte personnalité gaie, d’une grande vitalité.

Son exclamation m’a fait l’effet d’un courant électrique. J’ai bondi vers elle : « Vous avez raison ». Et le l’ai embrassée. Puis, dans mon élan, j’ai serré la main de quelques patients alentour avec un vigoureux « confiance », sourire aux lèvres. Une force intérieure m’animait. Je suis partie, gonflée à bloc ! La joie au cœur d’une espérance de vie. C’est vraiment curieux qu’un message qu’un simple mot soit porteur d’un message aussi fort. D’une seconde à l’autre, je suis passée d’une fatigue résignée à une joyeuse énergie. Comme un jouet inerte se met en mouvement dès que je branche une pile électrique.

N’a-t-on pas l’habitude de dire « courage » à une personne qui exprime son accroc de santé ? Quand il s’agit d’un cancer, ce simple mot met en route un défilé d’images de souffrance, de douleur à supporter dans l’avenir jusqu’aux soins palliatifs. N’écrit-on pas : « décédé après une longue et douloureuse maladie » ? Alors, tout à coup, je me sens fatiguée, déprimée. J’entends dire à travers ce petit mot « courage » : « rassemble toutes res forces pour y aller quand même ». Aller où quand on fait une chimio ? Aussitôt un nuage funeste, calamiteux, sinistre envahit mon mental. Comme encouragement, c’est raté. J’attrape le cafard. Ah ! Non ! Je tape du pied. Je ne me laisserai pas abattre et je réplique : « Je veux vivre. Cette chimio est une aide à ma guérison. J’ai un accroc dans ma santé. D’accord. Mais les forces de vie en moi vont être réactivées. Je veux voir l’avenir radieux ». Ce colloque intérieur devient conviction, détermination en moi.

Dès le lendemain, j’ai dit à ma famille, aux amis : « Ne me dites pas « courage », mais « confiance ». Je suis reconnaissante que mon message ait été reçu favorablement et même avec soulagement par mes interlocuteurs. J’ai eu l’impression qu’ils étaient contents d ‘avoir une clé pour me soutenir positivement. Je les soulageais du poids de porter mon malheur, me semble-t-il. Alors « confiance » est devenu le mot de passe, vœu d’une santé meilleure.

J’ai lu, par la suite, dans la Bible, tant de phrases en écho à ce que je vis. Dans les proverbes, par exemple, n’est-il pas indiqué que « d’aimables paroles sont bienfaisantes pour le corps » ( Pr. 16-20) ?
« Le cœur joyeux est un excellent remède » (Pr. 17-23) ; « La langue du sage apporte la guérison » » (Pr. 12-18) et bien d’autres paroles bienfaisantes. En lisant la Bible, j’ai alors pris l’habitude de rechercher cette espérance de vie donnée par le Créateur qui nous donne avec abondance toute chose pour que nous en jouissions. Je peux dire avoir reçu ce don gratuit que j’appelle la grâce divine, de pouvoir traverser les épreuves « éprouvantes » avec une énergie joyeuse qui étonne mon entourage…et moi aussi.

Merci, Dame Confiance, vous avez semé une petite graine en devenir d’un grand arbre où le corps fatigué, les âmes dépressives vont pouvoir se reposer et reprendre vie. Soyez bénie pour cette simple parole : une dynamique !

Claire

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