Le théologien Hans Kung : « un catholique évangélique ».

Le premier tome des mémoires de Hans Kung, théologien éminent, vient de paraître aux éditions du Cerf (1). C’est un événement. L’itinéraire d’Hans Kung, en effet, se présente comme une alternative par rapport à celui de son confrère théologien devenu pape, le cardinal Ratzinger, aujourd’hui Benoît XVI.

Dans Témoignage Chrétien (2), Jérôme Anciberro met en perspective cet itinéraire. A 35 ans, Hans Kung est un des plus jeunes conseillers officiels du Concile Vatican II (1962-1965) ou il milite pour l’avènement des réformes. 15 ans plus tard, en 1979, il se heurte au pouvoir totalitaire qui s’est réinstallé au Vatican. « En 1979, sous le pontificat de Jean-Paul II, la Congrégation pour la doctrine de la foi lui retire l’autorisation d’enseigner la théologie…. Heureusement, pour le professeur Kung, les universités allemandes ou la théologie est une matière comme une autre, ont de la ressource. On lui crée donc un poste sur mesure qui lui permet de continuer ses travaux. Il dirige désormais l’Institut de recherches œcuméniques de l’université de Tubingen. Du coup, la mesure romaine censée le faire taire lui a donné une nouvelle liberté et a encore accru sa légitimité auprès du public ».

Hans Kung a publié de nombreux livres parmi lesquels nous avons recommandé à plusieurs reprises : Le Christianisme. Ce qu’il est et ce qu’il est devenu dans l’histoire (3). En effet, cet ouvrage, après nous avoir présenté le cœur initial du christianisme, nous introduit, d’une façon à la fois rigoureuse et très accessible, à une histoire de la théologie ou apparaissent, en contrepoint, les déformations introduites par les pouvoirs et cultures ecclésiastiques. Aujourd’hui, Hans Kung s’est orienté vers le dialogue interreligieux dans la perspective de la rencontre des civilisations.

Ce premier tome de Mémoires nous permet de comprendre les origines de son itinéraire. Ainsi Hans Kung a été l’auteur d’une thèse de doctorat sur Karl Barth à l’Institut catholique de Paris ou il montre, avec une grande avance, les convergences possibles entre les thèses protestantes et catholiques sur la justification par la foi. Ces mémoires nous introduisent dans l’histoire du Concile Vatican II dont il nous montre les grandes avancées, mais aussi les limites. On perçoit aujourd’hui les dysfonctionnements engendré par un pouvoir resté monolithique.

Hans Kung répond aux questions de Jérôme Anciberro sur son positionnement actuel. « J’apprécie la particularité de l’Eglise catholique de toucher à l’universalité dans l’espace… et d’incarner une grande tradition de 2000 ans. Mais, en même temps, il faut un critère de jugement. Pour moi, ce critère, c’est l’Evangile . Je veux être un catholique évangélique ou un évangélique catholique, comme vous voudrez… »(3).

Du 18 au 22 décembre, de 11h30 à 11h55, France Culture diffusera une série d’entretiens recueillis par Michel Cool auprès de Hans Kung (4).

Jean Hassenforder

10 12 2006

1. Kung (Hans) Mémoires. Mon combat pour la liberté. Novalis. Cerf, 2006 .
2. Anciberro (Jérôme). Parcours. Mémoire d’un rebelle. Témoignage chrétien, N° 3228, jeudi 23 novembre 2006, p.12-14. Interview de Hans Kung, p. 14. Site internet : www.temoignagechretien.fr
3. Kung (Hans). Le Christianisme. Ce qu’il est et ce qu’il est devenu dans l’histoire . Seuil, 1999
4. Information communiquée par Michel Cool à travers Parvis et Jonas (Lettre de Jonas 155 du 10 12 06) . http://jonasninive.over-blog.com

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