POD, payable on death
Atlantic Records
(style: néo-métal)

Après la montée vers le succès public qu’a connu POD, signant sur Atlantic avec « The Fundamental Elements of Southtown », engrangeant les récompenses avec « Satellite », conquérant la planète à coups de gros riffs et de phrasés rap, 2003 s’annonçait pour le groupe de San Diego comme une année de transition. Il y eut d’abord la séparation d’avec Marcos, leur guitariste depuis les débuts en 1993, remercié parce que s’investissant trop dans des projets parallèles (la version officielle) et peut-être perçu par le reste du groupe comme « pas assez chrétien » (la version officieuse, la vraie). Bref la transition s’inaugurait sous le signe d’un recentrage vers les racines, Sonny (le chanteur) annonçant à qui voulait l’entendre que le disque serait un retour aux sources (ce que laissait présager le titre, le choix de l’éponyme entrant dans la logique d’un concentré de ce qui constitue l’essence du groupe). Welcome Jason Truby, ex-Living Sacrifice ; Exit Marcos Curiel donc, guitariste dont la couleur énergique teintée d’influences latinos enluminait les morceaux de POD, leur conférant une identité forte et reconnaissable. Puis il y eut l’épisode Matrix Reloaded, avec un titre (« sleeping awake ») figurant sur la BOF du film des frères Watchowski. Le sommet de la consécration et un album très attendu.
Vlan, voilà que la déception s’installe dès la première écoute. Pas de gros son, d’ambiances festives punk et de riffs rentre-dedans. Se déploie un son policé, léché à l’extrême pour coloniser les radios. Des mélodies certes (et Sonny chante plutôt bien) mais POD nous fait là un trip Hard FM du plus mauvais goût. Que derrière cette pochette à l’artwork magnifique due aux talents du peintre Daniel Martin Diaz (souvenez-vous de l’horreur suscitée par la minable jaquette de « Satellite » – celle-ci renoue avec l’esprit frondeur et artistique de « Southtown » et se heurte aux mêmes problèmes de censure de la part des chaînes de magasins chrétiens sous la pression des ligues bien pensantes, qui n’ont pas daigné se pencher sur des siècles de tradition artistique en matière religieuse et qui finissent par éclipser tout soupçon d’expression culturelle déviant un tant soi peu de leurs canons « religieusement corrects ») se niche l’album pop de POD, celui qui réconciliera le chrétien amateur de CCM et le kid en baggy qui écoute MTV et apprécie Linkin’ Park (qui honnêtement fait bien mieux et imparable en terme d’accroche mélodique que ce minable « payable on death » aux chorus et riffs cent fois entendus. Triste à dire.)
Avouer des morceaux présents sur cet album que c’est peut-être « Eternal », l’instrumental réalisé avec le concours de Phil Keaggy, guitariste de légende – il intervient sur deux titres – qui s’en tire le mieux. Et encore : c’est indéniablement un morceau de Keaggy, pas de POD. Jason Truby, bon bougre (il fait son job avec ferveur et n’est sans doute pas pour rien dans la rencontre avec le mythe vivant qu’est Keaggy) l’accompagne à la gratte dans une rythmique pathétique en regard des envolées lyriques du guitar hero aux doigts manquants.) J’exagère ? Certes. De la mauvaise foi, j’en ai à revendre mais quelle déception face à l’absence totale de claque musicale, même après des dizaines d’écoutes. « Payable on Death » est MOU et acheter un CD pour sa pochette, si magnifique soit-elle, ça fait cher payé l’occasion de se sentir floué.
C.V.

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