Introduction par Jean Hassenforder
Au cours des dernières décennies, un cours nouveau est apparu dans le regard porté sur la vie personnelle. Le niveau de vie s’est rapidement élevé. Le mode de vie a changé. Les opportunités se sont multipliées. Plus d’aisance, plus de potentialité ! Dans le contexte de cette grande mutation culturelle, l’autonomie des individus s’est affirmée face aux cadres imposés. Parallèlement, l’aspiration au bonheur, la recherche de l’épanouissement ont conquis droit de cité. Mais, en même temps, chaque individu est confronté à des exigences plus nombreuses, c’est à dire à une pression qui peut engendrer stress et difficultés. Cette évolution suscite l’essor de nombreuses initiatives visant au “développement personnel”.
Dans le passé, les dispositions à subir, à supporter, à se résigner, la confrontation malaisée avec de multiples frustrations s’étaient installées en osmose avec des formes religieuses tournées vers l’ordre, la compensation et le refuge. Dans le climat nouveau, on a redécouvert l’esprit de guérison et de délivrance qui parcourt l’Evangile et l’actualité personnelle de ce message. La Parole de Dieu est vivante et libératrice. Ce qui avait été mis en sourdine est revenu au premier plan. Parallèlement, on peut s’appuyer également aujourd’hui sur des connaissances et des compréhensions psychologiques nouvelles, elles-mêmes plus en phase avec le ressourcement des valeurs en milieu chrétien. Oui, le message de l’Evangile, c’est bien de prendre soin des personnes en difficultés, de les aider à sortir de leurs déchirements et de leurs blocages et de leur permettre de grandir vers une plus grande harmonie et plénitude. De fait, ces évolutions personnelles positives profiteront également en retour aux communautés et collectivités concernées.
Un mouvement chrétien travaillant en ce sens est apparu au plan international. En France, il s’est manifesté à travers l’œuvre de personnalités comme celles, entre autres, de Simone Pacot et de Jacques et Claire Poujol. Ce courant, apparu au début des années 90, a été immédiatement soutenu et encouragé par Témoins, association chrétienne interconfessionnelle qui a toujours mis en valeur l’expérience spirituelle dans une expression personnelle (1). En 1996, le magazine Témoins publie un numéro spécial sur le thème†: Foi et Psychologie (2), ou sont publiés des témoignages personnels, des contributions de Simone Pacot, Bruno et Myriam Dal Palu, des amis de Leanne Payne, Jacques et Claire Poujol. Ces derniers, avec le soutien des éditions Empreinte Temps Présent animées par Denis Guillaume, ont déjà tracé un sillon à travers des publications comme le Manuel de la relation d’aide ou le livre sur L’équilibre psychologique du chrétien, et aussi la mise en œuvre de cycles de formation.
Au cours de ces dix dernières années, le mouvement en faveur de la relation d’aide suscité par Jacques et Claire Poujol a poursuivi sa route avec beaucoup de créativité. Il a continué à grandir, tout particulièrement en milieu évangélique, et aujourd’hui, il manifeste sa visibilité au plan national à travers la première université d’été sur la relation d‘aide organisée en France. C’est une étape que Témoins salue avec joie et reconnaissance. L’article qui suit montre comment beaucoup de compétences ont ainsi convergé. C’est une promesse pour l’avenir.

J.H.

Itinéraires. Des chrétiens témoignent. Empreinte. Temps présent, 2000.
Disponible à la Librairie 7ici Tél†: 01 42 61 57 77

(2) Foi et Psychologie. Témoins, N_ 119, octobre-décembre 1996.

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Premiére université d’été de la relation d’Aide
Un regard protestant

Proposer un lieu de rencontres, d’échanges, d’étude et de réflexion aux personnes intéressées par la relation d’aide, c’était l’objectif d’Empreinte formations, organisateur de cette 1ére université d’été.
Un rendez-vous aussi pour réfléchir à ce “travail sur soi” indispensable pour accompagner l’autre à la recherche de lui-même.

