I have a dream !
De Martin Luther King à Obama.

 La même année où Barack Obama accède à la présidence des Etats-Unis, on a célébré la vie et l’œuvre de Martin Luther King, assassiné il y a maintenant quarante ans. Et, à cette occasion, on m’a demandé de mettre en perspective le discours fondateur qu’il a prononcé en 1963 à Washington lors d’une grande manifestation en faveur des droits civiques : « I have a dream » (6). Quelle n’a pas été mon émotion en voyant apparaître sur internet cet événement : une foule immense, des noirs mais aussi des blancs, est rassemblée dans cette lutte pour l’égalité raciale. Au pied du monument commémorant le grand président américain, Abraham Lincoln, qui, cent ans plus tôt, avait libéré les noirs de l’esclavage, Martin Luther King commence son discours au moment où s’achève le chant qui exprime la lutte non violente et persévérante de tout un peuple : « We shall overcome ». Le discours de Martin Luther King : « I have a dream » (Je fais un rêve) s’inspire à la fois des idéaux politiques fondamentaux inscrits dans la constitution et du message prophétique de la Bible, ce message qui appelle et entraîne le peuple juif à sortir de l’oppression des grands empires tyranniques et du mal qui le ronge de l’intérieur. « Let my people go » comme le proclame un negro spiritual. Cette marche est éclairée par une espérance mobilisatrice, par la vision d’un monde nouveau fondé sur la justice.
 Implicitement ou explicitement, on retrouve ces thèmes dans la campagne d’Obama : une marche pour la justice et pour la liberté prenant forme aujourd’hui dans une démarche participative, qui, à travers internet, s’exprime à grande échelle et atteint l’ensemble de la planète. On imagine les obstacles futurs, mais l’élection a été remportée. Bien plus, la victoire d’Obama efface l’opprobre d’un racisme encore prédominant il y a cinquante ans. Quand on sait le poids des mentalités, on perçoit l’immensité du changement. A tous les égards, c’est une grande leçon. Voilà une réponse à ceux qui mettent en avant les déterminismes historiques et sous estiment les possibilités de changement. Les esprits changent. Les sociétés et les cultures changent. Le monde se transforme à vive allure. Et nous, sommes-nous soumis aux horloges du passé et à une quelconque fatalité ? Le message d’Obama nous encourage : « Yes, we can ».

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