Le 20 octobre 2007, Témoins organisait une première rencontre sur l’innovation dans les églises et le courant de l’église émergente. Nous nous réjouissons de la prise de conscience croissante dans différents milieux d’églises, qu’une remise en cause des pratiques est nécessaire. Le congrès annuel de la Fédération des Eglises Evangéliques Baptistes en est une preuve remarquable. Nous poursuivrons cette réflexion à Témoins, d’abord au cours d’une rencontre à Paris le 4 octobre 2008, puis lors d’une première université d’été du 27 au 29 août 2009.

Du 1er au 3 mai 2008 se réunissait à Roubaix le congrès annuel de la FEEB : 300 personnes, représentant quelques 120 églises évangéliques baptistes en France.
Cette année, le thème en était « Eglise et innovation » ; ces trois jours furent jalonnés d’enseignements de Gabriel Monet, pasteur adventiste, qui prépare une thèse sur l’église émergente à l’université de Strasbourg, et que notre association Témoins est heureuse de compter en son sein.

Mon but ici n’est pas de retraduire ces enseignements, qui seront accessibles par ailleurs ; mais plutôt de vous faire partager les questions qui ont particulièrement interpellé l’assemblée, et ont peut-être donné envie à certains d’aller plus loin dans la réflexion et la mise en œuvre.

« Nos églises contribuent-elle à faire découvrir l’Evangile à un maximum de nos contemporains ? »
Cette question posait d’emblée le sujet. Elle n’est bien entendu pas réservée aux seuls pasteurs baptistes.

Comment gérer l’héritage de la chrétienté ? La chrétienté n’est-elle pas devenue un christianisme sans Jésus au centre ? Alors, comment remettre Jésus au centre ? N’est-on pas la foule qui empêche le paralytique d’approcher de Jésus (Luc 5 17-20) avec toutes ses bonnes intentions (la foule écoutait Jésus) mais ses vieilles habitudes ? Comment trouver des moyens originaux, faire entrer par le toit tous ceux qui veulent s’approcher de Jésus mais ne mettraient pas les pieds dans nos églises ?
En d’autres termes, comment exprimer l’église dans la culture du groupe concerné ?

L’église structurée, solide, cadrée, répond toujours à des besoins. Mais ne faut-il pas faire naître, à côté, des formes cultuelles très différentes ? Des réseaux relationnels centrés sur une activité spirituelle ?
Est-ce à nous de décider ce qui se dit aux incroyants, à quelle heure et dans quels lieux ? Nous constatons bien aujourd’hui le peu d’efficacité de ces vieilles méthodes. Il nous faut maintenant nous mettre en phase avec une culture en perpétuelle mutation, et apprendre à faire église autrement.
Cette église à faire émerger n’est pas en contradiction avec notre théologie, et Gabriel nous le démontre.

Il ne s’agit pas de changer le message, mais la forme ; en adaptant l’église actuelle, et en créant des choses nouvelles en dehors, à partir de leaders qu’on aura su faire émerger dans l’église.
Et Gabriel de nous expliquer, partant du titre du livre « comment changer votre église sans la tuer » de Gene Appel, comment tuer votre église sans la changer, et comment changer votre église sans vous tuer.
Le deuxième enseignement approfondit encore les fondements de cette église nouvelle, adaptée : une église « incarnationnelle », « missionnelle », et plurielle.

On ne sera pas étonné de l’intérêt que suscita l’atelier conduit par Gabriel sur ce même thème en deuxième partie de congrès : plus de la moitié de l’assemblée voulut y participer et les questions abordées y furent nombreuses… Bien entendu les participants repartirent frustrés par le manque de temps, mais Gabriel précisa la poursuite possible de la réflexion le 4 octobre prochain lors de la journée organisée par Témoins à Paris.

Après une présentation de l’église innovante de l’Espérance à Paris, initiée par Gabriel en 2001 sur demande de sa fédération ( http://www.e2e.fr/), place fut donnée aux remarques et questions, représentatives des préoccupations de l’assemblée. Les voici en vrac :
– place du réveil ? place du péché et de la repentance ?
– l’innovation doit-elle rester à l’intérieur d’une confession, ou l’église émergente est-elle post-confessionnelle ?
– quelle est la place de la liturgie dans un culte innovant ? la place de la Bible ? Un concert de louanges en première partie ?
– pourquoi Brian Mc Laren provoqua-t-il tant de réactions négatives de la part d’évangéliques ?
– comment rendre notre culte accessible aux non chrétiens ? Quel choix de textes ?..
– Que faire dans une église existante ?
– Jusqu’où peut-on aller dans l’innovation ? n’est-on pas appelé, au contraire, dans ce monde sécularisé et changeant, à rester fondé sur ce qui fonde la permanence ?
– Quel contenu donner aux groupes de maison ?

Le culte du congrès donna une dernière fois la parole à Gabriel pour la prédication, qu’il centra sur l’appel que nous fait Jésus (comme à Pierre marchant sur l’eau) « ose sortir de ta zone de confort !», et sur l’exhortation de réveiller Jésus dans nos vies, dans nos cœurs, dans nos églises, comme les disciples ont réveillé Jésus qui dormait dans leur barque, au milieu de la tempête.

Nous ne pouvons à Témoins que nous réjouir de ce qui fut vécu pendant trois jours à Roubaix, de la montée de cette prise de conscience des acteurs de l’église, que l’innovation est non seulement nécessaire mais vitale, pour transmettre l’Evangile à nos contemporains.
« Dieu n’a pas une mission pour son Eglise, mais une Eglise pour Sa mission : réconcilier le monde avec Lui ».

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