Samedi 5 novembre : Conférence : La Sensibilité de l’Artiste : une approche psychologique et spirituelle
 Dimanche 6 novembre Culte artistique Crescendo
‘La musique est un langage universel. Les musiciens, et les artistes en général, sont souvent les précurseurs de nouveaux courants culturels. Leur engagement éthique a une influence directe sur la société et joue un rôle important dans l’enseignement et la diffusion artistique. Crescendo s’engage pour et avec les musiciens professionnels, les étudiants en musique et les artistes de toutes disciplines.’

Voici la vision de Beat Rink, théologien et mélomane, directeur-fondateur de Crescendo. Cette organisation interconfessionnelle qui, depuis 1985, accompagne les musiciens professionnels classiques, a commencé à Bâle en Suisse et s’est développée progressivement dans le monde entier. Crescendo existe officiellement en France depuis octobre 2007.  Et en 2008 Crescendo Jazz est né à Berlin. Au mois d’août 2011 en Hongrie, le dernier ‘Institut d’été Crescendo’ a accueilli 350 étudiants en musique, avec 33 pays représentés.

Commençant par la mise en réseau de musiciens chrétiens, et par des groupes de prière chez les musiciens, dans les conservatoires, les opéras et les orchestres, Crescendo grandit de façon organique dans chaque pays, dans un respect de la culture individuelle, en fonction des besoins et des compétences sur place. De ces groupes naissent des projets, des cultes dits ‘créatifs’ dont on reparlera plus tard, des concerts spirituels, des festivals, de nouvelles compositions de musiques sacrées. S’étend alors un témoignage concret au cœur du monde de la musique.

Ainsi, une chorale Crescendo chante des œuvres sacrées pour l’ouverture du parlement Russe en 2010 ; un autre groupe est programmé pour une commémoration nationale en Lettonie ; des jazzmen Berlinois, croyants et non, se retrouvent régulièrement autour d’un programme spirituel à la Gedächtniskirche, attirant l’intérêt de la chaîne TV Arte ; parmi les participants à l’institut d’été en Hongrie, un tiers viendraient ‘malgré’ l’aspect chrétien de l’institut et repartent avec une perception renouvelée de ce que l’on entend par ‘croire’. Certains, même, y trouvent la foi.

Pourquoi les musiciens classiques chrétiens ont-ils besoin de ce mouvement ? Est-ce qu’ils ne trouvent pas leur place dans les Eglises ? Un musicien nous dit : ‘Dans ma ville, l’église que j’aime, qui me nourrit, exclut ma musique. Dans l’église où on m’accueille pour jouer le dimanche, l’apport spirituel est maigre.’ On affronte vite les idées reçues : « la musique classique, c’est pour les vieux – ceux qui la pratiquent n’ont qu’à se dépoussiérer et s’accorder au diapason du plus grand nombre, ou bien à s’intégrer dans une église plus traditionnelle ». L’un des rôles de Crescendo est de casser ce genre de stéréotype blessant. Il y a une véritable réconciliation à vivre au sein de ce que les Anglais appellent ‘the worship war’ (la lutte de la louange – étrange paradoxe) dans une acceptation de styles différents, afin qu’univers parallèles deviennent univers complémentaires, mutuellement enrichissants. Sommes-nous certains que notre façon quasi-uniforme d’exprimer notre louange soit la seule possible pour inciter nos contemporains à vivre une foi vibrante et actuelle?

Les tiraillements du musicien classique chrétien sont multiples. Le récit récurrent de membres de Crescendo de tous milieux – catholiques, protestants traditionnels et évangéliques – est celui de se sentir seuls et mal compris à la fois dans leur travail et dans leur église. ‘Mes collègues ne comprennent pas ma foi, mon église ne comprend pas ma musique.’ Certains se découragent et abandonnent le culte dominical. Comment justifier le fait qu’on doit passer 4h-6h par jour pour se maintenir à niveau – est-ce vraiment la meilleure façon de passer une vie ? Lorsque ‘l’ambition’ est plutôt mal perçue, comment se préparer psychologiquement et spirituellement pour un concours ? Avec des week-ends au loin avec son orchestre, comment recevoir l’encouragement dans la foi dont on a besoin? Le calendrier est difficile à agencer. Cette semaine un couple Allemand, membres de Crescendo, est en déplacement à Paris. Lui joue à l’opéra Bastille, elle à la Salle Pleyel accompagnée par l’orchestre de Paris. Ils sont en lune de miel : mais pas de répit.

