Est paru dans le monde daté du 23 février 2006 un article collectif intitulé : « Pour une science sans à priori » signé par une quinzaine de scientifiques de renom international qui soulève le délicat problème des relations entre science et métaphysique.
En effet, les positions divergent entre les chercheurs qui, voulant s’en tenir à la rigueur méthodologique de la recherche des seules causalités, refusent toute notion de finalité possible et ceux qui, face aux limites de la science, admettent, à côté de la démarche purement scientifique, d’autres champs d’investigations tels que la quête métaphysique ou spirituelle.
Les signataires de l’article s’inscrivent dans la seconde position et font ici une mise au point rendu nécessaire dans la mesure où, en France, nombre de leurs pairs tendent à confondre leur attitude avec celle des tenants des mouvements du « créationnisme » ou du « Dessein Intelligent » qui sévissent essentiellement aux USA et, qu’en vertue de cette confusion, un discrédit est actuellement jeté sur les découvertes d’un chercheur en paléontologie humaine au CNRS, Anne Dambricourt, qui propose une thèse dérangeante sur l’évolution du vivant à partir de son travail sur les crânes des hominiens.

Informaticien, neurologue, physicien ou astronome et, pour plusieurs, prix Nobel dans leur domaine de recherche, les signataires de l’article ont participés aux activités de l’UIP, l’Université Interdisciplinaire de Paris (2) dont le but est notamment « de diffuser et de confronter les savoirs et de contribuer à renouer le dialogue rompu par une certaine modernité entre l’ordre des faits et l’ordre des valeurs et fait dialoguer, à travers des colloques, des scientifiques, des philosophes, des religieux et des acteurs du monde économique afin de mieux comprendre l’articulation entre les implications de la recherche scientifique et la quête de sens ».

Ils ont récemment publié aux presses de la Renaissance, sous la direction de Jean Staune, un ouvrage collectifs intitulé « Science et quête de sens » qui rassemble des textes sur les rapports que chacun conçoit entre l’approche scientifique et l’approche métaphysique ou spirituelle qui est la sienne. On peut, entre autres, y lire des chapitres passionnants comme celui du physicien Bernard Espagnat (Une réouverture des chemins du sens ?) ou du prix Nobel de médecine Christian de Duve (Les mystères de la Vie : y a t-il « quelque chose d’autre » ?) ou encore des astrophysiciens Trinh Xuan Thuan (Science et bouddhisme : à la croisée des chemin) et Khalil Chamcham (L’autre regard).

Il est encourageant de voir que des scientifiques reconnus peuvent aujourd’hui considérer que les réponses qu’apportent les théories scientifiques, ne rendent pas superflues voire ineptes les interrogations sur le sens et la valeur de la vie.

F. Rontard

(1) – Lire à ce sujet dans la rubrique culture du site, à réflexion, l’article « Horizon flou ».

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