L’association internationale pour la défense de la liberté religieuse.

C’est dire l’utilité d’une association internationale qui se proposerait de veiller à la défense de la liberté religieuse. Une telle association existe effectivement sous le titre d’Association internationale pour la défense de la liberté religieuse. Cette association a été fondée à Paris en 1946, par le Docteur Jean Nussbaum, et elle a été immédiatement pourvue d’un comité d’honneur qui en garantit l’autorité morale et l’objectivité. Le choix des présidents successifs de ce Comité témoigne effectivement d’une grande hauteur de vue: Mme Franklin-Roosevelt, Dr Albert Schweitzer, Paul-Henri Spaak, René Cassin, Edgar Faure, Leopold Sedar Senghor et, aujourd’hui, Mary Robinson, ancien haut-commissaire aux droits de l’homme aux Nations Unies. Parmi les membres du Comité, citons des personnalités bien connues en France: Jean Baubérot, André Chouraqui, Olivier Clément, Emile Poulat, Jacques Robert…

“Conscience et Liberté”

L’association publie une revue d’étude sous le beau nom de « Conscience et Liberté »(1). Cette revue a publié en 2001, le compte-rendu d’un colloque international : “Droits de l’homme et liberté de religion : pratiques en Europe Occidentale » qui a traité de cette question sous ses différents angles :
• l’Europe Occidentale et les religions historiques ;
• l’Europe Occidentale et les nouvelles convictions ;
• les pratiques nationales ;
• la jurisprudence européenne.

En faisant appel à de nombreux chercheurs : historiens, sociologues, juristes, ce colloque a produit un document de référence (3).
“Conscience et Liberté” vient de publier un numéro avec un dossier sur la Roumanie et la liberté religieuse (4). On y notera par exemple une innovation importante dans la mise en place d’un enseignement pluraliste et diversifié de la théologie dans la principale université de Transylvanie(5).

Un débat majeur: Habermas-Ratzinger.

Ce numéro traite également du débat entre le très influent sociologue et philosophe Jurgen Habermas et le cardinal Joseph Ratzinger qui a eu lieu le 28 janvier 2004 à Munich sur le thème: « les fondements moraux d’un état libéral ». Sous la plume d’Andrei Marga, professeur roumain, l’article qui rend compte de ce débat en souligne l’importance majeure (6). En effet, il met en évidence un véritable tournant dans l’approche des sociétés et de la culture de la modernité.
“Habermas a admis que les ressources de la rationalité européenne sécularisée ne suffisent plus pour maîtriser les crises actuelles, précisément la crise de la motivation dans les démocraties d’un monde en voie de mondialisation ; et le cardinal Ratzinger a admis, pour sa part, que la religion elle-même a besoin de la raison pour prévenir le glissement vers des fondamentalismes qui engendrent le terrorisme… Habermas et le cardinal Ratzinger estiment tous deux que les ressources culturelles des démocraties ont besoin non seulement des sources profanes des procédures reposant sur la liberté, mais aussi de l’infrastructure morale et de la motivation religieuse. Tous deux partagent aussi la conviction que s’est déjà produit le passage à une société post-séculière où la raison et la philosophie d’une part, et la religion de l’autre, passent à une relation historique nouvelle où chacune est disposée à apprendre de l’autre. Tous deux partagent enfin l’avis que l’époque de l’hostilité entre la raison et la foi, où l’une est considérée par l’autre, d’une manière dépréciative, comme « historiquement dépassée » est révolue. De fait, les convergences entre ces deux univers de la pensée occidentale apparaissent comme un événement important dans l’évolution de notre culture.

Au moment où l’on célèbre le centenaire de la loi de 1905, fondatrice de la laïcité en France, deux études traitent de la situation dans notre pays. À un moment où l’on peut entendre encore aujourd’hui quelques échos de brimades antireligieuses, par ci, par là, il était bon d’entendre un bilan de la laïcité en France cent ans après, tandis qu’un autre article traite des moyens de défense et de protection des faits religieux en France (7). Dans les deux cas, ces études sont solidement étayées et argumentées. Elles seront utiles pour les acteurs de la section française (8) de l’Association internationale pour la défense de la liberté religieuse, et plus généralement pour tous ceux qui militent en faveur d’une laïcité ouverte.

Jean Hassenforder

(1) Conscience et Liberté
Organe de l’Association internationale pour la défense de la liberté religieuse. Schosshaldenstrasse 17 CH 3006 Berne Tél. : 41 031 359 15 27

(2) Des associations chrétiennes internationales mettent en évidence les violations des libertés religieuses, et notamment les persécutions à l’encontre des communautés chrétiennes. Elles agissent auprès de l’opinion pour faire pression sur les autorités responsables de ces violations.
Christian Solidarity International. www.csi-int.org La section française : CSI France publie un bulletin. CSI France 82, rue Marius Aufan. 92300 Levallois-Perret. Tél. 01 47 48 14 70
Portes Ouvertes : depuis des années, cette association travaille en faveur des chrétiens persécutés ; Portes Ouvertes BP139 67833 Tanneries. Cedex (Strasbourg) Tél. : 03 88 10 29 60 Portes Ouvertes publie un bulletin (Portes Ouvertes magazine) et organise de nombreuses réunions. Site Internet: www.portesouvertes.fr

(3) Conscience et Liberté, N° 61 et 62, 2001

(4) Conscience et liberté, N°66, 2005

(5) Conscience et Liberté, N° 66, 2005, p.65-77

(6) Marga (Andrei) Le débat Habermas- Ratzinger. Convergences et implications. Conscience et Liberté, N° 66, 2005, p.65-77

(7) Garay (Alain) Quels moyens de défense et de protection des faits religieux? La situation en France? Conscience et Liberté, N° 66, 2005, p.9-28 Barquon (Jean-Paul) La laïcité en France, cent ans après. Conscience et Liberté, N° 66, 2005, p.29-46

(8) Association Internationale pour la défense de la liberté religieuse. Section Française Jean-Paul Barquon 68, avenue Emile Zola. BP102 77193 Dammarie-les-Lys Cedex Email: aidlr@wanadoo.fr Statut consultatif auprès des Nations Unies et du Conseil de l’Europe

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