Ce petit livre ne se présente pas comme une thèse ou un exposé élaborés autour de qualités compassionnelles qui seraient propres aux femmes ; il n’est pas construit sur l’analyse de personnages bibliques féminins au comportement particulièrement édifiant dans ce domaine et ce n’est pas parce qu’il est le 7ième opus d’une série intitulée : « Devenir une femme de … » (valeur, prière, foi etc.) qu’il ne doit pas être lu par les hommes.

Ce petit livre, sans prétention aucune, s’annonce très simplement comme une étude biblique. Mais là encore il ne faut pas se méprendre et s’imaginer rencontrer dans ces pages un savant et méticuleux décorticage et décodage de textes abordant le sujet de la compassion. Non. Fidèle à l’approche pertinente qu’elle avait déjà déployée dans « Si je n’ai pas l’amour… », son œuvre précédente, Laetitia Chamard choisit à nouveau de conduire notre réflexion à partir de récits bibliques certes mais également, et beaucoup, à partir de contes brefs, d’anecdotes, de faits d’actualité, de romans ou de films qu’elle nous invite à découvrir ou redécouvrir à la lumière de cette qualité de cœur. Cette méthode ouvre la sensibilité du lecteur sur un horizon large et riche de multiples manières d’agir et de penser.

Comment fonctionne cette étude ? Après un court chapitre sur le sens du mot compassion Laetitia analyse sa portée à l’intérieur de différents contextes : la compassion dans la vraie religion selon Dieu, dans l’exemple de Jésus, dans mes manques, dans la pauvreté matérielle, la solitude et l’isolement, la maladie, dans les relations avec les étrangers, les exclus, les prisonniers, dans l’esclavage et la dépendance. Chacun des courts chapitres s’ouvre sur deux citations qui annoncent sa tonalité et s’achève sur belles suggestions. Exemples de citations : « Je te demande de vivre non de ce que tu reçois mais de ce que tu donnes car cela t’augmente » Saint Exupéry, ou « Le temps ne se compte pas seulement d’heures et de minutes mais d’amour et de volonté » Alexandre Vinet. Exemple de belles suggestions : à voir : ce bon vieux film « L’auberge du 6ième bonheur », à lire : « Eldorado » de Laurent Gaudé, à découvrir : la fondation John Bost qui œuvre pour les handicapés…

Comparée à « Si je n’ai pas l’amour… », la place laissée aux questionnaires proposés aux lecteurs est ici plus importante et, dans un premier temps, elle m’a paru excessive. Mais c’était oublier la liberté offerte au lecteur d’y puiser à sa guise, de se sentir touché par certaines interrogations, moins par d’autres, de creuser celles qui l’interpellent dans l’instant et de s’accorder le droit de remettre à plus tard l’envie de méditer sur d’autres. En la matière, abondance de biens ne nuit pas et rien ne nous oblige ni à épuiser les questions ni à ne pas en ajouter de nouvelles ! Cette abondance est aussi une invitation, me semble t-il, à ne pas se limiter à une lecture de consommateurs à la recherche de réponses toutes faites, mais à sonder son âme et à trouver en soi les vraies bonnes réponses : celles qui mettent en mouvement.

Pour conclure disons, contrairement à la 4ième de couverture, que Laetitia Chamard nous offre, avec « Devenir une femme de compassion », un beau canevas d’étude dont tous, jeunes et vieux, hommes et femmes, peuvent tirer le plus grand profit humain et spirituel.

Françoise Rontard

Devenir une femme de compassion  de Laetitia Chamard, Farel éditions, septembre 2011.

** Voir aussi sur ce site **  la recension de « si je n’ai pas l’amour » du même auteur.

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