C’est le titre d’un article paru dans le n°3259 du journal Réforme, en date du 14 février 2008, sous la plume de Bernard Grosclaude : l’exemple de l’église réformée illustre les difficultés que rencontrent, à l’heure actuelle, beaucoup d’églises, notamment les églises historiques, pour répondre à la demande d’un public qui a beaucoup évolué dans ses attentes spirituelles.

Le recours au vocabulaire du marketing pour décrire les problèmes rencontrés donne à cette analyse de Bernard Groclaude un relief tout particulier : pour lui, il est clair que le « marché du religieux n’est pas porteur pour les églises historiques » ; « Il est très volatile, disparate, contrasté et indéfinissable ». Il y a bien sûr des exceptions, comme la « niche » de Taizé, mais « elles ne sont pas assez importantes pour être significatives de développement » ; et l’on doit reconnaître que ce qui est proposé le plus souvent n’est plus attractif, paraît dépassé : « les lois du marché existent bel et bien pour tout le monde, et en particulier pour nos paroisses. Force est de reconnaître que nos ‘produits spirituels paroissiaux’ paraissent ou inintéressants, ou inadaptés, ou obsolètes à bon nombre de nos contemporains ». Tous les discours que l’on peut tenir sur cette situation ne peuvent rien changer, les « données chiffrées sont là, et bien là ». Elles sont là aussi pour montrer que l’Eglise appartient bien aux entreprises de services, à celles qui vendent des biens immatériels (dans son cas, ce sont des cérémonies, de l’accompagnement, des activités culturelles…) : « comme dans toute entreprise de services, la masse salariale représente environ 70% du budget global »…

Dans ce contexte, le pasteur paraît confronté à une tâche intéressante, mais difficile : il est en fait un « travailleur indépendant » bénéficiant à la fois du soutien des instances centrales de son Eglise et de la possibilité de gérer lui-même son activité ; mais il pratique une « activité professionnelle dont le marché ne se développe plus, voire régresse, avec des produits spirituels qui sont à repenser, voire à réinventer ». Il jouit d’une reconnaissance de certains pouvoirs publics dans le domaine caritatif, mais son image, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Eglise, a bien changé : dans sa paroisse, les laïcs prennent une place grandissante, animent les cultes, prennent en charge un certain nombre d’activités… Il doit aussi gérer une situation de flou en ce qui concerne les contours exacts de la communauté paroissiale : le paiement de la cotisation n’étant pas un critère aussi sûr que pour d’autres associations.

Il apparaît donc nécessaire de proposer de nouveaux produits spirituels, et cette tâche paraît bien sûr du ressort des théologiens, en non plus du sociologue, qui ne peut qu’analyser une situation ; encore faut-il que ces théologiens proposent de nouvelles pratiques communautaires qui soient en harmonie avec les besoins de nos contemporains, et ne se réfugient pas dans des « incantations intéressantes mais peu fructueuses ». Et, si l’on peut ajouter un commentaire personnel à cet article, encore faut-il qu’une synthèse harmonieuse se fasse entre les recherches de ces théologiens et les recherches qui se font sur le terrain pour trouver des solutions mieux adaptées à la société moderne, dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler maintenant l’Eglise émergente.

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