C’est dans le cadre trés accueillant du Centre Martin Luther King à Nîmes et avec la complicité d’une météo favorable que se sont retrouvés les 23, 24 et 25 août plus de 120 personnes, professionnels ou non de la relation d’aide autour du théme de “l’émergence du Sujet”.
Venus de toute la France mais aussi de Suisse, d’Angleterre et aussi d’Afrique, issus de la grande diversité des églises chrétiennes, c’est dans une ambiance conviviale et détendue que les participants se sont retrouvés.
Organisée autour de séances pléniéres et d’ateliers thématiques, l’université de la relation d’aide a situé son propos à la croisée des approches sociologique, théologique et psychologique.
Paul Mayoka, docteur en sociologie et anthropologue, a brossé le portrait de l’individu-sujet, acteur de sa vie mais aussi solitaire dans ses choix, en tension entre son désir d’individualité et son besoin de relations sociales.
Christophe Marx, médecin, sexologue, chargé de cours à la faculté de Montpellier, nous a conduit, dans une présentation pleine d’humour à considérer l’émergence du sujet qui doit se séparer de ses attaches premiéres pour développer un Je autonome.
FranÁois Vouga, théologien, professeur de Nouveau Testament dans une faculté allemande et Valérie Duval-Poujol, doctorante en théologie à la Sorbonne ont fait vivre pour nous plusieurs textes bibliques dans leur profonde humanité au cours des méditations du matin. La pluralité confessionnelle des participants donnait à ces moments de partage une dimension œcuménique pleine de sens pour qui veut approcher la complexité de la spiritualité et de la rencontre de l’Autre.
Il faudrait citer également, pour rendre compte de la richesse des contenus de ces journées, tous les thémes abordés au cours des ateliers : les blessures de l’identité, d’aide, l’approche systémique des relations familiales, la structuration spirituelle de l’individu, l’émergence du Sujet dans le Nouveau Testament, l’écologie mentale, la sexualité et l’individu…..
Constitués en petits groupes d’une quinzaine de personnes, les ateliers ont permis, à partir d’un exposé théorique, des échanges trés enrichissants entre l’orateur et les participants, échanges qui trés souvent se poursuivaient autour du repas et des pauses café, les orateurs ayant fait preuve d’une trés grande disponibilité.
L’université d’été de la relation d’aide a également permis le tissage de liens et le partage d’expériences. Une rencontre pléniére a permis à une dizaine de participants de présenter leur cheminement et leurs propres réalisations dans le domaine de la relation d’aide.
Le témoignage des participants, parfois isolés dans leur pratique de la relation d’aide confirme l’intérêt et l’utilité de telles rencontres : ´Merci de votre investissement pour l’organisation de ces journées, riches en enseignements et contacts de qualité, ´La relation d’aide, encore pionniére dans l’église, a besoin de lieu de ressourcement, ´ces 3 jours furent pour moi une bouffée d’oxygéne !
Et comme il n’y a pas de relation d’aide sérieuse sans un solide fondement théorique, la librairie 7 Ici et les Editions Empreinte temps présent, co-organisatrices de cet événement, proposaient aux participants, les livres des orateurs mais également un large choix d’ouvrages spécialisés en sociologie, psychologie et théologie trés représentatif de la riche littérature actuelle sur le théme.
Le succés de cette rencontre témoigne de l’essor actuel de la relation d’aide qui cherche à répondre à divers besoins qu’une personne peut rencontrer au cours de son existence. Besoin de se dire ou de poser une parole face à une souffrance, de se comprendre ou de comprendre l’autre. Besoin de soutien dans une période difficile de sa vie, besoin d’améliorer sa qualité de vie relationnelle sur le plan personnel, familial ou professionnel. Cette premiére université d’été a tenté d’en présenter la richesse et la diversité.
Les organisateurs nous donnent rendez-vous en 2008 pour une deuxiéme édition de cette manifestation.

Annelyse Guillaume

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