Les cellules de partage et de prière à l’origine de ce mouvement sont donc nées de ce besoin d’encouragement et de compréhension mutuelle, avec des supports de discussion adaptés aux musiciens. Crescendo est résolument interconfessionnel : le fondateur est de l’Eglise Réformé Suisse et travaille en partenariat avec Agapé, plutôt évangélique, mais à Paris, tout comme ailleurs, catholiques et protestants prient joyeusement ensemble. Crescendo ne vient pas en substitution à l’Eglise : au contraire les rencontres permettent parfois à ceux qui sont fâchés avec l’Eglise institutionnelle de renouer contact.  Notre souhait le plus cher serait d’accueillir plus régulièrement dans ces groupes des amis non croyants,  comme il en est le cas ailleurs.

L’une des vitrines de Crescendo International est le Culte Artistique. Appelé dans d’autres pays ‘Eglise Créative’, nous avons jugé bon de re-baptiser le concept pour la France. Le mot ‘église’ est trop spécifique en français : en Allemagne et en Angleterre ce mot s’applique aussi à  une manière de ‘faire église’, ou d’une célébration ponctuelle. Ce n’est pas dans l’optique de Crescendo de fonder une église : au contraire, il s’agit plutôt d’offrir une ressource aux communautés.  Trouver un titre n’a pas été chose facile. Le titre ‘culte artistique’ ou ‘créatif’ pourrait laisser entendre que d’autres cultes ne le seraient jamais… !

A l’origine le culte artistique est une célébration interconfessionnelle à laquelle plusieurs communautés sont conviées. Dans des contextes où le culte artistique est conçu pour toute une ville, cela prendra l’allure d’un projet d’évangélisation en commun. Dans le contexte Parisien, jusqu’à présent l’Eglise Réformée du Marais et l’Eglise Evangélique Luthérienne des Billettes nous ont accueillis et permis d’inviter en nombre. Il nous arrive également d’être sollicités pour amener ce style de culte dans d’autres communautés.

Les ingrédients : 20-30 minutes accordées aux musiciens professionnels pour interpréter des morceaux qui visent à tourner le regard vers l’invisible. Dans le contexte du culte, la musique devient une expression de prière, remerciement, intercession, douleur, confession. Suit un court message sur un thème de la vie courante et un temps de louange – mélange d’ancien et de contemporain – accompagné par un groupe de musiciens classiques professionnels. Pendant que les musiciens continuent à chanter et à jouer, l’invitation est faite de circuler librement dans l’église pour un parcours de prière, avec des éléments visuels, des textes à lire, des mots à écrire, des fardeaux à déposer. Pendant ce temps, l’intimité est respectée. Il est possible pour ceux qui le souhaitent de prier avec une ou deux personnes. L’association d’une approche artistique à une approche centrée sur la parole semble ouvrir le cœur d’une autre manière pour laisser parler l’Esprit Saint. Pour ceux qui craindraient le ‘culte spectacle’ je vous invite à venir le vivre – pour moi, on en est très loin ici. De nombreux témoignages nous parlent de ‘l’espace’, de la méditation personnelle, du respect de l’individu. Nous croyons atteindre non seulement les chrétiens, mais aussi des personnes en marge de l’Eglise ou en recherche spirituelle avec la bonne odeur d’une foi libératrice.

Mary Featherstone


Prochaines activités
  a  Samedi 5 novembre : Conférence nationale Crescendo France : De 9h30 à 17h, au Pavé d’Orsay, 48 rue de Lille, 75007 PARIS
La Sensibilité de l’Artiste : une approche psychologique et spirituelle
Avec Airi Rink, Thérapeute psychologique diplômée. Conseillère en carrière. 25 ans d’expérience professionnelle en tant que mentor et conseillère pour musiciens et artistes. Et Béat Rink, théologien. Airi et Béat sont les directeurs de Crescendo International depuis 26 ans.
Dimanche 6 novembre Culte artistique Crescendo le soir, 19h, lieu à confirmer.
Jeudi 15 décembre : A l’église Américaine de Paris, 65 Quai d’Orsay, 75007 PARIS. Soirée autour des ‘Visions de l’Amen’ d’Olivier Messiaen, avec Cordelia Williams, pianiste, et Jeremy Begbie, théologien, musicien diplômé et auteur de plusieurs livres sur la théologie et les arts. En collaboration avec l’église Américaine.

Contact : crescendo.france@orange.fr : Verena Dietrich, coordinatrice et Mary Featherstone, chargée de communication

** Voir le site Crescendo www.crescendo.org **

** Voir le site Crescendo Summer Institute www.crescendohungary.org **

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