La campagne pour le référendum que nous avons vécue ces dernières semaines ainsi que l’analyse de ses résultats a conduit tous les commentateurs à parler de crise. Pour les uns le NON révèle une crise, pour les autres il en provoque une. Dans chaque camp, la diversité des diagnostics comme des remèdes proposés souligne une grande confusion.
En tant que citoyens nous avons certainement des positions très diverses dans ce débat qui agite notre pays. En tant qu’Église nous n’avons pas à prendre de position partisane dans cette discussion. En tant que chrétiens nous ne pouvons être indifférents aux soucis de nos compatriotes.
Au risque d’ajouter un commentaire de plus, j’aimerais vous livrer ici quelques réflexions sur le malaise qui trouble notre société, un diagnostic et un message prophétique.
Mon diagnostic se résume par trois mots : désarroi, crainte et égoïsme.
Le désarroi révélé par cette grande confusion :
Face à tous les discours contradictoires on ne sait plus qui croire. Les hommes politiques de droite comme de gauche n’ont pas la confiance de ceux qu’ils représentent. On n’oppose plus gauche et droite , mais élite et peuple, et les extrémistes ou arrivistes de tout poil se frottent les mains en prétendant récupérer pour leur compte cette crise de confiance.
Il n’y a aucun véritable projet pour motiver les foules.
La crainte, sentiment dominant :
Exploitée abondamment et souvent dénoncée aussi bien par les partisans du NON que du OUI, la crainte était le levier principal d’argumentation de la campagne. Les conséquences néfastes du “mauvais” choix ont été développées à foison.
Crainte de la concurrence dans une société libérale ouverte sur le monde. Crainte de la perte de notre identité dans un monde que nous ne maîtrisons pas. Crainte d’un isolement et d’une marginalisation qui réduirait encore notre capacité à maintenir notre influence.
L’égoïsme, sans être nommé, se révèle de façon irrésistible :
L’absence de projet, le désarroi qui en résulte et la crainte de régression font apparaître ce moteur fondamental de l’activité humaine sous son jour le plus néfaste.
Repli sur soi, défense d’intérêt corporatistes, culte des avantages acquis conduisent à une attitude d’obstruction plus que de conquête.
Un message prophétique
L’Église a-t-elle un message pertinent pour les français en 2005 au milieu de leur désarroi, de leurs craintes et de leur égoïsme ? Oui, nous avons un message d’espoir (pas seulement pour l’au-delà) et de générosité (pas seulement pour les “frères”).
Le bonheur ne se mesure pas au pouvoir d’achat. Le partage n’appauvrit pas, il enrichit.
Mais je m’arrête là : nous ne manquons pas d’exhortations pertinentes. Levons-nous et osons proclamer ce message révolutionnaire par nos paroles et par nos actes.
Façonner le monde plutôt que de se laisser façonner par lui, voilà l’enjeu pour l’Église et pour chaque chrétien. C’est la prière qui en est la clé : reconnaître le plan de Dieu et croire qu’Il peut l’accomplir à travers nous.

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