Daniel et Maguy SCHAERER témoignent d’une expérience innovante en Tricastin

Nous habitons St Paul 3 Châteaux, une ville du sud de la Drôme qui compte environ 8.000 habitants. L’essor économique récent de cette bourgade qui vivait autrefois essentiellement de la culture de la vigne est lié à l’implantation, il y a une trentaine d’année, de la centrale nucléaire du Tricastin. Cette création a transformé le profil de la ville, EDF ayant choisi d’y loger une bonne partie de ses cadres. Parallèlement, des personnes d’origine plus modeste ainsi qu’une population maghrébine se sont installés sur son territoire d’où le paysage social très varié mais relativement stable grâce au développement des activités sportives et associatives.

 

La pratique religieuse est probablement comparable à celle de l’ensemble du pays. Les églises traditionnelles (catholique et protestante) sont en perte de vitesse. Une église évangélique s’est implantée il y a une quinzaine d’années et a connu un développement rapide au début mais s’est aujourd’hui stabilisée. L’Islam a connu un renouveau de ferveur vers la fin des années 90 mais la crainte de l’extrémisme semble atténuer un peu cet élan. On peut probablement considérer que plus de 90% de la population n’a aucun engagement religieux quel qu’il soit.

Convaincus du fait que l’être humain ne « peut pas vivre de pain seulement », nous avons voulu créer des petits cercles de ressourcement spirituel, lieux d’échanges et de convivialité autour de thèmes tels que la foi, le pardon, la prière. Nous les appelons « groupes de maisons ». Ces groupes ne sont pas liés à une dénomination ni dirigés par des responsables d’églises. Il n’y a pas de badge, à l’entrée, chacun étant respecté dans son identité et ses convictions. La Bible sert de référence. Les participants sont aussi invités à un moment de prière, mais personne n’est obligé de prier. Les enfants sont les bienvenus et apprécient l’atmosphère conviviale, les rafraîchissements et les jeux…

Ces groupes se sont rapidement multipliés. Des cellules d’enfants et d’adolescents se sont également formées. Nous n’avons pas rencontré de résistance majeure de la part des autorités religieuses de la ville, ces groupes étant plutôt vus comme un atout pour l’annonce de l’Evangile auprès de ceux qui ne vont pas à l’Eglise.

C’est ainsi que de nombreuses personnes étrangères à la foi ont été accueillies dans ces cercles de vie où elles ont pu « goûter » à la réalité de l’amour de Dieu et découvrir sa parole. Plusieurs de ces personnes sont devenues de vrais disciples de Christ. Nous leur avons offert une formation biblique mais aussi une préparation à l’animation de groupe. C’est ainsi que plusieurs sont devenus animateurs à leur tour.

Le recrutement et la formation des animateurs reste néanmoins notre difficulté majeure. Il faut qu’ils soient à la fois capables de diriger un groupe mais aussi fondés dans la foi. Beaucoup de chrétiens ne se sentent pas à la hauteur. Ils ont aussi très peur de se singulariser en exprimant leur foi de façon aussi nette.

Les groupes de maisons, petites communautés de base sans étiquette, peuvent, en harmonie avec les églises instituées, devenir un instrument majeur du témoignage chrétien dans la société d’aujourd’hui. Ils présentent un visage attractif (convivialité, échanges) libre des lourdeurs de l’institution.

 

Août 2007

 

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