J’ai 25 ans. Ma manière de percevoir Dieu a évolué au fur et à mesure des années. J’ai grandi dans une famille qui avait déjà la foi en un Dieu bien vivant. Le troisième enfant de mes parents est né handicapé physique et mental. Ce fut une dure épreuve pour eux et même s’ils avaient décidé d’abord d’y faire face, leurs forces se sont vite épuisées et ma mère s’est retrouvée dans un état dépressif. Suite au témoignage de chrétiens qui leur ont affirmé que Dieu pouvait faire quelque chose de concret pour eux, ils se sont tournés vers lui et l’ont rencontré personnellement. Leur attitude vis-à-vis de mon frère a alors complètement changé. Alors qu’il était un poids incroyable dans leur vie, ils ont reçu la grâce de pouvoir l’élever dans l’amour et ce n’était plus une si lourde tâche parce que la joie de Dieu remplissait leur coeur.

Un an après leur conversion, au cours d’une réunion, un miracle s’est produit, mon frère qui avait sept ans et qui était condamné par la médecine à ne jamais pouvoir marcher s’est levé et a traversé la salle. Aujourd’hui, il a 32 ans, tient bien sur ses jambes, comprend tout ce qu’on lui dit et prononce un certain nombre de mots. Mais surtout il est vraiment heureux.

À la suite de leur rencontre avec Dieu, mes parents étaient dans une telle joie qu’ils ont désiré avoir d’autres enfants. Je suis donc né un an après et mon dernier frère deux ans plus tard. Quelle joie dans mon coeur lorsque j’ai réalisé que mes parents m’avaient réellement désiré et avaient même prié pour cela. Vous imaginez qu’après de telles circonstances, je n’ai pas grandi avec l’image d’un Dieu légendaire, ou d’un Dieu très fatigué ou même disparu depuis ce fameux jour où il avait créé l’homme. Non, j’ai toujours eu conscience que Dieu n’était pas indifférent à ma vie. Il était tout puissant puisqu’il avait guéri mon frère. Il était plein d’amour puisqu’il avait pris en considération le désespoir de mes parents et que grâce à lui je vivais !

Étant enfant j’avais une approche parfois déformée de Dieu. Je l’imaginais « Père fouettard », qui allait me punir, alors je lui demandais pardon pour mes « bêtises » chaque soir avant de me coucher.

J’avais aussi l’image d’un « Dieu distributeur » qui était là pour répondre absolument à toutes mes demandes. Cependant j’avais beaucoup de respect pour lui. En grandissant, c’est surtout sa sainteté qui m’a interpellé, et c’est encore cet aspect-là de sa personnalité qui me parle le plus. Je m’aperçois que Dieu est parfait, souverainement pur ; c’est une notion qui est claire dans la Bible depuis l’Ancien Testament où le peuple d’Israël est appelé à se sanctifier car lui-même est saint (« Je suis l’Eternel votre Dieu, vous serez saint car je suis saint » Lévitique 11. 44) jusqu’à l’Apocalypse qui affirme que l’on ne « cesse de dire jour et nuit : Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu » (4. 8).

Mais je réalise que ce Dieu saint est toujours prêt à me consoler et m’encourager quand je l’appelle au secours ! Il éprouve même des sentiments, il y a des choses qui l’attristent et d’autres qui le réjouissent. Il m’a créé à son image et j’ai moi aussi le droit d’être triste ou plein de joie. On oublie parfois que Jésus a pleuré ou a changé l’eau en vin !

Daniel Pialat(livre itinéraires, des chrétiens témoignent, édition empreinte, année 2000, p57.58.59)

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