Dans le diocèse de l’Yonne, l’église catholique entre progressivement dans une voie nouvelle que nous appelons la « Refondation » des Communautés de Croyants”.Cette réforme n’est pas d’abord paroissiale. Elle cherche à inventer un style nouveau, en re-suscitant un esprit communautaire qui a pu s’affaiblir à cause de la structure et du temps qui passe. Étymologiquement “fons” c’est la source. Refonder, c’est revenir à la source d’une manière profondément nouvelle.

Une église en transformation

Dans une dizaine d’années, 40% des prêtres (qui ont entre 65 et 75 ans aujourd’hui) ne seront plus en activité. Par ailleurs, la responsabilité des laïcs s’est beaucoup développée dans ce diocèse. En particulier, les équipes d’animation pastorale, composées de 3 à 5 laïcs, accompagnées d’un prêtre, portent collégialement la responsabilité d’une paroisse ou d’un doyenné dans le secteur rural. Ces équipes traitent de toutes les questions importantes. Le prêtre joue un rôle de garant et de référent. On se fait vraiment confiance. En l’absence passagère du prêtre, l’équipe peut finalement prendre le relais. Pour une raison de santé, il m’est arrivé de ne pouvoir assurer mon service un dimanche. L’équipe a pris la décision d’assurer une assemblée dominicale en l’absence du prêtre. Il importe de pouvoir renouveler la composition des équipes, mais c’est souvent difficile. Et un besoin d’un ressourcement se fait jour. Ce diagnostic débouche sur une approche nouvelle. L’idée, c’est de proposer aux chrétiens de s’engager dans cinq grandes rencontres au cours de l’année.

Des rencontres en cinq périodes

Le projet de rencontres s’appuie sur l’idée de prendre le temps de vivre ensemble communautairement autour de la Parole, autour de l’Eucharistie, autour de la fête puisque tout cela fait partie de ce que l’on va partager ensemble. Effectivement, c’est une rencontre de cinq heures et non pas d’une heure rapide parce qu’on a ensuite d’autres obligations. C’est un peu le nouveau rendez-vous des chrétiens.
1/ La première heure est consacrée à un échange fondamental sur la Parole de Dieu. Dans un échange approfondi, qu’est-ce que cette Parole provoque en nous? Qu’est-ce qu’elle nous apprend sur la foi?
2/ La deuxième heure porte sur la vie. Mais on ne fait pas que dire ce qu’on y fait. La Parole de Dieu libère notre propre parole existentielle, ce qui permet d’aller beaucoup plus loin dans la rencontre interpersonnelle. Le témoignage des autres permet aussi de mieux vivre notre foi et de partager nos questions à ce sujet.
3/ La troisième heure, c’est l’heure eucharistique. En fait, on va vivre le repas du Seigneur, l’Eucharistie d’une manière nouvelle, en prolongement des échanges ayant eu lieu les deux premières heures: expressions de foi, prières, action de grâce. Cette heure donne également du temps pour entrer dans le mystère et l’émerveillement.
4/ La quatrième heure, c’est le temps du repas partagé, festif, à l’image du repas de famille.
5/ La rencontre se termine par une approche missionnaire. Écoutons ce que l’Esprit nous inspire au fur et à mesure dans un climat de liberté. On pourra donner la parole à quelqu’un pour nous parler de la vie autour de nous, porter aussi notre attention aux plus pauvres. Qu’on prenne, ici aussi, le temps de l’invention et de la nouveauté.

Mise en route

Cette vision a été avancée par notre évêque, Georges Gilson, à son arrivée dans le diocèse d’Auxerre.
Le projet a été débattu au cours d’une journée diocésaine: 180 personnes y ont participé. Le thème des “Communautés de Croyants” a également été l’objet d’échanges durant le temps des retraites à domicile pendant le carême.
Actuellement, les rencontres commencent à se dérouler dans des endroits différents. Dans un an, en 2002, le projet sera proposé à l’ensemble du diocèse.
Nous avons constaté que cette approche répond bien aux aspirations. Elle permet une démarche innovante et inventive. Elle contribue à la mise en œuvre d’une dynamique. Alors, c’est bien dans cette « Refondation de Communautés de Croyants » que nous construisons l’avenir de l’Église dans notre diocèse.

Propos recueillis auprès d’Alain Raynal, vicaire épiscopal chargé de la Refondation des Communautés de Croyants.

Références: Témoins n°137 novembre décembre 2001

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